Tous les articles par Admin

Denis Salas, Thierry Baranger : le juge des enfants fait-il encore autorité ?

Les auteurs, après avoir décrit les divers modifications apportées à l’ordonnance du 2 février 1945 qui ont profondément transformé le modèle de la justice des mineurs, analysent la portée de cette remise en cause.

Adolescence, 2009, T. 27, n°2, pp. 399-413.

Antoine Hibon : retours sur expériences

Cet article revient sur la recherche-action d’inspiration analytique qui a duré 5 ans, d’une équipe psychiatrique auprès des adolescents incarcérés dans un Quartier des Mineurs. Il donne les éléments des difficultés qualifiables de politiques que la méthodologie déontologique-technique de cette démarche a rencontrées avec la collégialité psychiatrique intervenant en prison, l’Administration pénitentiaire puis la Protection Judiciaire de la Jeunesse. Il situe à l’intérieur de la crise plus générale des relations Santé-Justice, une certaine tendance au minimalisme psychiatrique auprès des adolescents incarcérés. Il expose au plan de la psychologie sociale des acteurs, les difficultés de l’indépendance du Sanitaire dans les prisons, eu égard aux personnalités difficiles de certains prisonniers, et au versant humaniste de l’Administration pénitentiaire et à la réintégration de la Protection Judiciaire de la Jeunesse dans les prisons pour mineurs depuis le début du XXe siècle. Il critique les axes principaux de la rhétorique qualifiée de « rhétorique ad hoc » qui soutient aux plans idéologiques et techniques la création de 7 établissements pour mineurs qui représentent des budgets considérables. Enfin, il montre les limites, du fait des caractères structuraux de l’autoritarisme sécuritaire pénitentiaire et de l’action des parquets, de la tentative d’organiser l’incarcération des mineurs sur le modèle d’une Institution médico-sociale.

Adolescence, 2009, T. 27, n°2, pp. 383-397.

Daniel Marcelli : le centre éducatif fermé. la théorie est toujours plus belle que la pratique

Si, en théorie un lieu fermé peut avoir un intérêt thérapeutique pour des jeunes déstructurés, violents et délinquants, en pratique pour parvenir à cet objectif des moyens non seulement matériels mais surtout humains considérables sont nécessaires. L’auteur du présent article doute que sur le long cours ces moyens puissent être maintenus, laissant alors des « murs » dont la qualité soignante est plus qu’aléatoire…

Adolescence, 2009, T. 27, n°2, pp. 377-381.

Michel Botbol, Luc-Henry Choquet : éduquer et transmettre. changement et continuité de la transmission dans le contexte de la justice des mineurs

Le défaut de transmission des valeurs, et notamment celles qui sont liées à la notion d’autorité, est souvent évoqué comme un facteur déterminant de la délinquance des mineurs. C’est sur cette base que les gouvernements successifs ont pris, depuis 1998, des initiatives qui tendent à donner plus de place à la contrainte et à la sanction dans le traitement judiciaire des mineurs délinquants. Cette position heurte les représentations des professionnels de la justice des mineurs qui voient dans cette évolution une remise en cause radicale des valeurs qui leur ont été transmises. À partir de la lecture qu’ils font de l’ordonnance n° 45-174 du 2 février 1945 sur l’enfance délinquante, ils considèrent qu’il s’agit là d’une rupture radicale dans les missions de cette justice spécialisée que ces nouvelles orientations feraient passer d’un modèle protectionnel à un modèle répressif obligeant aux dégagements de valeurs contraires à celles sur lesquelles ils avaient fondé leur engagement professionnel.

Cet article reconsidère cette présentation de la question et cherche à mettre en exergue ce qui fait pourtant transmission et continuité au sein de ce mouvement. Pour ce faire, il  procède à une relecture de l’ordonnance et de son exposé des motifs et examine la question en remettant en cause les  modèles psychologiques et psychiatriques sur lesquels s’appuient les tenants de la rupture pour la  démontrer. Cette relecture fait notamment apparaître que c’est l’évolution des représentations de l’ordonnance, et non cette ordonnance elle-même, qui ont conduit à faire l’impasse sur les dimensions répressives et contraignantes qu’elle contient ; elle fait également apparaître que c’est à partir d’une représentation très limitée du thérapeutique (essentiellement celle d’une clinique limitée au modèle de la psychothérapique individuelle) que s’est forgée la conviction classique que la justice des mineurs souffre d’une  influence excessive de la clinique qui s’opposerait à la primauté de « l’impératif éducatif ». C’est donc bien le modèle éducatif de l’aide contrainte qui a toujours été promu par l’ordonnance de 45 contrairement à ce qu’a pu laisser penser la lecture classique qui en a été faite.

En se référant à la dynamique des adolescents difficiles, les auteurs considèrent que le modèle éducatif associant aide et contrainte est celui qui est le plus apte a prendre en compte les besoins éducatif et thérapeutique de ces jeunes. En remettant en cause la rupture que certains mettent en avant, ils défendent l’idée qu’il importe d’asseoir la transmission des valeurs éducatives de la justice des mineurs sur la transmission de ce modèle qui, dans ces conditions, n’exige pas de remettre en cause une tradition clinique valorisée, dès lors qu’elle est elle aussi conduite à adapter son modèle et ses pratiques aux particularités psychopathologiques des adolescents suivis dans ce contexte.

Adolescence, 2009, T. 27, n°2, pp. 355-374.

Joëlle Bordet : la jeunesse, une dynamique sociopolitique en grande transformation

Dans cet article, nous visons à résister aux représentations de la jeunesse comme effet ou comme victime, en créant de nouveaux liens entre « jeunesse » et « adolescence ». En  effet, ouvrir de nouvelles perspectives, de nouvelles potentialités suppose à la fois d’écouter l’adolescent dans sa singularité de sujet et d’analyser ce qu’il représente comme enjeu sociopolitique pour la société. Cet objectif suppose de nouveaux échanges, de nouvelles coopérations entre acteurs techniciens mais aussi avec l’ensemble de la société.

Adolescence, 2009, T. 27, n°2, pp. 349-354.

Olivier Douville : l’ancestralité et la déroute du politique

S’il convient de préciser en quoi la guerre modifie la vie psychique de jeunes sujets, dont de nombreux adolescents, il faut ensuite insister sur les difficiles réinsertions qu’ils connaissent, tant réputation peut leur être faite d’être devenus des « sorciers ».

Nous examinerons comment cette dernière catégorisation qui est en pleine expansion dans les deux Congo se cristallise et les effets qu’elle a de « débranchements » de ces sujets des logiques coutumières d’alliance et de filiation.

Adolescence, 2009, T. 27, n°2, pp. 329-348.

Marie-Jean Sauret : adolescence et lien social : le moment adolescent

Sous cet intitulé, il s’agit de proposer une théorie générale du lien social. Elle devrait permettre de s’interroger sur la façon dont un sujet réussit à se loger dans un vivre ensemble, d’une part sans renoncer à sa singularité, d’autre part sans mettre le lien social en péril. C’est le moment logique de cette solution que nous qualifions de « moment adolescent », et à partir duquel nous tentons de proposer une problématique et d’extraire les conditions de possibilités.

Adolescence, 2009, T. 27, n°2, pp. 313-327.

Serge Lesourd : la clinique de l’adolescence c’est le politique

Dans cet article, en prenant appui sur la clinique de l’acte, il s’agira de montrer en quoi la psychopathologie adolescente témoigne de l’état du lien social dans lequel grandissent les adolescents en souffrance. Les psychopathologies extrêmes seront ainsi envisagées comme la réussite du lien politique moderne, le libéralisme qui prône la réalisation de soi au travers de performances qui réalisent la jouissance sans limite et le refus de la maladie humaine : la castration.

Adolescence, 2009, T. 27, n°2, pp. 297-312.

Roland Gori : l’art des douces servitudes

L’auteur à la suite de Michel Foucault montre que l’art de gouverner suppose que la raison d’État s’impose toujours plus à la population dans la gestion des existences et des intimités. Pour ce faire, le Pouvoir installe des dispositifs sécuritaires en manipulant l’opinion et en instrumentalisant les sciences. Les « experts » deviennent les scribes de ces nouvelles servitudes des économies de marché qui normalisent en douceur et insidieusement les individus et les populations. La médecine, la psychiatrie et la psychologie sont, dans cet article, considérées comme des pratiques sociales et l’auteur montre que la recomposition de leurs savoirs et de leurs pratiques relève davantage d’un dispositif idéologique que scientifique.

Adolescence, 2009, T. 27, n°2, pp. 271-295.

Bernard Brusset : de la maturation de l’instinct selon pierre mâle au pubertaire selon philippe gutton

De P. Mâle à Ph. Gutton, la spécificité du travail d’adolescence s’est affirmée produisant de grands développements en rapport avec les perspectives contemporaines de la psychanalyse et non sans effet sur celle-ci. Les renouvellements métapsychologies ont été ordonnés à la nécessité de rendre compte de la diversité de la clinique de l’adolescence. Il s’agit toujours d’abord de la confrontation du jeune adolescent au génital pubertaire. La portée traumatique de cette émergence, en rupture initiale avec la période de latence et avec l’organisation génitale infantile narcissique phallique, détermine des modes de défense qui peuvent être de type archaïque en rapport avec des failles primaires de l’organisation psychique. L’impact de la puberté les révèle en les actualisant, et l’adolescence comme travail psychique en détermine le destin. La psychothérapie des adolescents garde de la psychanalyse l’essentiel de la méthode, l’association des idées, mais celle-ci est alimentée par le thérapeute au service de la mise en représentations et de la mise en mots. La disponibilité psychique et la plasticité identificatoire de l’analyste lui permettent de trouver, dans le style qui lui est propre, le ton juste et la bonne distance.

Adolescence, 2009, T. 27, n°1, pp. 217-234.