Cet article traite de la compétence plurilingue des adolescents luxembourgeois d’origine portugaise. Il montre que ces adolescents possèdent une compétence plurilingue fonctionnelle : ils ont des niveaux différents de maîtrise du français, allemand, luxembourgeois et portugais et ils assignent à ces langues des fonctions différentes.
La notion courante de « langue des cités » relève d’un mythe contemporain. Cet article, en se référant notamment à un corpus d’articles de presse, présente la trame principale de ce mythe puis tente de contribuer à sa libération. Il s’appuie, pour ce faire, sur les résultats d’une recherche portant sur les pratiques langagières de jeunes locuteurs en parcours d’insertion sociale ou professionnelle, fréquentant des centres de formation continue de la périphérie parisienne. Il présente les caractéristiques de leurs discours et rend compte de la complexité sociolinguistique de leurs usages du français dans le cadre de la dynamique des interactions propres aux séances de formation.
Partant de l’exemple du Français Contemporain des Cités, l’article présente une étude comparative et contrastive visée sur l’approche traductologique des langues de jeunes. Le corpus choisi se compose de deux romans et un film provenant des banlieues parisiennes ; il comprend le scénario original du film (scénario de post-production) ainsi que les deux romans, complété par les transcriptions de la version du film L’Esquive doublée en allemand et ses sous-titres traduits, et la traduction de Kiffe kiffe demain, l’un des deux romans.
L’étude met en relief les difficultés particulières qu’on rencontre en traduisant ce genre de textes culturellement marqués et offre des solutions traductologiques. Il s’est avéré que les problèmes lexicaux et phraséologiques sont particulièrement intéressants.
En France, les Zones Urbaines Sensibles (Z.U.S.) sont des lieux de précarité sociale, dans lesquels vivent, entre autres, des jeunes, dont un grand nombre est issu de l’immigration. Leurs pratiques langagières, qui manifestent leur identité d’appartenance à l’univers des cités de banlieue, utilisent des formes linguistiques caractéristiques du Français Contemporain des Cités (F.C.C.). Elles sont révélatrices de certaines pratiques sociales existant dans l’univers quotidien de ces jeunes. Elles rendent compte en même temps de la violence sociale et de la violence réactive qui en est la conséquence, telles que celles-ci peuvent être constatées dans les cités françaises.
L’article présente deux cas cliniques de probable début de schizophrénie, caractérisés par l’organisation d’un symptôme hypocondriaque central, signant la désappartenance du sujet au moment de la transformation pubertaire. Dans ces deux cas, les neuroleptiques se sont avérés moins utiles que les antidépresseurs. Ce constat appelle trois commentaires. Le premier est la nécessité de respecter une certaine cohérence entre règles de prescription et champ de référence clinique. Le second est l’éventuel intérêt des antidépresseurs dans ce type de débuts de schizophrénie à symptomatologie hypocondriaque. Le troisième est l’intrication du traitement neuroleptique avec l’économie narcissique du sujet, économie déjà impliquée dans la constitution du symptôme hypocondriaque, ce qui expliquerait l’intérêt des antidépresseurs dans ces cas.
La méthodologie des essais thérapeutiques est bien établie dans les pathologies somatiques. Est-ce aussi le cas en psychiatrie et en particulier en psychiatrie de l’adolescent ? Quatre points méthodologiques clés relatifs à l’évaluation de toute thérapeutique seront successivement abordés : quelles sont les thérapeutiques à comparer ? Quels sont les patients inclus ? Comment évaluer l’efficacité des thérapeutiques ? Comment assurer la comparabilité des groupes de traitement ? Nous verrons ainsi que l’évaluation des thérapeutiques en psychiatrie relève en première approximation de la même méthodologie que celle utilisée pour comparer les thérapeutiques en médecine somatique. Des similitudes particulièrement fortes peuvent notamment être trouvées avec les approches utilisées pour l’évaluation des prises en charge chirurgicales.
Nous abordons les questions de l’efficacité thérapeutique des psychotropes en psychiatrie de l’adolescent dans une double perspective : métapsychologique, à partir des travaux historiques des psychiatres-psychanalystes, et clinique, à partir de notre pratique quotidienne de psychiatre d’adolescents. Dès l’introduction des psychotropes en psychiatrie dans les années 50, des travaux ont porté sur les modèles métapsychologiques de l’effet des psychotropes, sur la place de la prescription dans la relation transféro-contre-transférentielle. À partir de vignettes cliniques, nous montrons que le psychotrope est un outil de la relation à l’adolescent, psychotrope dont l’efficacité ne peut être pensée en dehors de la dynamique relationnelle à l’œuvre.
L’objectif de cet article est de proposer quelques réflexions concernant la place de la prescription pharmacologique dans le cadre de la prise en charge institutionnelle d’enfants et d’adolescents présentant des troubles psychologiques sévères. Bien au-delà d’une approche simplement technique, la prescription en institution d’un médicament à l’adolescence correspond à la construction d’un espace transitionnel qui est le fruit de la rencontre entre l’adolescent et l’équipe. Il s’agit d’inscrire l’action des psychotropes dans l’économie psychique globale du sujet en tenant compte du rapport que le médicament entretient avec la question de la dépendance et avec les inévitables enjeux de maîtrise et d’emprise qu’elle génère à l’adolescence amplifiés par le cadre institutionnel. Il est important de souligner enfin que cette problématique ne doit pas se limiter seulement à l’institution spécifique qui accueille l’adolescent mais bien plus largement au niveau des différentes institutions et référents qui s’occupent de l’adolescent dans une perspective de prise en charge pluri-focale entre institutions et une conception longitudinale et en parallèle des soins.
S’il est un sujet complexe en psychiatrie, c’est bien celui de la prescription médicamenteuse et de l’analyse de ses effets objectifs et subjectifs ; chez l’adolescent notamment, pour lequel l’utilisation des psychotropes est relativement récente, même si elle se généralise rapidement. Le modèle de soins institutionnels développé ici repose sur la théorisation proposée par des praticiens expérimentés : l’espace institutionnel thérapeutique y est métaphorisé comme espace transitionnel. Le médicament est alors conçu comme l’un des objets concrets qui vont permettre une médiatisation du lien et l’instauration d’un objet commun et malléable dans la relation transférentielle établie avec le jeune patient. Nous développons les écueils possibles de la prescription et tentons de mettre en relief les aspects subjectifs et intersubjectifs de celle-ci. Si le médicament doit permettre de contenir une pulsionnalité intra-psychique trop débordante chez l’adolescent, il ne doit pas en revanche être utilisé comme outil de maîtrise ou d’emprise sur lui. Un usage « bien tempéré » des psychotropes permettra de travailler utilement avec le patient sur sa conflictualité interne, au sein de l’institution.
L’épidémiologie psychiatrique soulève de nombreux problèmes : la nécessaire opérationnalisation de ce qu’est un trouble mental ; la conceptualisation de ce qu’est un facteur de risque ; etc. Ces problèmes ne sont pas entièrement solubles, mais ne sont néanmoins pas suffisants pour obérer toute récolte et interprétation de résultats dont certains sont présentés dans l’article.
Adolescence, 2009, T. 27, n°3, pp. 745-750.
Revue semestrielle de psychanalyse, psychopathologie et sciences humaines, indexée AERES au listing PsycINFO publiée avec le concours du Centre National du Livre et de l’Université de Paris Diderot Paris 7