L’article retrace la participation de cinq adolescents à une trajectoire thérapeutique ambulatoire pendant dix-huit mois. Ce parcours de soin associe plusieurs groupes thérapeutiques qui ouvrent des espaces de narration à partir d’une médiation culturelle initiale. Accompagnant et prolongeant la production d’un Opéra de Musiques Actuelles, l’organisation de mises en récit potentialise les processus de symbolisation.
Dans cet article, l’auteur appréhende la violence à l’adolescence comme l’expression d’un mal-être spécifique à cet âge, où le sujet se trouve en prise à des sentiments de persécution. Il distingue ainsi « la paranoïa ordinaire de l’adolescent » – paranoïa qui signe l’entrée « normale » dans l’Œdipe pubertaire – de la paranoïa proprement dite, pathologie qui s’installe à l’âge adulte. Il rappelle enfin le rôle de l’environnement dans sa capacité à supposer les attaques destructrices de l’adolescent.
À partir du postulat d’une révolution sexuelle post-soixante-huitarde ayant entraîné ce que M. Tort appelle la « fin du dogme paternel », nous proposons d’envisager les banlieues comme des îlots de résistance s’érigeant contre la fin de l’inégalité érotique à l’avantage du masculin. Au-delà de la féminité sous contrôle comme valeur partagée, c’est la sacralisation de la virginité féminine en tant que garante de l’honneur familial qui continue de se perpétuer au cœur des cités, tandis qu’en parallèle la postmodernité ambiante s’engage vers l’indifférence des sexes. Ce choc entre deux univers symboliques vient ainsi redoubler les conflits inhérents aux effets d’après-coup du processus d’adolescens. Nous considérons que le refus du féminin chez l’adolescente et la haine du féminin chez l’adolescent, résultent d’une même traduction de messages énigmatiques de l’autre adulte, intégrant la sexualité féminine comme potentiellement déshonorante et toujours non honorable, et d’autre part d’un environnement humain « insuffisamment bon » à transmettre des voies d’accès à la symbolisation.
Le statut de la parole, à l’orée de l’adolescence, traduit le mouvement identitaire contradictoire à partir duquel se construit le Je. L’identité idem et l’identité ipse constituent les deux pôles à partir desquels s’énonce la certitude d’une définition subjectale. Un Je que l’adolescent interroge en bousculant les règles du langage, mais aussi en se choisissant des procédures particulières auxquelles les nouveaux modes de communication lui permettent de donner forme.
À partir d’une séquence clinique, l’auteur parcourt les conditions de ce travail identitaire à l’adolescence. Il est, par essence, autoconstruction. L’auteur insiste finalement sur l’importance d’un « aller sans but » psychique dont la thérapie analytique apparaît comme la matrice naturelle.
Le langage des adolescents est symptôme, à la fois nécessité interne d’une élaboration psychique et inscription culturelle et sociale de pratiques symboliques. Les pratiques linguistiques ne peuvent se réduire à des ruptures de codes, mais constituent une langue de transit qui dit autant le besoin urgent de communiquer que le besoin – encore plus impérieux – de ne pas être trouvé, pour faire face aux bouleversements physiques, psychiques et sociaux qui les animent. Le parler adolescent devient alors un lieu où le désir du sujet peut parvenir à se dire, hors la langue maternelle et le langage peut être conçu comme une représentation métonymique de l’identité en gestation.
Les auteurs considèrent le langage comme étant le lieu où les sujets tissent et retissent leur identité. Ils examinent ce que la post-modernité actuelle est en train de changer dans nos façons de parler. Ils font l’hypothèse qu’une novlangue est en cours de constitution, susceptible d’influencer grandement les conditions de la subjectivation et de la socialisation, au moment-clé de l’adolescence.
Nous présentons ici les résultats d’une enquête quantitative menée auprès de plus de 1200 locuteurs francophones, ciblés selon la tranche d’âge 10-30 ans, qui a eu pour but de circonscrire la circulation, le sémantisme et les locuteurs qui utilisent le néologisme bolos. L’extension de l’usage de cet axiologique péjoratif de l’argot des cités de banlieue à l’argot commun des jeunes s’est opéré entre 2006 et 2008 ; on peut donc parler du passage d’un néologisme identitaire de type sociologique à un néologisme identitaire générationnel.
Dans cet article, on fait état d’une comparaison de douze manuels de lecture en français et en allemand langue maternelle pour un niveau de Troisième dans le cadre d’une linguistique de discours comparative. Il s’agit de mettre en évidence différentes représentations de l’adolescent à travers l’étude de la place du discours d’adolescents dans ces manuels. Alors que les manuels français construisent une représentation de l’adolescent comme (futur) citoyen à l’intérieur d’une communauté de lettrés intergénérationnelle, les manuels allemands montrent un adolescent défini par sa classe d’âge, qui se cherche et qui s’oppose à l’adulte.
On s’appuie sur un corpus constitué des mots qui désignent et caractérisent ‘ les jeunes ’, acteurs principaux de deux événements récents (la crise des banlieues de l’automne 2005 et la crise des universités de l’hiver 2006), pour montrer comment l’acte de nommer participe à la représentation des événements. On liste d’abord les différentes « façons de nommer » ‘ les jeunes ’ sur l’aire de deux doubles pages de quodidiens nationaux ; on dégage ensuite des corpus recueillis différents paradigmes de désignations, qui fonctionnent comme autant de catégorisations des jeunes acteurs impliqués dans ces deux événements. Le traitement d’un troisième événement à titre de vérification conduit à s’interroger sur les représentations discursives véhiculées par la circulation des nominations et sur le rôle de la mémoire (mémoire interdiscursvie ou mémoire collective) dans la représentation des événements et des jeunes acteurs de ces événements
L’apparent monologue de ce roman d’une adolescente pour les adolescents cache, en fait, une véritable polyphonie et révèle, sous l’apparence d’un lexique bien souvent en marge, une grande maîtrise des mécanismes d’intégration stylistique. C’est sans doute ce qui explique son succès bien au-delà du seul public « ado ».
Adolescence, 2009, T. 27, n°4, pp. 895-905.
Revue semestrielle de psychanalyse, psychopathologie et sciences humaines, indexée AERES au listing PsycINFO publiée avec le concours du Centre National du Livre et de l’Université de Paris Diderot Paris 7