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Philippe Gutton : « j’accuse »

La pensée ou le fonctionnement paranoïaque a une certaine spécificité au sein des processus d’adolescence. Elle serait une limite ordinaire ou pathologique imposée à leur créativité, limite inscrite dès le pictogramme pubertaire dont le déroulement ne se fait pas avec l’Autre mais contre l’Autre. La base sur laquelle s’effectue la création adolescente est l’état d’illusion pubertaire au sens winnicottien au sein duquel le « moi infantile » et le « non encore-moi pubertaire » sont en paradoxalité. La paranoia serait l’effet d’une injonction paradoxale venue du sujet et de son environnement attaquant l’état d’illusion fondamental. À partir de cette thèse sont compris les traits de la paranoia adolescente : pensée causaliste, couple déni-projection, accusation du corps génital.

Le dernier chapitre cherche les corollaires possibles de cette thèse pour la cure adolescente afin de contourner l’obstacle paranoïaque : travail dans la mesure du possible de l’ordre de la pensée associative, refus de l’opposition dedans-dehors au bénéfice d’une mutualité à l’intérieur de la séance prise comme observatoire des événements extérieurs régulièrement relatés par l’adolescent, importance du contre-transfert provocateur du transfert positif.

Adolescence, 2008, T. 26, n°3, pp. 571-596.

Marie-Christine Aubray, Dominique Agostini : interview de Raymond Cahn

Dans cet entretien avec R. Cahn, les interviewers ont essentiellement utilisé comme fil rouge, Adolescence et folie (PUF, 1991). Quatre points de vue ont successivement exploré les conceptualisations cahniennes de l’adolescence : le côté sujet, le côté objet, le côté famille interne-externe, le côté institution thérapeutique.

Adolescence, 2008, T. 26, n°2, pp. 517-535.

Philippe Gutton : Antiochus

Le tableau d’Antiochus de Jean-Auguste-Dominique Ingres montre un renversement dans la relation père-fils amenant le premier, roi de Syrie, à donner sa jeune épouse au second. Il est réfléchi sur cette décision qui se révéla heureuse malgré sa signification prométhéenne dans le champ de la conflictualité familiale et sa tradition instituée.

Adolescence, 2008, T. 26, n°2, pp. 508-516.

Françoise Declercq : « du mysticisme à l’indépendance » chez George Sand

Aurore Dupin alias George Sand issue d’une famille en crise du fait du caractère de la classe sociale, des convictions religieuses de ses membres fait un épisode mystique fort à quinze ans dans l’école où elle était interne. Ce moment relaté dans Histoire de ma vie sans l’engager dans une voie religieuse influencera ses convictions sociales et ses analyses psychologiques artistiques.

Adolescence, 2008, T. 26, n°2, pp. 493-507.

Gérard Bonnet : Marilyn Monroe, dernières séances. L’exhibitionnisme féminin à son zénith

M. Schneider rapporte dans son livre Marilyn dernières séances la façon dont s’est déroulée durant trente mois la dernière tranche d’analyse de Marilyn Monroe avec Ralph Greenson et démontre l’aspect passionnel de cette relation. Une mise en évidence de la problématique exhibitionniste de l’actrice aurait certainement permis d’approfondir davantage les enjeux de cette analyse. L’auteur explicite les données de la clinique de l’exhibitionnisme, chez la femme en particulier, pour montrer qu’elles sont ici très présentes, et qu’elles éclairent pour une bonne part la façon dont les choses ont évolué.

Adolescence, 2008, T. 26, n°2, pp. 479-491.

Christine Condamin : frustrations précoces, violence pulsionnelle et passage à l’acte meurtrier dans cousine k de yasmina khadra

Le narrateur du récit autobiographique Cousine K est un jeune homme écrivain qui retrace le déroulement de sa vie jusqu’à ce qu’il devienne le meurtrier d’une auto-stoppeuse qui lui demandait de l’aide. Nous nous interrogerons sur l’impact de plusieurs traumatismes cumulés dans l’enfance et l’adolescence (rejet maternel précoce, confrontation directe à la mort du père, emprise perverse) présidant à l’émergence d’une pulsion de cruauté. Nous ferons l’hypothèse que le recours à l’acte criminel est une recherche de triomphe sur l’objet et d’omnipotence face à la menace d’anéantissement.

Adolescence, 2008, T. 26, n°2, pp. 465-477.

Sophie De Mijolla-Mellor : l’image du corps adolescent chez botticelli

Basée sur les notions d’« image du corps » (P. Schilder) et de « pathosformel » (A. Warburg), cette étude propose de revisiter l’œuvre picturale de Botticelli du point de vue de la perception de l’adolescence comme une fiction idéalisée reposant sur une triple souffrance : la quête inaccessible de la pureté, la dimension de l’excès maniaque en relation avec le temps futur et la disparition nostalgique de temps irrémédiablement disparu de l’enfance. La méthode suivie est celle des « interactions de la psychanalyse », c’est-à-dire non pas une application de la méthode psychanalytique au déchiffrement de l’œuvre d’art mais une mise en tension ou en écho de l’écoute sensible des œuvres artistiques avec la clinique psychanalytique, ici celle de l’adolescence.

Adolescence, 2008, T. 26, n°2, pp. 449-464.

 

Emmanuelle Sabouret : la disjonction du caravage

Il est des hommes qui rappellent que le cours de l’histoire n’est ni lent ni régulier. Le Caravage (1571-1610) en fut par ses innovations si radicales qu’elles bouleversèrent le développement de la peinture occidentale. Querelleur, fauteur de troubles et condamné pour assassinat, Caravage ne cessa pourtant jamais de peindre qu’il fût sous la protection de grands mécènes ou en fuite pour échapper à la justice pontificale. Le contraste entre le saisissement pictural d’instants suspendus et son errance vitale jalonnée de passages à l’acte laisse penser qu’en dépit d’une œuvre considérable, son pouvoir créateur n’ait pu prendre le pas sur l’inflexion mortifère qu’il met en scène dès ses premiers tableaux. Son errance s’est accentuée à la fin de sa vie tandis qu’il se livrait encore, à l’abri de la toile, à de grandes compositions religieuses aux thématiques désespérées, en quête d’une absolution divine.

Adolescence, 2008, T. 26, n°2, pp. 423-448.

Silke Schauder : du temps de l’œuvre à l’œuvre du temps. quelques notes sur camille claudel (1864-1943)

L’article présente une discussion du processus créatif chez Camille Claudel et des relations complexes qu’entretiennent ses œuvres avec le temps. Dans un premier temps, l’auteur souligne la sensibilité toute particulière de cette artiste au temps. Dans un deuxième temps, huit de ses œuvres sont présentées et analysées en fonction de leur rapport spécifique au temps.

Adolescence, 2008, T. 26, n°2, pp. 389-421.

Marthe Coppel-Batsch : Artemisia Gentileschi (1593-1653). sexualité, violence, peinture

Artemisia Gentileschi est une femme peintre du début du XVIIe siècle, très influencée par Le Caravage qui était un ami de son père : Orazio Gentileschi.

En 1612, Orazio, s’estimant atteint dans son honneur, porte plainte pour viol contre l’amant de sa fille. Artemisia avait alors dix-neuf ans. Les actes de ce procès ont été conservés. Ils donnent à voir la violence qui régissait les relations entre hommes et femmes à cette époque.

Depuis les années 50, Artemisia a mobilisé l’intérêt des féministes en Italie et aux USA. Biographies, articles, expositions, romans et film sont apparus, évoquant son histoire.

Ce texte analyes trois œuvres d’Artemisia. Judith et Holophern, qui permet d’imaginer comment Artemisia se situait par rapport à la sexualité de son époque. Yaël et Sisera, qui, peut-être, parle indirectement de ses relations avec son père. Lucrèce, enfin, que l’on peut regarder comme une confidence.

Adolescence, 2008, T. 26, n°2, pp. 365-387.