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Claude Savinaud : Passion du symbolique.

A partir du constat clinique que certaines pathologies narcissiques d’adolescence achoppent sur la réalisation d’un investissement libidinal du fait de l’amour-haine portée sur la figure paternelle grandiose et obscène, l’auteur développe l’idée d’un type d’investissement passionnel de la dimension symbolique dépassant le représentant imagoïque déchu au profit d’une parole identifiante, créatrice, qui vise un au-delà de l’objet. Cet investissement revêt les caractéristiques d’un  » état amoureux  » avec le désaisissement du sujet et l’idéalisation de l’autre au-delà de toute satisfaction.

Philippe Gutton : (Sans titre)

L’article propose de distinguer dans l’expérience amoureuse à l’adolescence trois modèles. Le premier, le plus classique, met en avant la problématique narcissico-pulsionnelle avec la capacité régressive dans la relation avec l’objet. Le second, sensible à la mise en scène condensée dans la séquence d’amour des histoires adolescentes, donc retrouvées différemment. Le troisième développe l’idée que l’amour adolescent s’épanouit par rapport à un tiers fictif toujours parental. Chaque expérience construit une tiercité nouvelle dont la mission est d’auto-interpréter les adolescences en cours.

Simone Daymas : Premier amour

L’adolescent pris dans les rêts du premier amour subit une brutale effraction narcissique mais il se leurre moins que l’adulte sur la réalité désirante de l’objet. Il sait que son désir se nourrit de lui-même. Il se désenchantera et fera le deuil de ce premier amour.

Tout adulte garde de ce premier amour une certaine nostalgie qui fera référence dans les vicissitudes d’un destin d’homme ou de femme.

Christian David : Aimer, c’est croître.

Au moment de l’adolescence, le roman familial laisse la place à une  » autofiction anticipatrice « . Cette nouvelle organisation romanesque joue le rôle d’organisateur auxiliaire aux transformations adolescentes et permet au sujet de se dégager de l’emprise des imagos parentales et des rigidités surmoïques associées.

La naissance de l’état amoureux peut devoir beaucoup à la soudaine coalescence qui s’opère alors entre autofiction anticipatrice et actualisation  » exquise  » de la rencontre affective.

François Villa : Analyse de la naissance d’un sentiment amoureux. Fragment clinique.

Un fragment clinique éclaire les rapports entre l’état de détresse originelle et l’état amoureux. Dans cette séquence survient une érotisation du transfert au moment où le patient éprouve une anticipation de potentialités corporelles inconnues pour lui. Il les ressent à portée de mains mais encore inaccessibles. Il en émerge un immense sentiment de solitude, de détresse dans le temps même où la présence du thérapeute acquiert une intensité et un relief libidinal qui en fait le centre de l’attention du patient.

Roland Lazarovici : L’amour de l’objet perdu : Notes sur l’érotomanie.

L’adolescence est un temps propice à la multiplicité des choix amoureux. A partir de deux fragments cliniques, c’est au contraire la fixité du choix d’objet dans ces histoires qui a attiré notre attention. Une discussion est initiée sur la notion d’érotomanie à cet âge et sur la qualité particulière des mouvements affectifs liés au « premier objet » perdu.

Alain Braconnier : Les larmes d’Eros.

L’état amoureux par ce qu’il suscite chez le sujet, active et réactive Eros, ses figures heureuses et ses larmes. L’auteur propose deux cheminements cliniques que le thème des amours d’adolescence lui inspire : celui d’une véritable névrose d’amour et celui d’une addiction amoureuse. Deux exemples cliniques illustrent cette réflexion.

Laurence Corthay-Casot, Olivier Halfon: la violence dans le contexte de l’adolescence

Les auteurs proposent une réflexion relative à la violence agi en augmentation dans la population adolescente et ils s’interrogent sur la compréhension analytique des mouvements destructeurs, aussi bien hétéroagressifs qu’autoagressifs. Différentes positions théoriques sur la question de la pulsion de mort, de la dé-liaison pulsionnelle ou de la tentative de sauvegarde d’un sentiment d’identité lors de l’irruption de violence sont abordées rapidement, suivies de deux vignettes cliniques. La réflexion à partir de ces vignettes tente une mise en lien des aspects intrapsychiques et familiaux qui sous-tendent le recours aux passages à l’acte violents chez ces sujets, en relation avec la problématique adolescente. L’impasse identificatoire momentanée est évoquée ainsi que l’interdépendance entre la violence dirigée contre soi et celle dirigée contre autrui.

Adolescence, 1998, T. 16 n°1, pp. 295-308.

Corinne Gauthier-Hamon: pédophiles et maltraitances transgénérationnelles

C’est en rencontrant François, jeune homme élégant de trente-cinq ans, venu me demander une analyse car il savait que j’avais écrit un livre sur la pédophilie, qu’un éclairage nouveau m’est apparu sur ces pratiques pédophiliques dont nous avions effectivement longuement parlé dans un ouvrage précédent, mon collègue Roger Teboul et moi-même. (Entre père et fils. La prostitution homosexuelle des garçons, Paris, PUF, 1988.)

Si, à l’évidence, dans de nombreux cas de pédophilie, nous retrouvons des deux côtés, c’est-à-dire, aussi bien pour l’adulte que pour l’enfant, des situations carentielles et maltraitantes, il m’a semblé qu’un trait supplémentaire unissait pédophiles et enfants, à savoir, non seulement l’existence mais aussi la transmission transgénérationnelle d’une ou de plusieurs formes de maltraitances, certes physiques mais également psychiques, beaucoup plus pernicieuses.

C’est cet aspect des choses que j’aborderai dans un premier temps à partir de l’histoire de François, comparée aux histoires cliniques antérieures, avant de questionner l’impact de ces maltraitances dans la constitution du psychisme avec ses différents aspects psychopathologiques.

Mais aussi, la maltraitance ne peut manquer d’évoquer la problématique de l’inceste avec sa nécessaire transmission transgénérationnelle en l’absence d’intervention thérapeutique, ce qui ouvre un champ d’investigation complémentaire.

Enfin, pouvoir remettre en perspective un « choix » pédophilique avec une histoire émaillée de maltraitances, souvent non reconnues comme telles, donne un argument supplémentaire pour réfuter l’incurabilité des pédophiles et l’inévitable reproduction de la pédophilie pour les enfants victimes.

Adolescence, 1998, T. 16 n°1, pp. 295-307.

Isabelle Orgiazzi Billon-Galland: viol et meurtre à l’adolescence: valeur heuristique du T.A.T

La compréhension de la clinique et de la thérapeutique des troubles majeurs du comportement de viol et de meurtre chez l’adolescent est envisagée ici à partir de la contribution des techniques projectives. La spécificité des protocoles T.A.T. montre l’efficacité temporaire du clivage à l’œuvre chez ces adolescents, ainsi que l’échec de celui-ci lorsque la représentation de perte d’objet est sollicitée, mobilisant alors une angoisse considérable d’abandon et d’anéantissement qui va contribuer à la désintrication pulsionnelle. La tonalité d’un vide interne mortifère se déploie alors dans un narcissisme toujours menacé d’effondrement.

Adolescence, 1998, T. 16 n°1, pp. 294-307.