Après avoir décrit les plaintes ordinaires, nécessité du temps de l’adolescence, ce texte, à partir d’un travail clinique, présente les spécificités de l’apparition et du travail thérapeutique avec la plainte de l’adolescent. La place d’une scène traumatique pour manifester la plainte et son contenu, faits d’investissements narcissiques très intriqués aux investissements libidinaux sont considérés comme caractéristiques de la plainte à l’adolescence.
Tous les articles par Admin
Claire Maurice : l’adolescence en banlieue : un nouveau « malaise » ?
De nombreux jeunes de banlieue traversent des difficultés multiples, d’ordre familial et social interrogeant l’émergence d’une nouvelle forme de malaise adolescent dans notre société contemporaine. Ces jeunes ne sont pas toujours accessibles à un travail thérapeutique. Ce qui pose des questions spécifiques sur la nécessité d’inventer des dispositifs de soins à mi-chemin entre le social et le thérapeutique, soit une manière de rencontrer ces jeunes à partir de l’espace-temps frontière qui les définit : la banlieue, cette zone intermédiaire où se télescopent revendication communautaire et déficit identitaire.
Jean-Pierre Klein : Adolescents et violence créatrice
Les discours et attitudes face à la violence adolescente réactionnelle à la transformation violente de son corps qui s’impose à lui, sont eux-mêmes souvent réactionnels dans la contre-violence (l’auteur énumère les cinq pièges habituels) alors que la violence désirante pourrait générer des œuvres de fiction qui traiteraient indirectement de leurs problématiques, mêlant le rapport à la loi du père et les retrouvailles avec le chant de la mère. L’adolescent se définit sémiotiquement comme « sujet négatif » qui décline les verbes vouloir, devoir, savoir et pouvoir au négatif. Comment « la création comme processus de transformation » peut-elle l’aider à se réinstaurer comme « sujet de quête » en recherche de son identité en construction ? L’expérience de la psychothérapie peut-elle irriguer d’autres pratiques, y compris celles qui n’ont pas l’air de s’en réclamer ? L’auteur, psychothérapeute et auteur dramatique, relate une expérience d’atelier d’écriture auprès d’adolescents exclus d’un collège pour leur comportement et leur discours violents.
Denis Hirsch : Charlotte et la chute libre : à propos du récit d’action dans les psychothérapies d’adolescents
A partir d’une séance de psychothérapie d’une adolescente de dix-neuf ans, l’auteur montre l’articulation entre le » récit d’action » dans la séance et l’espace externalisé hors séance dans lequel s’est déroulée cette action que nous raconte l’adolescente. L’auteur souligne l’effet de liaison et d’intégration pour les conflits internes de l’adolescence que permet l’utilisation d’un tel » espace thérapeutique élargi « , lorsqu’il peut se figurer dans l’après-coup de la cure analytique individuelle avec le thérapeute, sous l’égide de la névrose de transfert.
Stefano Bolognini : le bar dans le désert, symétrie et asymétrie dans le traitement d’adolescents difficiles
L’auteur considère que les moments alternés spécifiques de la relation symétrique-asymétrique facilitent le travail analytique et permettent des interprétations avec un analysant qui d’habitude a peur de la dépendance, qui est hostile envers les représentants du surmoi, et qui a besoin d’une contenance non-déclarée et d’une contribution à la cohérence du soi, comme le patient adolescent.
Le récit clinique illustre cette manière spécifique de travailler, très différente de celle adoptée dans l’analyse des patients adultes.
Par exemple, l’analyste doit pouvoir renoncer provisoirement, parfois pendant longtemps, à des interprétations trop brillantes et trop fréquentes qui pourraient souligner la supériorité de l’adulte, difficilement tolérée par l’adolescent.
Françoise Brullmann : Origine de la demande de chirurgie esthétique à l’adolescence
Sous un abord simple, la demande de chirurgie esthétique est souvent d’une grande complexité. Dans les demandes de mammoplastie ou de rhinoplastie notamment, la souffrance, apparue à l’adolescence et fixée sur un organe donné(nez – seins), est corrélative de celle liée parfois aux remaniements psychiques inhérents à cette période. À travers certaines bribes de son histoire, l’analyse de Claude retracera le fil de ce désir de modification esthétique jusqu’à sa source et fera apparaître des difficultés d’identification et de filiation directement en rapport avec ses désirs de métamorphose chirurgicale.
Anne-Caroline Fiévet : le français contemporain des cités dans les émissions des radios jeunes
Tous les soirs entre 21 heures et minuit, les jeunes téléphonent aux radios pour passer à l’antenne, discuter avec les animateurs et souvent leur demander des conseils. L’analyse linguistique d’un corpus de ces émissions de libre antenne met au jour que le français contemporain des cités et ses locuteurs sont perçus différemment suivant les radios. Tandis que Fun Radio stigmatise, NRJ cherche à faire « branché » sans attirer les jeunes issus des quartiers. Seule la radio Skyrock laisse les jeunes parler librement et participe ainsi à la diffusion de mots issus du français contemporain des cités vers l’argot commun des jeunes.
Dominique Agostini : Créatures de l’hallucinose
Les transformations dans l’hallucinose [Bion W. R.. (1965) Transformations, tr. fr., PUF, 1982.] résultent d’un désastre primitif. Les » terreurs sans nom » car sans contenant suffisamment contenant sont à l’origine de ce désastre et des transformations en question. L’auteur explore avec les mécanismes de l’hallucinose – clivage passif et identification projective pathologique -, le monde des créatures auto-engendrées par ces mécanismes. Les transformations pubertaires transformées dans l’hallucinose constituent le fil rouge de cet article. Un matériel littéraire (Frankenstein) et analytique – les thérapies de Franck et de Victor – amèneront l’auteur à situer le désastre primitif à l’origine des créatures de l’hallucinose dans la cavité primitive. De l’effondrement dans la cavité primitive naissent, à la puberté, des créatures qui, conjointement, masquent et révèlent l’effondrement primaire.
Jean-Pierre Goudailler : français contemporain des cités : langue en miroir, langue du refus
En français contemporain des cités (FCC) ou « langue des jeunes », « langue des cités », plusieurs types de formations linguistiques tendent à montrer que les variétés langagières relevées dans les cités françaises ont un mode de fonctionnement « en miroir » par rapport à ce que l’on constate généralement dans la langue française : il s’agit, entre autres, de la présence d’un nombre très important de mots en verlan (à l’envers) et de l’émergence de l’aphérèse au détriment de l’apocope. De tels comportements langagiers sont autant de manifestations du rejet opéré par les jeunes – et les moins jeunes – des cités et quartiers populaires de France envers la langue légitimée par l’école, la société française. C’est une de leurs manières de réagir à la violence sociale exercée sur eux.
Alain Abelhauser : Comment débuter une analyse à l’adolescence
Deux fragments de la cure analytique d’un adolescent sont l’occasion d’examiner à quelles conditions put s’engager ce travail, et à quel prix il put ensuite se poursuivre. La notion d’éthique s’y avère déterminante, autant pour saisir les caractéristiques de l’engagement initial dans la cure, que les enjeux de sa poursuite, qui se nouèrent autour d’un acting-out particulièrement exemplaire.