Tous les articles par Admin

Serge Lesourd : le féminin à l’adolescence : constitution d’un lieu

En s’appuyant sur une cure d’adolescente, l’auteur interroge une découverte fondamentale du temps de l’adolescence : celle de la féminité en soi, jusque-là ignorée du sujet, tant pour le garçon que pour la fille. Cette “ féminité en soi ” s’inscrit pour le sujet, hors de ce qui l’a constitué enfant en tant qu’être sexué. La sexualité infantile s’appuie sur le primat du phallus qui borne le rapport aux autres. L’adolescent, sous la poussée pubertaire, en vient à refuser ce primat phallique comme régulateur du rapport au monde, comme limite de la sexualité, comme point d’arrêt de la jouissance. Cet “ au-delà ” de la dimension phallique correspondant à la féminité en soi, qui est un mode de jouissance non entièrement marqué de la limite phallique, un passage obligé par la logique inconsciente pour constituer une relation amoureuse hétérosexuée. La rencontre de LA différence, celle qui résume toutes les différences, n’est pas sans difficulté pour les adolescents. Ce détour par le féminin, errance nécessaire, peut aussi être la cause d’errances sociales et psychiques importantes pour les jeunes.

 

Brigitte Dutillieux, Caroline Lebrun, Bérengère Porret : Sida : sésame pour fil santé jeunes

Cet article expose de quelle façon le thème du sida est abordé et utilisé par les jeunes qui appellent Fil Santé Jeunes (numéro vert généraliste). Le sida y apparaît plus comme figure de déplacement qu’en tant que maladie réelle ; sont distingués les productions fantasmatiques ordinaires liées à la problématique pubertaire et les montages pathologiques de jeunes adultes. Même dans les appels ludiques, l’écoutant tient compte de la réalité de l’épidémie et est attentif à la dimension de prévention.

Adolescence, 1999, T. 17 n°2, pp. 123-132.

Philippe Gutton : le pubertaire savant

La construction identitaire est mobile et présente ; le qualitatif important d’être sexuelle. Infantile phallique d’abord ; à la puberté des remaniements majeurs s’opèrent du fait des expériences pubertaires. L’auteur décrit cette “ métamorphose ” dans de nombreux travaux ici rappelés et résumés. Il met l’accent aujourd’hui sur l’organisation que constitue l’autre ; quel autre ? L’inconscient de l’autre dans la séduction amoureuse.

Dominique Agostini : les concepts de “ capacité d’être seul ” (d. w. winnicott) et de “ se sentir seul ” (m. klein)

L’auteur explore, au travers de leurs études sur la solitude, les divergences Klein/Winnicott, notamment en ce qui concerne le rôle de l’objet externe et la pulsion de mort. Il met en relief à quel point les tonalités de ces études sont différentes. Winnicott envisage la capacité d’être seul du côté de l’extase. Sa conception, plutôt optimiste, reflète les joies de la solitude partagée. Klein ne se départit, par contre jamais, d’une tonalité de désolation et de nostalgie au sein même d’une non-résignation et d’une profonde authenticité.

Christian Bonnet, Stéphanie Pechikoff : guenièvre en ses blasons

Si l’enfant construit son identité à partir des bouts de discours le concernant qu’il attrape dans l’environnement winnicottien, l’adolescent accèderait à une identité sexuée à travers un processus que nous proposons de nommer “ blason ” : des fragments du corps, érotisés par le jeu des pulsions partielles, se verraient par ce processus affectés à un ensemble constitutif de l’identité sexuée. Le cas d’Akira, qui capture grâce à l’appareil photo de son téléphone portable des bouts du corps de son amie, permet d’interroger cet aspect blasonné de la construction de l’identité sexuée du sujet, voire de l’objet, à l’adolescence.

Hubert Lisandre : Prévenir l’ange ?

Bien que le  » jeune homosexuel  » ne constitue pas un risque spécifique au regard de la contamination du VIH, il peut être étudié comme figure privilégiée des enjeux psychiques qui guideront la prévention effective, notamment dans son rapport au père (œdipien). Extraite d’une recherche sur la dimension inconsciente de la prévention, l’analyse du discours de Gabriel permet de mettre en évidence un  » angélisme  » problématique, qui peut être considéré comme facteur de risque réel, et interroge en retour les politiques de prévention actuelles, ainsi que la position du psychologue face au  » jeune « , sur le chapitre de la sexualité.

Adolescence, 1999, T. 17 n°2, pp. 105-122.

Daniel Marcelli : garçons/filles. la différence des sexes, une question de physiologie ou de culture ?

La différence entre les sexes est une question politiquement dangereuse ! L’auteur explore, concernant cette différence, ce qu’il appelle les évidentes réalités épidémiologiques qu’il serait vain de nier, l’interprétation de ces données particulièrement délicate car impliquant l’analyse de la demande de soin selon le sexe : homme ou femme, fille ou garçon n’ont pas les mêmes attitudes pour formuler une demande d’aide. Enfin, dans les différences filles/garçons on ne peut passer à côté des enjeux idéologiques. Dans toutes les sociétés le “ masculin ” et le “ féminin ” sont des marqueurs culturels et sociaux dont aucun individu ne peut s’abstraire. Parler de cette différence conduit toujours l’auteur à naviguer dans le roc du biologique au “ réel ” dont l’ininterprétable peut conduire à toutes les fantaisies interprétatives et, de l’autre côté, le poids du culturel où s’amalgament aisément toutes les idéologies possibles ! Navigation périlleuse donc quand on aborde à la fois la question de l’adolescence, période où se conjuguent le biologique de la puberté ainsi que la dimension sociale et celle de la sexualité qui touche au vif de l’intimité individuelle. Ces lignes de tension trouvent une excellente illustration dans les modalités de soins proposées aux adolescents. Celles-ci prennent-elles en compte la question de la différence des sexes ? Rien n’est moins sûr ! Cet article essaie de montrer que si femme ou fille, homme ou garçon peuvent parvenir au même résultat, le plus souvent ils cheminent par des voies différentes. Mais ces différences sont rarement prises en compte aussi bien dans l’indication de tel ou tel type de soin que dans le déroulement particulier de ce soin. Ces remarques rendent compte des difficultés rencontrées par toutes les structures de soin pour la prise en charge thérapeutique des jeunes adolescents, ceux qu’on appelle les collégiens.

 

Ignacio Melo : masculin et féminin dans le processus de sexualisation

La génitalisation est la dernière étape du développement sexuel décrite par Freud. Son avènement à la puberté donne sa forme définitive à la différence des sexes, Simultanément, elle rétroagit sur les phases précédentes pour les transformer. Les limites entre les différentes étapes apparaissent moins dans leur succession chronologique que comme un travail de reformulation après-coup, qui suggère une réévaluation de la théorie, en particulier de l’articulation phallique-génital. Des hypothèses sont formulées à propos de l’originaire et le primitif, du complexe de castration et du négatif dans le pubertaire.

Myriam Boubli : l’identité adhésive à l’adolescence, réaction au second choc esthétique ?

L’arrivée de la puberté confronte les adolescents à un second conflit esthétique et donne une seconde chance à la réélaboration de l’identification adhésive. Cette régression partielle ou majeure peut réactiver des noyaux autistiques qui, s’ils sont élaborés favorisent le développement grâce à la constitution d’un contenant psychique des contenus émotionnels. Dans le cas où la réélaboration de l’identité adhésive et celle du conflit esthétique ne peuvent se faire conjointement, l’adolescent peut basculer  du côté pathologique : addictions diverses, défenses schizoïdes ou/et autistiques. Le passage de la bidimensionnalité à la tri voire quadri dimensionnalité ne peut s’organiser.

Philippe Hofman : Adolescence, sida et prison

Cet article tente d’analyser les pathologies, les comportements, les hiatus culturels et les représentations psychiques des adolescents incarcérés. Cette réflexion s’est élaborée à partir de leur perception du sida. Les associations variées, générées par cette maladie, soulignent le lien entre conduites à risque et représentations sexuelles. Toute la problématique adolescente est ici caricaturale.

Adolescence, 1999, T. 17 n°2, pp. 93-103.