Narcissique, homoérotique, voire “ féminin ”, l’adolescent est passionnellement attiré par le beau, par la beauté de l’image du corps et tout ce qui entraîne la perception d’une représentation corporelle idéale, c’est-à-dire une image fantasmée, convoité et désirée de soi-même. Toutefois, si l’homoérotisme est inhérent au narcissisme pulsionnel pubertaire, nous faisons l’hypothèse qu’une des formes étiologiques de l’homosexualité, comme genre et comme inclination “ structurée ” de la vie sexuelle, serait liée à l’infantile archaïque et trouverait notamment son essence dans la rencontre esthétique fondamentale de la prime enfance.
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Andre-Michel Gardey : Régression et construction après-coup. séropositivité et traumatisme
L’article présente un cas clinique dans lequel une » mauvaise rencontre » dans le réel : l’annonce de la séropositivité, a directement fait régresser le sujet de façon temporelle à ce moment de son adolescence où un mouvement de remaniement psychique avait été stoppé. Il discute la régression vers l’infantile qui s’est faite jour, entraînant la renégociation dans l’après-coup du conflit œdipien qui s’était brusquement figé à la mort du père quand ce sujet avait quinze ans. Il propose l’hypothèse que ceci a pu se rejouer dans un remaniement progrédient où sa propre confrontation à la mort à venir a enfin fourni au sujet l’opportunité qui était demeurée incertaine jusque-là de s’identifier au père à travers la mort, et de renouer une relation filiale, dans une réhabilitation de sa fonction. Quitter un père prégénital grandiose et hors identification, pour construire un père œdipien, idéalisable et structurant, semble avoir été la rançon possible de sa séropositivité.
Adolescence, 1999, T. 17 n°2, pp. 147-155.
Olivier Ouvry : l’énigme du féminin côté femme
À travers des exemples cliniques, est abordée la question du Féminin du côté des femmes. La question de “ qu’est-ce que “ la ” femme ? ”, classique du côté des hommes, s’avère partagée aux membres des deux sexes, notamment par les femmes qui se retrouvent en position sexuelle subjective masculine.
Un parallèle entre les quatre positions définies par le croisement des deux positions sexuelles subjectives et des deux sexes anatomiques, et les quatre discours définis par J. Lacan est tenté en fin d’article pour montrer en quoi rien ne peut se dire de la position de la femme.
Eric Bidaud : l’adolescent et la “ scène pornographique ”
Nous nous proposons d’analyser la catégorie de l’“ obscène ” en le définissant comme une fonction, jouant dans l’espace de la relation à l’Autre et de la rencontre des regards un rôle de régulation et de parade en son double sens : exhibition et évitement d’une attaque.
L’adolescent, dans son rapport à la scène pornographique, questionne en même temps qu’il voile le corps de l’Autre, ressenti comme pôle d’attraction mais aussi de menace.
Claude Savinaud : le “ roc du féminin ”, point de butée de la sexualité adolescente
L’abus sexuel dans un cadre intrafamilial de certains auteurs adolescents semble démontrer une difficulté à discerner ce qu’il en est du féminin dans l’objet maternel. Notre propos s’attachera à étudier ici spécifiquement ce facteur :
– L’acte correspond à un “ lâchage ” de la protection assurée à l’enfant par l’image maternelle et/ou la surenchère de l’appropriation du corps ou de la psyché de l’adolescent à des fins de jouissance ou d’objet d’angoisse.
– L’acte répond à un trou dans le système des représentations symboliques délimitées par la loi, ce trou concerne le “ roc biologique ” de la castration, dont la différence des sexes est un signal d’appel.
Marie-José del Volgo : La peur du sida de Saïd : À propos d’Ali
À l’occasion d’une consultation pour une exploration respiratoire où je reçois Ali en tant que médecin, ce jeune homme de vingt-cinq ans va me raconter son mal être et sa peur du sida. Du fait de la mise en oeuvre du dispositif de » l’instant de dire « , de cette position éthique qui consiste à écouter Ali en référence à la méthode analytique, la mise à plat des signifiants m’a amenée à rapprocher sa peur du sida de celle de son frère Saïd, point nodal du réseau associatif de son discours. Au sein d’une médecine techno-scientifique de plus en plus déshumanisante, la psychopathologie clinique et la psychanalyse ont vocation à restaurer la fonction et la valeur éthiques de la maladie et du soin.
Adolescence, 1999, T. 17 n°2, pp. 143-146.
Brigitte Haie : la création chez l’adolescente : l’assignation de la sublimation au registre du fantasme
Cet article tente de mettre en évidence la fonction de la sublimation comme création pour parer à l’impossible du rapport sexuel chez l’adolescente. Il s’agit d’une part, de revisiter ce concept à partir de la théorie freudienne puis de l’apport lacanien en ce domaine et, d’autre part, de saisir son articulation au fantasme et ses points de divergence.
Gisèle Chaboudez : le temps logique de l’adolescence
Maintenant qu’il existe en psychanalyse une logique susceptible d’identifier les temps de la formation d’un sujet comme d’une névrose, on vérifie que l’adolescence est un temps logique déterminant. Moment de la prise rétroactive du fantasme, il est aussi celui de la découverte de l’orgasme qui constitue ce que J. Lacan appelle une maturation de l’objet a. Le rapport sexuel découvre sa non-conjonction chez l’homme et chez la femme, dont l’effet est de castration pour les deux partenaires, répétant la castration symbolique issue de l’Œdipe.
Didier Lauru : La folie du toucher
La crainte du sida complexifie la rencontre amoureuse et bouleverse les rapports des adolescents dans leurs premières approches de la sexualité. La folle envie de toucher l’autre, incarnée magnifiquement dans l’idéal amoureux, peut en être empêchée. L’auteur émet alors l’hypothèse que les adolescents en viendraient à répéter phylogénétiquement les différents stades de l’amour courtois.
Adolescence, 1999, T. 17 n°2, pp. 133-141.
Gérad Pirlot : “ solus ipse ”
Évoquant les souvenirs solitaires d’un patient orphelin utilisant l’analyse pour conforter sa solitude, l’auteur examine les liens entre résistance transférentielle, traumatisme narcissique précoce lié à la perte du père, difficulté d’introjection des pulsions sexuelles et narcissisme moral. Certains textes du jeune A. Rimbaud illustrent également ce narcissisme moral qui utilise volontiers la solitude comme pratique masochique pour colmater les failles narcissiques d’un Moi n’ayant pu harmonieusement introjecter pulsions sexuelles et imago paternelle.