Les » questions éthiques » que soulève le sida ne lui sont pas spécifiques. Mais il peut leur conférer un caractère exemplaire, comme en témoigne la situation clinique que nous rapportons ici. Celle-ci, en confrontant les médecins à un choix proprement impossible, et en mettant directement en jeu la fonction paternelle, nous permet de définir ce que nous proposons d’appeler, en opposition aux notions de déontologie ou de morale, la position éthique, et de souligner son lien essentiel avec la clinique, conçue comme art du cas à cas – comme lieu où relever la singularité du sujet.
À travers une séquence clinique auprès d’un adolescent se présentant comme aveugle, l’article montre la transmutation d’une impossibilité à constituer un horizon de monde subjectif en une capacité, retrouvée dans le transfert, à (se) subjectiver à partir d’un point traumatique et à dresser le théâtre d’un monde intime. Le cheminement thérapeutique part des traces de saisissement du corps et se soutient de l’équivoque diagnostique attestant l’impasse et la tentative d’exister. Il s’agit ensuite successivement, de repérer les impasses de la subjectivation du passage adolescent, de poser des métaphores vivantes pouvant servir d’amorce à une symbolisation, de restaurer de manière progressive la capacité d’organiser une vue du monde et de soi-même, de faire face à ce qui est arrivé, et enfin d’ouvrir à une nouvelle réalité subjective.
Dans cet article, l’auteur commente deux études épidémiologiques sur l’usage des préservatifs chez les 15-18 ans (H. Lagrange, B. Lhomond et l’équipe ACSJ) et la fréquence du risque VIH parmi les jeunes usagers de drogue (F. Lert). Elle en tire plusieurs conclusions : – les adolescents sont des sujets responsables et sensibles aux messages de santé, – les actions de prévention peuvent être rentables et efficaces, – cependant, les actions auprès des jeunes à haut risque doivent être repensées.
Suivre le “ motif ” de la jeunesse dans l’œuvre de W. Gombrowicz, témoigne de la nostalgie spécifique du regard que porte l’adulte sur un temps pour lui révolu. L’idéalisation de l’adolescence prise chez l’auteur permet d’envisager le regard de l’adulte, en mettant à jour le décalage avec lequel il saisit cet événement. Loin de restituer les enjeux de l’archaïque génital dans l’épreuve qu’il constitue pour la sexuation, c’est dans l’indifférence des sexes que l’adolescence est saisie. Masculin et féminin y sont indifférents en tant que c’est une forme pure, la beauté comme éphémère, qui est revendiquée dans la nostalgie de l’adulte observateur de la jeunesse. Il sera alors question de suivre trois dimensions de ce regard comme caractérisant la dimension inconsciente à l’œuvre dans ce “ motif ”, l’idéal adolescent de pureté, la relation adolescente à l’excès et enfin, la question de l’évanescence dans sa relation au temps.
Les stratégies défensives des maladies du sida vis-à-vis de la finitude rappellent fortement celles qui se constituent pendant la période de l’adolescence. Il est question d’un moi blessé et attaqué par des forces de dé-liaison, d’idéaux infantiles qui tentent de se désagréger. La résurgence du fantasme d’immortalité qui survient et se développe lors de la révolution pubertaire permet l’effacement ou la méconnaissance de la blessure. À travers l’extrait d’une cure avec un patient sidéen, nous tentons de monter comment peut émerger ce fantasme et aussi dans quelle mesure le psychanalyste, en regard de l’idée d’une mort annoncée, peut se trouver délogé de sa position de neutralité et mis face à sa propre conviction d’immortalité.
En se regardant les yeux dans les yeux, les êtres humains changent radicalement de mode de communication : par ce regard partagé, ils quêtent l’intention de l’autre et ouvrent par conséquent l’espace de l’imaginaire et du fantasme là où la vision dans le monde animal en reste à la recherche d’indice : tel est l’argument de l’ouvrage Les yeux dans les yeux et le fil rouge de la réponse à G. Bonnet.
Le masochisme est étudié ici dans sa visée identitaire, donc sexuée. Envisagés comme autres façons d’être un homme ou d’être une femme, le masochisme masculin(isant) de la femme et le masochisme féminin(isant) de l’homme sortent du paradoxe et se repèrent dans la dynamique des périodes critiques : ainsi à l’adolescence, le masochisme est souvent le passage obligé de la sexuation, parfois sur le mode initiatique, sauvage ou culturel.
L’auteur analyse plusieurs articles et ouvrages qui ont été consacrés au rôle capital joué par le regard dans les relations humaines depuis quelque temps. Il en dégage les principaux enseignements et regrette le manque de concertation et d’échange qui les caractérise alors qu’il s’agit d’un sujet particulièrement brûlant. Cela tient sans doute au fait que l’on ne tient pas suffisamment compte des apports de J. Lacan concernant la distinction entre l’œil et le regard.
Depuis les années 80 le sida est devenu une incontournable présence dans l’univers des adolescents et jeunes adultes, présence parfois réelle, le plus souvent psychique. C’est un phénomène social dans son acception quantitative et statistique. Qu’en est-il de son articulation avec la réalité psychique de l’individu ? une sortie semblerait qu’elle dépend de la structure psychique du jeune et qu’elle serait mêmee de révélateur de cette structure profonde. À travers l’analyse d’une situation clinique au sujet d’un jeune borderline, nous essayons d’illustrer le sens que peut prendre la rencontre avec le sida pour le jeune, sa place dans l’économie psychique de celui-ci, ses bénéfices. Lors de la réflexion théorique qui en suit, l’attention est portée sur la pertinence des concepts de pulsion de vie et pulsion de mort dans la clinique avec les borderline..
Dans le jeu entre les sexes et les générations, le séducteur est avant tout un “ passeur ” qui va permettre à l’adolescente qui s’embarque avec lui de retrouver à la fois les multiples harmoniques de sa sexualité infantile polymorphe et un rêve incestueux. Ce passage est une retraversée du temps et d’une évolution socialement réglée vers un statut de femme et de mère ; il va en faire à nouveau une petite fille. Passage aussi au sens d’une transgression fantasmatique qui n’est possible que si celle-ci n’a pas eu lieu antérieurement dans la réalité. Car l’inceste n’est pas l’Œdipe mais son écrasement dans un télescopage entre le rêve et le réel.
Revue semestrielle de psychanalyse, psychopathologie et sciences humaines, indexée AERES au listing PsycINFO publiée avec le concours du Centre National du Livre et de l’Université de Paris Diderot Paris 7