Tous les articles par Admin

Anne Edan, Sophie Gasser, Laurent Frobert : angélique et les trois ours

L’histoire d’une adolescente de dix-sept ans hospitalisée pour décompensation psychotique illustre l’importance de préserver une ouverture diagnostique entre psychose de l’adolescence et psychose débutante en dépit de l’histoire et des symptômes. Les référents infirmiers ont constitué le fil conducteur entre les différents espaces thérapeutiques pour permettre une (re)structuration et une reprise de la symbolisation.

Gianluigi Monniello : actions thérapeutiques en psychothérapie d’aolescents

Comme d’autres constructions psychanalytiques de base, la théorie de l’action thérapeutique est actuellement en plein remaniement, et des théoriciens de convictions diverses proposent des mécanismes différents.

Dans ce domaine de la recherche clinique, l’auteur soutient que la psychothérapie psychanalytique d’adolescents permet de décrire aussi bien les buts du traitement, à savoir les changements, que la technique, à savoir les stratégies susceptibles de faciliter ces changements. Les interventions qui facilitent le changement peuvent être classées dans l’une des deux catégories suivantes: celles qui se servent de plusieurs aspects transformationnels de la relation thérapeutique et celles qui augmentent l’insight et renforcent l’identité.

En particulier le traitement de l’adolescent avec un trouble de la personnalité interroge l’identité du thérapeute qui est engagé spécifiquement dans un processus d’auto-analyse de sa propre adolescence. Le travail de reconnaissance et d’élaboration de ce processus peut se révéler une action thérapeutique fondamentale.

La description de deux vignettes cliniques vient illustrer les différentes actions thérapeutiques en jeu.

Arnaldo Novelletto : adolescence et psychanalyse. confrontation entre modèles théoriques et stratégies cliniques

L’auteur traite du débat toujours en cours au sujet des applications de la psychanalyse à des patients adolescents ; Il présente et argumente différentes thèses concernant les deux types d’interventions thérapeutiques que sont la psychanalyse et la psychothérapie.

François Richard : travail de représentation et processus psychotique

Dans cet article est faite l’hypothèse que le processus de subjectivation, en particulier à l’adolescence, recourt à la fermeté d’un style, qu’il soit de posture personnelle ou artistique, lorsque le sujet est menacé par des attaques psychotiques. On le voit alors intensifier son travail de pensée et de représentation, mais on distingue alors difficilement l’excès de conscience mélancolique, l’angoisse psychotique et un type de sublimation fasciné par le chaos pulsionnel. Une seconde hypothèse est faite concernant, à l’inverse, l’utilité d’une certaine solitude et de compromis masochistes avec l’objet et la réalité.

Un moment de crise d’allure psychotique chez une adolescente relevant d’une problématique névrotique est présenté dans la mesure où la quête de la singularité d’un style y endigue la décompensation.

Le théâtre de l’auteur dramatique S. Kane est ensuite analysé en détail, en effet on y trouve de façon exemplaire le paradoxe d’un suicide succédant à une maîtrise représentationnelle réussie.

Sont enfin discutées les propositions de Freud sur la destructivité masochiste et celles de D. W. Winnicott sur le noyau du vrai Self comme non-communication.

Jocelyn Lachance, Sébastien Dupont : La temporalité dans les conduites à risque : l’exemple du film Fight Club

En 1999, David Fincher signait le film Fight Club, souvent analysé comme une critique à l’égard du capitalisme financier. Mais au-delà de ce discours, ce film est une illustration saisissante des conduites à risque des jeunes, telles que l’anthropologie et la psychologie peuvent les interpréter. Nous proposons ici une re-lecture de l’œuvre de David Fincher, devenu un véritable film culte auprès des jeunes générations d’aujourd’hui. Nous verrons plus spécifiquement comment l’axe temporel occupe une place prédominante dans les expériences du risque auxquelles s’adonnent les protagonistes. Ces conduites à risque apparaissant alors comme des rites de passage, créés par des personnages en perte de repères, destinés à les ré-inscrire dans le temps individuel et social, dans l’histoire individuelle (celle de l’enfance) et la grande Histoire.

Laurence Chekroun : l’évolution d’une adolescente psychotique en psychothérapie

À partir des théories de E. et M. Laufer sur l’adolescence et celle de G. Haag à propos du développement normal des bébés, cet article propose des réflexions concernant l’évolution d’une adolescente en psychothérapie après une « cassure du développement » et l’apparition d’un délire au moment de la puberté.

Joëlle Bordet : l’amitié est rare dans la cité

L’amitié que les adolescents développent dans les situations “ de fixation ” au sein des cités est souvent influencée par leur milieu de vie. L’auteur pointe les différences de vécus chez les garçons et les filles et insiste plus particulièrement sur la nécessité de constituer avec ces jeunes des lieux de rencontre protégée, source d’élaboration. Enjeu éducatif fort pour lutter contre leur peur de l’extérieur mais aussi la peur des relations entre eux.

Walter Ernesto Ude Marques : amitié bandite : jeunesse, violence et masculinité

Cet article prend appui sur une recherche menée auprès de jeunes en régime de semi-liberté bénéficiant d’une prise en charge socio-éducative à Belo Horizonte, au Brésil.

Ces adolescents vivent dans un monde belliqueux où l’ethos guerrier est dominant, associé à l’idée que la virilité ne comporte pas d’affect. Construction imaginaire et réelle du monde moderne qui aliène la virilité à la violence. Le bandit n’a pas d’amis, l’amitié ferait partie du territoire du sacré.

La création d’espaces privilégiés, de dialogue, permettrait de déconstruire la virilité violente et ses rapports de domination pour que l’amitié ne soit pas bannie des rapports entre les êtres humains.

Pascal Le Maléfan : Georges-Arthur Goldschmidt, un adolescent orienté par “ l’amitié des livres ”

L’objet de cet article est d’illustrer une hypothèse sur le rôle de la lecture à l’adolescence comme vecteur de subjectivation. Alors que l’écrit semble délaissé, il est essentiel de soutenir qu’une rencontre avec un texte et son auteur ont des effets psychiques, pour peu qu’il y ait les conditions pour instituer de l’Auteur, soit une position externe d’exception qui fait précession. Cette opération aurait des similitudes avec les dimensions imaginaires et symboliques du stade du miroir.

L’autobiographie de l’écrivain-traducteur Georges-Arthur Goldschmidt dans laquelle il explicite son rapport à la lecture durant l’adolescence nous paraît illustrer ces dimensions.