L’œuvre théâtrale de B.-M. Koltès illustre plusieurs aspects de la crise de l’ordre symbolique, qui caractérise notre modernité en relation à la scène adolescente. Dans l’œuvre de cet auteur, nous assistons à l’essor du pubertaire vécu comme un traumatisme majeur par la famille, régie notamment par la confusion des générations et par la filiation narcissique. Pris dans une impasse développementale et sans soutien narcissique de la part des parents, le jeune koltésien s’illusionne de pouvoir fonder une communauté a-généalogique avec d’autres “ frères ”, et échapper par là au questionnement de la filiation. Mais à l’extérieur de sa famille il ne trouve que la haine et la violence. Au total, le corps à corps social ne fait que reproduire, en miroir, la violence de la scène pubertaire et celle de la famille incestueuse.