Au XIXe siècle, la Bible proposa une image nouvelle du corps humain aux Merina, dont la royauté était la plus puissante et la plus évangélisée à Madagascar. Le christianisme était censé les inspirer pour leur intégration dans la » civilisation « . Certaines institutions ancestrales, jugées contraires aux nouvelles traditions, étaient alors abandonnées. Cependant, le » besoin de la chair « , néologisme par lequel les missionnaires désignaient la luxure, restait insensible à la christianisation des murs. Les Merina utilisèrent la sexualité comme un champ de résistance, face à la crainte d’une emprise totale de l’Occident sur leur identité. Que ce fût au sein de la famille royale ou chez le commun des gens, les acteurs étaient surtout les adolescents : leur comportement avait été approuvé par leurs parents.
Adolescence, 1999, T. 17 n°2, pp. 263-274.