Le mythe de Narcisse est un mythe d’origine qui retrace l’origine des désirs visuels et de leurs avatars relatant comment chaque adolescent accède à la découverte de la beauté qui l’habite et à sa prise en compte. La légende de Marina rapportée et commentée par C. Louis-Combet dans son roman Marinus et Marina en est une autre illustration d’un point de vue féminin, en soulignant mieux encore le rôle nécessaire joué par les autres dans ce cheminement et ses deux moments essentiels: celui de l’intériorisation, au moment de la mort de la mère, en référence au père, et celui de l’appropriation proprement dite au moment de la mort du père, en relation avec une autre femme. Il en ressort que l’assomption de la beauté passe par celle du sexe propre et qu’elle suppose un cheminement à rebours vers une expérience esthétique première où la mère tient une place centrale.
Ce cheminement passe toujours par un croisement où surgit une épreuve plus délicate encore, celle de la rencontre avec l’autre sexe: pour supporter cette rencontre et en faire une épreuve féconde, il faut en passer d’une façon ou d’une autre par l’expérience du sublime. C’est pourquoi l’adolescent est tellement à la recherche d’expériences de ce type. C’est pourquoi aussi les dysmorphophobies sont chez lui si fréquentes, de même que certains traits hermaphrodites ou les divers comportements de travestissement. Ils témoignent des difficultés inhérentes à ce parcours ainsi que des détours qu’il entraîne. Surtout lorsque se produisent certains événements particulièrement perturbants: séparations brutales, deuils précoces, révélations intempestives sur les origines, etc. C’est pourtant en s’appuyant sur ces conditions spécifiques à chacun qu’on lui permet le mieux de se situer.