À partir d’une critique du terme « conduites addictives », l’auteur propose une réflexion métapsychologique centrée sur la compulsion de répétition et sur ses effets à l’adolescence, plus précisément dans les pathologies anorexiques. L’étude clinique du processus thérapeutique déployé au psychodrame dans le traitement d’une adolescente gravement anorexique, s’articule autour de constructions théoriques à propos de la dialectique des perceptions internes et externes. La question essentielle se pose quant au surinvestissement des perceptions externes – constitutif du narcissisme – au détriment des perceptions internes. Celles-ci sont considérées comme intrinsèquement liées aux affects qui constituent la « matière première » du transfert.
La seconde partie de l’article est consacrée au psychodrame analytique, à son intérêt et à ses fonctions, en de telles situations : fragmentation du transfert, jeux de doubles, et mise en mots des affects offrent autant de moyens pour traiter la violence pulsionnelle dans la mesure où la méthode assure la liaison entre les images et les mots, lorsque les affects sont barrés, emprisonnés voire étouffés. Ainsi le psychodrame trace le chemin de l’expérience effective de l’effondrement, dans son double versant, témoin de la détresse originaire et de la solitude œdipienne.
Adolescence, 2008, T. 26, n°4, pp. 941-957.