Le réel n’est pas seulement le trop qui nous envahit ou nous déborde, c’est aussi ce qui n’est pas perçu de ne pas avoir été suffisamment donné et qui toujours échappe. Le réel à l’échelon individuel ou collectif, c’est le rationnel économique et son positivisme irréaliste.
Pour parer au tranchant de l’économisme ambiant qui désenchante notre réalité, l’Art en tant que falsification du réel est d’un utile recours voire secours pour se réinventer soi et le monde. Mais il verse dans l’absurde et la destructivité s’il ne reste pas tangentiel aux limites tant internes qu’externes du réel. La psychanalyse pourrait aujourd’hui n’avoir plus qu’une seule indication : le désenchantement face au réel. L’aventure qu’elle propose au sujet qui veut goûter à la vitalité de la vérité et à la liberté libre de se confronter à la douleur, et de la dépasser pour éviter d’en avoir « réellement » peur.
Adolescence, 2021, 39, 1, 69-94.