L’infection à VIH est une affaire de sang, de sexe et de mort qui focalise ainsi des craintes réelles et imaginaires, constituant une surface de projection à nos peurs. Le VIH est l’un des agents de la transmission transgénérationnelle, organisatrice des liens familiaux. Toute explication sur le sida confronte l’enfant à des questions fondamentales comme celles sur les origines, la filiation, la sexualité et la mort. Les parents infectés envisagent l’actualité de la sexualité à l’adolescence comme une période propice à la révélation, comme si le risque de contamination à nouveau possible, rouvrait la chaîne du secret. Le travail proposé ici indique la possibilité aux descendants de s’extraire d’un ordre ancestral aliénant et mortifère, afin d’occuper une place au sein du groupe familial en co-construisant une histoire partagée. Ainsi, le parent sera appelé à se situer comme l’agent privilégié de la transmission, alors que celle-ci l’avait astreint à se démettre de sa position de sujet désirant, celui-ci ne pouvant que survivre ou bien errer comme un spectre.