En se servant des discussions, des inédits et des textes publiés, l’article montre que la référence à la nymphe chez P. Fédida, à l’exemple du texte de Nabokov sur Lolita, faisait partie d’une construction théorique importante relative à la représentation temporelle dans le complexe d’Œdipe. Celui-ci peut se concevoir des points de vue du vieillissement ou du rajeunissement. Ce débat est retracé ici, tout en expliquant l’arrière-plan de la recherche. P. Fédida a construit un complexe de la nymphette qui a une valeur diagnostique. C’est une idée intéressante dans la théorie psychanalytique qui renoue avec des travaux de Freud et de J. Lacan sur la signification de la jeune fille dans la vie psychique et plus particulièrement dans la psychologie masculine. La jeune fille reçoit un surinvestissement phallique en raison du complexe de castration qu’elle suscite. L’existence de la nymphette renvoie à ce complexe de castration, inspirant l’horreur de la femme mûre, et elle permet en même temps de le surmonter en introduisant cette figure d’une fille qui joue de sa prématurité. Toutefois, on ne peut pas fixer aisément l’âge ni de la nymphette ni de son destinataire. Les exemples cliniques autorisent une relative élasticité dans l’attribution de l’âge réel. Le complexe de la nymphette repose donc sur une situation paradoxale.
Adolescence, 2008, T. 26, n°2, pp. 323-337.