Cet article revient sur la recherche-action d’inspiration analytique qui a duré 5 ans, d’une équipe psychiatrique auprès des adolescents incarcérés dans un Quartier des Mineurs. Il donne les éléments des difficultés qualifiables de politiques que la méthodologie déontologique-technique de cette démarche a rencontrées avec la collégialité psychiatrique intervenant en prison, l’Administration pénitentiaire puis la Protection Judiciaire de la Jeunesse. Il situe à l’intérieur de la crise plus générale des relations Santé-Justice, une certaine tendance au minimalisme psychiatrique auprès des adolescents incarcérés. Il expose au plan de la psychologie sociale des acteurs, les difficultés de l’indépendance du Sanitaire dans les prisons, eu égard aux personnalités difficiles de certains prisonniers, et au versant humaniste de l’Administration pénitentiaire et à la réintégration de la Protection Judiciaire de la Jeunesse dans les prisons pour mineurs depuis le début du XXe siècle. Il critique les axes principaux de la rhétorique qualifiée de « rhétorique ad hoc » qui soutient aux plans idéologiques et techniques la création de 7 établissements pour mineurs qui représentent des budgets considérables. Enfin, il montre les limites, du fait des caractères structuraux de l’autoritarisme sécuritaire pénitentiaire et de l’action des parquets, de la tentative d’organiser l’incarcération des mineurs sur le modèle d’une Institution médico-sociale.
Adolescence, 2009, T. 27, n°2, pp. 383-397.