Homère privilégie deux types de héros : celui d’Achille dans l’Iliade, qui magnifie le combat à mort et a fait bien des émules au cours de l’histoire, et puis celui qu’incarne Ulysse dans l’Odyssée où le héros s’illustre en déjouant les obstacles qu’il rencontre sur la route du retour vers son lieu d’origine. D’un côté nous avons une lutte duelle qui certes entraîne la notoriété, mais provoque la destruction de l’une des deux parties en présence, et de l’autre, un combat de tous les instants du héros pour sauver sa vie et retrouver sa place dans la cité. Le premier privilégie le regard et se soumet aux exigences du paraître, le second au contraire s’en prend d’abord à l’œil qui le domine et en démonte les rouages pour se donner un nom. Le processus adolescent participe de ces deux parcours à la fois, et suppose le dégagement progressif de l’emprise du voir qui fait miroiter l’idéal. En se référant à diverses œuvres littéraires, l’auteur montre à quelles conditions cette évolution est possible.
Adolescence, 2013, T. 31, n°2, pp. 313-326.