Je décris dans cet article ma pratique de la consultation thérapeutique avec les adolescents, l’explicitant à travers quatre extraits d’entretiens, après une réflexion de certains auteurs qui m’ont aidé à la penser. Je parle des conditions qui président la communication avec mon patient, particulièrement l’identification narcissique. Le point central de ma technique est ce que j’appelle le travail de composition, ainsi défini : Le travail de composition est une mise en récit d’éléments divers, parfois inconscients, le plus souvent préconscients et manifestes. Il met en lien, aussi, les différents régimes de fonctionnement. Création de la séance, ses constituants viennent indistinctement de la présentation du patient ou de la pensée de l’analyste. Ce dernier prend en charge la narration sur un mode propositionnel, dit la souffrance autrement que de manière symptomatique et ne vise pas une vérité profonde. Sur un plan concret cela signifie qu’il doit être prêt à l’abandonner, si le patient la juge déplacée ou inutile. Son caractère explicatif est porteur de sens, mais n’est pas nécessairement une hypothèse causale et peut prendre la forme de la mise en scène d’un conflit, ou de la formulation d’un paradoxe. La composition est un récit qu’on peut réécrire à l’infini, si besoin. Elle est aussi une proposition d’un mode de fonctionnement : des expériences variées, source de douleur ou de joie, parfois contradictoires, voire paradoxales, peuvent se dire à travers une narration. Et l’analyste invite le patient à devenir lui-même compositeur, et, ce faisant, en éprouver un soulagement ou, même, du plaisir. Dans ce sens, la composition est un instrument de transformation. Je termine en précisant que ce travail doit conduire à une déconstruction des fonctionnements gênants, source de souffrance et empêchant le développement psychique.
Adolescence, 2011, T. 29 n°1, pp. 9-62.