Archives par mot-clé : Violence

Viviani Do Carmo, Miriam Debieux Rosa : la construction subjective des adolescents brésiliens face à la violence du lien social

Au Brésil, entre 2002 et 2010, plus de 230 000 jeunes, entre 15 et 25 ans, ont été assassinés. Cet article propose une analyse des vicissitudes de la construction subjective des adolescents brésiliens immergés dans un environnement de pauvreté, d’anomie sociale et de violence. À partir de la création d’un dispositif clinique groupal, les groupes de conversation, d’orientation psychanalytique, réalisé auprès des adolescents en milieu scolaire, l’auteur a pu construire l’hypothèse suivante : étant donné la violente disqualification de leur vie et le  manque absolu de perspective d’une inscription dans un lien à minima indicateur de participation phallique dans le champ social, certains jeunes font de la violence leur propre fiction et une modalité de lien social. Depuis un fragment de cas, l’auteur propose également d’aborder la méthode utilisée dans la conduite de ces groupes de conversation. 

Adolescence, 2013, T. 31, n°3, pp. 589-600.

Alberto Konicheckis : processus adolescents, objet de transfert familial

Des consultations familiales avec la famille L. permettent de montrer comment les processus adolescents constituent une sorte de vecteur qui donne forme à différentes pulsionnalités de la famille. Ces processus peuvent donc être considérés comme un objet de transfert familial. À travers l’analyse du métabolisme psychique familial, les disputes fraternelles, le retentissement de conflits inter et transgénérationnels ainsi qu’inter-familiaux, il est apparu que les processus adolescents chez Thomas, fils de treize ans d’un premier mariage de Madame L., exercent une sorte d’attirance sur des violences implicites de la famille. La rupture interne dans le développement chez le jeune adolescent entraîne également une rupture des alliances inconscientes entre les membres de cette famille.

Adolescence, 2010, T. 28, n°1, pp. 113-122.

Gérard Bonnet : « vengeance as a means of survival » or life violence, death violence

Violence is one of the most feared forms of human violence and also offers privileged ground for studying this violence in itself. For psychoanalysis, perversion is the psychical organization which most clearly illustrates how this desire for vengeance originates in the human psyche. Its aim is nonetheless paradoxical, as I tried to show in one of my recent books with the title : Perversion, vengeance as a means of survival (Bonnet, 2008). For if the perverse person has such an investment in vengeance, it is paradoxically in order to survive and to counterbalance another, deadly violence, fearsome in another way, which threatens him relentlessly from within. The perverse person counterbalances this death violence by investing every facet of vengeance and it is important to identify these in order to defuse the immediate dangers. Then we see that he invests this survival violence in two ways : either by taking them out on others, whom he transforms into survival objects, in the most serious perversions, when the subject is entirely steered by the dialectic of violence ; or else by investing against his will some facet of the violence in such a way that it is limited to its consequences for the other : this runs the gamut from Don Juanism to masochism and fetishism, and includes all the varieties of narcissism and voyeurism that are rampant today.

Adolescence, 2011, T. 29 n°2, pp. 281-291.

Danielle Hans : le cadre institutionnel dans ses rapports à la transgression et à la Loi

L’analyse d’une courte séquence d’un entretien non directif avec un jeune adolescent conduit l’auteure à considérer le cadre institutionnel comme une instance de réflexivité, dont la fonction de limitation du désir n’est pas un contrôle sur le sujet mais plutôt un moyen de l’aider à se sortir des déterminations psychiques qui l’aliènent. 

Adolescence, T. 31 n°1, pp. 153-160.

Cindy Vicente, Philippe Robert : du fantasme de l’enfance « on bat un enfant » à l’acte d’adolescence « je bats mon parent »

Freud aborde le fantasme de fustigation « on bat un enfant » comme faisant partie de la dynamique psychique de tout individu. Il se manifeste à la fin de la période infantile et est issu de remaniements psychiques rythmés par trois phases. Une réécriture de ce fantasme émerge lors de l’adolescence. Frapper le parent est considéré comme la mise en acte de ce que tout adolescent fantasme : « Je bats mon parent ». On comprend que les phases surviennent de façon télescopée, toutes au même moment, portées par la flambée pubertaire. Chacune vient marquer un mouvement différent d’élaboration de la séparation d’avec les figures œdipiennes. La réémergence de ce fantasme à l’adolescence vient déborder le système de pensée, laissant coexister de forts désirs œdipiens tout en punissant un autre de ne pas les avoir arrêtés.

Adolescence, T. 31 n°1, pp. 37-47.

Gérard Bonnet : « se venger pour survivre » ou violence de vie, violence de mort

La vengeance représente l’une des formes de la violence humaine les plus redoutées et offre aussi un terrain privilégié pour étudier cette violence pour elle-même. Pour la psychanalyse, la perversion est l’organisation psychique qui illustre le plus clairement comment naît ce désir de vengeance dans la psyché humaine. Sa visée est toutefois paradoxale, ce que j’ai voulu mettre au premier plan d’un de mes derniers livres en le titrant : La perversion, se venger pour survivre (Bonnet, 2008). Car, si le pervers investit à ce point la vengeance, c’est paradoxalement pour survivre et pour faire contrepoids à une autre violence, mortifère, autrement redoutable, qui le menace de l’intérieur sans relâche. Le pervers fait contrepoids à cette violence de mort en investissant toutes les facettes de la vengeance et il est important de les identifier pour en désamorcer les dangers immédiats. On s’aperçoit alors qu’il investit cette violence de survie de deux façons : soit en s’en prenant à d’autres qu’il transforme en objets, dans les perversions les plus graves, quand le sujet est entièrement sous la gouverne de la dialectique de vengeance ; soit en investissant à son corps défendant telle ou telle facette de la vengeance de telle façon qu’elle reste contenue dans ses conséquences pour l’autre : cela va du donjuanisme au masochisme et au fétichisme, en passant par toutes les modalités du narcissisme ou du voyeurisme qui prolifèrent aujourd’hui.

Adolescence, 2011, T. 29 n°2, pp. 281-291.

Pascal Minotte : cyberdépendances et autres inquiétudes déclinologiques

Compte tenu de la place importante qu’ils occupent dans les loisirs des adolescents, les jeux vidéo et leurs usages sont devenus des objets d’étude incontournables. Parmi les questions posées par ces recherches, deux s’avèrent tout particulièrement sensibles par leurs implications idéologiques et politiques. La première concerne le surinvestissement dont les jeux vidéo peuvent faire l’objet, appelé parfois « cyberdépendance » ou « passion obsessive ». La seconde, ravivée à chaque fait divers impliquant des mineurs, porte sur la possible exportation « In Real Life » du contenu violent de certains d’entre eux. C’est dans ce contexte que, à la demande de la Ministre wallonne de la Santé, de l’Action sociale et de l’Égalité des Chances (Belgique), l’Institut Wallon pour la Santé Mentale a réalisé un état des lieux de la connaissance sur ces deux questions. L’article propose un résumé de ce travail.

Adolescence, 2012, T. 30, n°1, pp. 89-99.

Jean-Yves Chagnon, Florian Houssier : l’illusoire attente de la demande

Cet article, en appui sur une brève vignette clinique d’un jeune meurtrier ayant présenté des troubles du comportement à l’adolescence et s’étant vu refuser l’accès aux soins sous prétexte d’absence de demande, vise à discuter et critiquer ce concept. Les auteurs montrent certaines des raisons pour lesquelles il est impossible à ces adolescents d’effectuer une demande verbale de soins, alors que c’est leur comportement lui-même qui a valeur de demande dans son adresse inconsciente à l’autre. Les théorisations qui font l’hypothèse d’une spécificité du langage de l’acte à l’adolescence sont rappelées : elles permettent de penser les dispositifs et aménagements thérapeutiques nécessaires à la prise en charge par l’environnement de la souffrance psychique de ces sujets.

Adolescence, 2013, 30, 4, 919-933.