Archives par mot-clé : Transmission

Michel Botbol, Luc-Henry Choquet : discipline and transmitting, change and continuity of transmission in the juvenile justice system

A lack of transmission of values, especially those linked to the notion of authority, is often cited as determining factor in juvenile delinquency. On these grounds, successive governments since 1998 have taken initiatives which tend to favor restraint and punishment in judicial treatment of minors. This position runs up against the representations of juvenile justice professionals dealing with delinquency, who see in this development a radical calling into question of the values which have been transmitted to them. Based on their reading of the edict n° 45-174 of February 2, 1945 on juvenile delinquency, they consider that there has been a profound rupture in the mission of this specialized judicial system, which new orientations have transformed from a protective model into a repressive model obliging them to employ values contrary to the ones in which their professional engagement is rooted.
This article reconsiders this presentation of the question and seeks to highlight what nevertheless constitutes transmission and continuity within this movement. To do this, it begins by rereading the edict and its statement of purpose and examines the issue by questioning the psychological and psychiatric models on which the tenets of the rupture are based in order to demonstrate it. This rereading shows, among other things, that it is the evolution of representations of the edict and not the edict itself which has led to this impasse about the repressive and restraining dimensions contained in it; it also shows how a very limited representation of the therapeutic (essentially that of treatment limited to the model of individual psychotherapy) gave rise to the classic conviction that that juvenile justice system suffers from too much clinical influence, as opposed to the « imperatives of discipline ». Thus it is the disciplinary model of help-restraint which has always been promoted by the edict of 45, contrary to what the classic reading of it might lead one to believe.
Referring to the dynamic of problem adolescents, the authors consider that the disciplinary model which combines help and restraint is the most suited to the disciplinary and therapeutic needs of these young people. Calling into question the rupture that some would place at the forefront, they defend the idea that it is important to base the transmission of the juvenile justice system’s disciplinary values on the transmission of this model which, in these conditions, does not require a calling into question of a cherished clinical tradition, as this is also led to adapt its model and its practices to the psychopathological particularities of adolescents treated in this context.

Adolescence, 2009, T. 27, n°2, pp. 355-374.

Céline Simonnet-Toussaint, Pascal-Henri Keller, Marion Haza : le vin à l’épreuve de la filiation

À partir d’une recherche sur les représentations du vin chez les jeunes adultes, nous avons été amené à envisager la question de la filiation et notamment le rapport à la fonction paternelle dans une dynamique trans-générationnelle. En proposant des entretiens cliniques ayant pour seule consigne : « Racontez-moi votre histoire personnelle du vin », les sujets rencontrés ont associé le signifiant « vin » à des problématiques inattendues. Ainsi, penser le vin revient bien souvent à penser le père et par là même, la mère. Le cas de Lucien montrera alors comment, par le jeu transférentiel, l’entretien clinique de recherche a pu permettre au sujet la mise en mots d’une histoire familiale traumatique.

Rosenblum Ouriel : la jeune fille et le mort. quand la transmission du féminin est dangereuse

L’infection à VIH est une affaire de sang, de sexe et de mort qui focalise ainsi des craintes réelles et imaginaires, constituant une surface de projection à nos peurs. Le VIH est l’un des agents de la transmission transgénérationnelle, organisatrice des liens familiaux. Toute explication sur le sida confronte l’enfant à des questions fondamentales comme celles sur les origines, la filiation, la sexualité et la mort. Les parents infectés envisagent l’actualité de la sexualité à l’adolescence comme une période propice à la révélation, comme si le risque de contamination à nouveau possible, rouvrait la chaîne du secret. Le travail proposé ici indique la possibilité aux descendants de s’extraire d’un ordre ancestral aliénant et mortifère, afin d’occuper une place au sein du groupe familial en co-construisant une histoire partagée. Ainsi, le parent sera appelé à se situer comme l’agent privilégié de la transmission, alors que celle-ci l’avait astreint à se démettre de sa position de sujet désirant, celui-ci ne pouvant que survivre ou bien errer comme un spectre.

Serge Hefez : Adolescence et sida : líimpossible transmission

La plupart des interrogations formulées par les adolescents séropositifs participant à notre groupe de parole concerne le secret qui entoure les contaminations. Ce secret est générateur de clivages et de dénis qui protègent dans un premier temps líadolescent comme líensemble de sa famille ; il se transforme cependant rapidement en un attracteur qui aspire les investissements émotionnels, qui structure un pôle vers lequel convergent les résistances du discours, et qui cristallise le dispositif défensif en une figure organisatrice de répétition et díhoméostasie. Les mécanismes du désaveu et de sa transmission ont beaucoup été étudiés sur le plan transgénérationnel. Les situations de groupes ou d’entretien familial portent cependant notre attention sur díautres mécanismes, à savoir les processus et les formations psychiques impliquées dans les dynamiques intergénérationnelles.

Adolescence, 1999, T. 17 n°2, pp. 30-40.

Emmanuel Diet : perspectives critiques sur l’adolescence, l’acculturation scolaire et la politique hypermoderne

Dans le contexte du néo-libéralisme et de l’effondrement des métacadres sociaux, le déni de la différence générationnelle met en crise la transmission culturelle à l’école par l’évitement des conflictualités identificatoires œdipiennes et l’attaque des organisateurs psychiques et culturels. Les souffrances, les violences et transgressions adolescentes sont à comprendre comme les symptômes et les conséquences de l’idéalisation politique de la perversion et de la régression à l’infantile dans le social-historique.

Adolescence, 2009, T. 27, n°2, pp. 431-445.

Michel Botbol, Luc-Henry Choquet : éduquer et transmettre. changement et continuité de la transmission dans le contexte de la justice des mineurs

Le défaut de transmission des valeurs, et notamment celles qui sont liées à la notion d’autorité, est souvent évoqué comme un facteur déterminant de la délinquance des mineurs. C’est sur cette base que les gouvernements successifs ont pris, depuis 1998, des initiatives qui tendent à donner plus de place à la contrainte et à la sanction dans le traitement judiciaire des mineurs délinquants. Cette position heurte les représentations des professionnels de la justice des mineurs qui voient dans cette évolution une remise en cause radicale des valeurs qui leur ont été transmises. À partir de la lecture qu’ils font de l’ordonnance n° 45-174 du 2 février 1945 sur l’enfance délinquante, ils considèrent qu’il s’agit là d’une rupture radicale dans les missions de cette justice spécialisée que ces nouvelles orientations feraient passer d’un modèle protectionnel à un modèle répressif obligeant aux dégagements de valeurs contraires à celles sur lesquelles ils avaient fondé leur engagement professionnel.

Cet article reconsidère cette présentation de la question et cherche à mettre en exergue ce qui fait pourtant transmission et continuité au sein de ce mouvement. Pour ce faire, il  procède à une relecture de l’ordonnance et de son exposé des motifs et examine la question en remettant en cause les  modèles psychologiques et psychiatriques sur lesquels s’appuient les tenants de la rupture pour la  démontrer. Cette relecture fait notamment apparaître que c’est l’évolution des représentations de l’ordonnance, et non cette ordonnance elle-même, qui ont conduit à faire l’impasse sur les dimensions répressives et contraignantes qu’elle contient ; elle fait également apparaître que c’est à partir d’une représentation très limitée du thérapeutique (essentiellement celle d’une clinique limitée au modèle de la psychothérapique individuelle) que s’est forgée la conviction classique que la justice des mineurs souffre d’une  influence excessive de la clinique qui s’opposerait à la primauté de « l’impératif éducatif ». C’est donc bien le modèle éducatif de l’aide contrainte qui a toujours été promu par l’ordonnance de 45 contrairement à ce qu’a pu laisser penser la lecture classique qui en a été faite.

En se référant à la dynamique des adolescents difficiles, les auteurs considèrent que le modèle éducatif associant aide et contrainte est celui qui est le plus apte a prendre en compte les besoins éducatif et thérapeutique de ces jeunes. En remettant en cause la rupture que certains mettent en avant, ils défendent l’idée qu’il importe d’asseoir la transmission des valeurs éducatives de la justice des mineurs sur la transmission de ce modèle qui, dans ces conditions, n’exige pas de remettre en cause une tradition clinique valorisée, dès lors qu’elle est elle aussi conduite à adapter son modèle et ses pratiques aux particularités psychopathologiques des adolescents suivis dans ce contexte.

Adolescence, 2009, T. 27, n°2, pp. 355-374.

Gaia Petraglia : from the other side of the ocean. being parents and children in a foreign land

Beginning with a reflection on contemporary cultural mixing, the author will analyze this issue as it relates to second-generation immigrant children and their parents. Using some clinical examples of children and their parents received in a Pschological Service for immigrants, she reflects upon the trauma of migration and on the non-elaborated secrets which are passed down to the next generation. Also she raises the question of cultural counter-transference, a central factor in preventing fallout within the therapeutic relation, and analyzes the creative potential of second generation adolescents.

Adolescence, 2013, T. 31, n°3, pp. 677-697.

Gaia Petraglia : de l’autre côté de la mer. être parents et enfants en terre étrangère

L’auteur, partant d’une réflexion sur le métissage contemporain, s’arrête sur l’analyse de la question relative aux adolescents de la seconde génération et de leurs parents. À travers quelques exemples cliniques d’enfants et de leurs parents écoutés dans un Service Psychologique pour familles émigrées, elle réfléchit sur le trauma migratoire et sur les secrets non élaborés qui se transmettent dans les générations suivantes. Elle pose de même la question du contre-transfert culturel, élément central pour ne pas causer de dégâts dans la relation thérapeutique et analyse la potentialité créative des adolescents de seconde génération.

Adolescence, 2013, T. 31, n°3, pp. 677-697.

Didier Drieu, Stéphane Corbin : Rites de groupes et héritages traumatiques à l’adolescence

Certaines conduites à risques ont pu être comprises comme symptomatiques d’un « détraquement » des rites à l’adolescence. Ces comportements sont davantage utilisés pour tutoyer la mort, pour réintroduire le jugement ordalique quand des adolescents ne parviennent pas à intégrer l’insaisissable, faute d’être étayés dans leur cheminement par des références à l’institution. Toutefois, ces séquences  paradoxales flirtent également, de manière cryptée, avec des mécanismes d’auto-création de soi dans un contexte de filiation traumatique. Ainsi, ces dynamiques reposent à la fois sur le fonctionnement adolescent, de leurs groupes et se trouvent mobilisées en négatif lorsque règnent des violences traumatiques en héritage. Nous proposons de discuter de ces configurations à travers l’exemple d’un groupe de jeunes harkis.

Adolescence, 2010, T. 28, n°4, pp. 899-906.

Johanne Rosier : the house of Bernarda Alba : the disavowal of the feminine and the refusal of change

Frederico Garcia Lorca’s drama « The Bernarda Alba’s home » unveils the life of five girls plunged by their mother into an eight years mourning. Adela, the youngest daughter will begin a violent fight against her mother which will seal her femininity’s fate. The central question has to do with the vagaries of the bipartition of the subjectivation between continuity and change.

Adolescence, 2011, T. 29 n° 3, pp. 665-671.