En exhibant sa trace locomotrice, le tagueur s’invente une ville où se profilent ses fantasmes identitaires grâce auxquels il espère intégrer sa relation aux autres en se faisant l’objet de sa propre pratique. La rue ne se distribue plus alors en “ territoires ” mais en moments d’histoire, en temps en morceaux, permettant à des singularités à l’essai de dériver vers ce qui fait appel du dehors. Non pas production d’œuvres mais de ce qui œuvre en elle, la rue taguée sécrète les excès et les incertitudes de l’adolescence en insérant dans une actualité les figures d’une pulsion qui d’archaïsante peut se sublimer.
L’auteur s’intéresse aux articulations entre espace urbain et espace psychique. À partir d’une expérience clinique et de recherches sur les adolescents en errance dans deux grandes villes africaines (Dakar et Bamako) il tente une exploration topologique des incidences subjectives singulières et groupales des lieux (cités de banlieues) et de la vie de la parole qui s’y joue. S’en suivent des considérations sur les tags et sur les usages de drogues.
Revue semestrielle de psychanalyse, psychopathologie et sciences humaines, indexée AERES au listing PsycINFO publiée avec le concours du Centre National du Livre et de l’Université de Paris Diderot Paris 7