Archives par mot-clé : Solitude

Michel Delage : échec à l’autonomisation et solitude. Place d’une approche thérapeutique familiale

Sur le chemin de son autonomisation, l’adolescent rencontre parfois la solitude. Certaines conduites pathologiques comme les fugues ou les “ faux-départs ” paraissent en témoigner, à la fois expression de malaise ressenti et appel à l’autre. La théorie de l’attachement offre comme théorie de la relation un modèle de compréhension de ces situations dont la cohérence tient dans le fait qu’elle se centre sur l’interpersonnel et sur la possibilité d’interventions thérapeutiques familiales. Dans cette direction les deux concepts de “ résonance ” de “ d’objet flottant ” présentent un grand intérêt.

Yvon Brès : solitude : bouderie

Les souffrances de la solitude, qu’on lie en général à l’isolement, mais qui sont aussi de nature dépressive, pourraient être rattachées à cette conduite – infantile et adulte – de bouderie, laquelle consiste à feindre certains types de souffrance afin d’exercer un chantage sur autrui.  La bouderie a des effets physiologiques nocifs ; elle comporte aussi des bénéfices secondaires (particulièrement visibles chez le Rousseau des Rêveries du promeneur solitaire) ; elle risque enfin de déclencher des refoulements entraînant la disparition de son sens et transformant une conduite « voulue » en un ensemble de symptômes subis. La restitution du sens originaire de cette conduite pourrait fournir des arguments à une psychanalyse qui insiste sur la dimension du « sujet ».

Philippe Gutton : solitude et désolation

Article théorique. La solitude est définie comme un affect qui exprime l’écart, ou la limite, entre les objets externes et les objets internes suffisamment bon pour permettre l’activité créatrice d’un sujet. Cet écart est justement critique à l’adolescence. La désolation est le vide interne de la psyché ne trouvant pas dans l’environnement de traces pour sa créativité ; la désolation serait la base des processus psychotiques de modalités dépressive, hallucinatoire et paranoïaque.

Thomas F. Barrett : défenses maniaques contre la solitude à l’adolescence

Dans cet article je souligne les difficultés auxquelles les adolescents sont confrontés alors qu’ils essayent de parvenir à la séparation d’avec l’objet. Même pour les individus qui vont bien, ce processus est long et conflictuel, entraînant un état interne insoutenable, qui est déclenché par le sentiment de perte d’objet.

Se sentir seul à l’adolescence est la conséquence non pas d’un retrait d’amour de la part de l’objet, mais plutôt d’un processus incontournable à l’intérieur de l’adolescent qui, de façon progressive, retire les investissements libidinaux des objets primaires pour les transférer sur de nouvelles relations adultes. Ainsi, un sentiment profond « d’être » vide, ressenti par beaucoup d’adolescents, est associé à ce processus. Les défenses mobilisées pour combler ce vide sont de caractère maniaque, y compris l’acquisition compulsive des objets de remplacement (e.g., musique téléchargée sur Internet, jeux vidéo, nourriture, vêtements, chaussures, etc.) ainsi que la consommation excessive d’alcool, de drogue et de cigarettes. Toutes ces défenses semblent témoigner d’une tentative régressive, relevant d’un registre oral et des processus primaires (souvent cyclique, rythmée par des mouvements « d’incorporation » et « d’expulsion »), pour tenter de transformer la dépression et le sentiment d’être seul en allégresse, et de trouver répit dans des activités fondées sur le principe de plaisir. J’ajouterai que, bien que les causes de ce sentiment d’être seul soient complexes, il fait partie des nombreux éléments qui sont à l’origine de la promiscuité sexuelle, des troubles d’alimentation et des symptômes de scarification et d’auto-mutilation.

Adolescence, T. 31 n°1, pp. 195-216.