Archives par mot-clé : Scènes pubertaires

Alix Bernard : les séparations d’amadou

Cet article rend compte d’un travail de psychothérapie individuelle entrepris avec un adolescent sourd, au sein de l’institution spécialisée où il était accueilli, et montre combien l’adolescence peut être une crise violemment désorganisatrice, mais aussi un moment où se mobilisent de nouvelles ressources. Séparé de sa famille du fait de son handicap depuis l’âge de quatre ans dix mois, l’entrée en puberté ramène au premier plan la question de cet éloignement. Amadou évoque alors différentes versions de cette séparation, véritables « scènes pubertaires » (Gutton, 1991) dans lesquelles s’actualise l’événement infantile, la violence de cet événement se liant à celle de l’adolescence. La crise traversée est l’occasion d’élaborer le trauma infantile, et de trouver et d’interroger les appuis proposés par l’environnement – la psychothérapie, l’institution et l’entourage familial. Cette étude de cas permet de réfléchir plus généralement aux enjeux œdipiens de la séparation, la visite de ses parents à l’acmé de sa crise lui ayant permis de s’engager plus avant dans un processus adolescens (Gutton, 1996). Ce travail offre également l’opportunité de s’intéresser aux travaux d’anthropologues et psychanalystes (Erny, 1972, 1988 ; Ortigues, 1966) dont les travaux apportent un éclairage précieux sur la séparation de l’enfant d’avec la mère et la famille, et sur les spécificités de l’organisation œdipienne en milieu africain.

Adolescence, 2010, T. 28, n°4, pp. 795-815.

Christian Bonnet, Stéphanie Pechikoff : roman adolescent et scènes pubertaires

Nous proposons la notion de roman adolescent à entendre ainsi : l’articulation de la structure du roman familial à des scènes pubertaires, comme scènes « neuves » ou  compositions-créations, dans une dimension plus élaborative que défensive. Le roman adolescent n’est pas une simple réédition, mais bien la création d’un scénario désirant dont le mouvement exige trois temps logiques : une mise en tension des structures du roman familial ; la mise en exergue de scènes pubertaires composées de « blasons » attachés à des axes désirants ; enfin, un mouvement narratif produisant transférentiellement ce roman adolescent dans les entretiens cliniques. Les cas de Gunther et de Céleste analysent les romans, leurs formes ainsi que leurs fonctions d’élaboration et de construction psychique au service du processus adolescens. Le roman adolescent quand il se révèle sous transfert, est spécifique et se distingue du roman familial freudien par la représentativité des scènes pubertaires.

Adolescence, 2011, T. 29 n°4, pp. 787-800.