Archives par mot-clé : Regard

Mario De Vincenzo : la double limite : du regard au pensable.

Cet article rend compte du rapport existant entre l’expérience spéculaire primaire et la constitution des limites soi/autre. L’exploration d’un cas clinique permet d’apprécier l’importance du regard de l’autre comme condition nécessaire au déploiement du processus de subjectivation et à l’articulation d’une double limite dedans-dehors et inconscient-préconscient-conscient.

Adolescence, 2020, 38, 1, 135-138.

Gérard Bonnet : le regard. Le signal avant-coureur de l’énigme

C’est seulement depuis un demi-siècle environ que la philosophie et les sciences humaines considèrent le regard pour lui-même et étudient sa présence et son action dans la vie actuelle et dans l’histoire. Se fondant sur les recherches récentes des historiens des mentalités, l’auteur suit pas à pas la façon dont s’est effectuée cette émergence, de façon à dégager la spécificité de la notion freudienne correspondante.

 

Il envisage ensuite comment la psychanalyse est parvenue progressivement à situer le regard au sein des objets qui régissent notre vie inconsciente. Tantôt confondu avec le sexe, avec une instance surmoïque, ou tutélaire, ou avec un objet partiel, il est plutôt à définir comme le signal avant-coureur du message énigmatique, condensant le noyau sexuel du message et poussant le sujet à lui donner corps d’une façon ou d’une autre.

France Audiffred : « est-ce qu’on peut aller là où on ne va jamais ? »

Dans la clinique en institution, les adolescents aveugles font souvent entendre leur crainte de ne pas être vus. Sortir de l’invisibilité suppose de se confronter au regard de l’Autre essentiel à la validation spéculaire et à la question du manque et de la perte infléchie par la privation sensorielle.

Raquel A. Barreira Rolim, Isabelle Letellier : transgressions sexuelles et amour à l’adolescence : le réel dans le regard de l’autre

Les auteurs étudient la fonction du regard et ses enjeux cliniques dans la confrontation de l’adolescent au Réel du sexuel à partir de deux cas cliniques, dans lesquels le regard vient cristalliser le trauma après l’aveu à l’Autre d’une transgression sexuelle.

Adolescence, 2014, 32, 1, 199-208.

Philippe Gutton : le phare

 

La séance et son continuum dans la vie quotidienne est à réfléchir bien sûr comme une relation tierce ; « deux personnes se regardant » s’y trouvent réunies et compromises sous un même regard autre ; un groupe se constitue, confiance (ou illusion) partagée. Le phare d’abord inconnu (étranger) inspire des échanges de plus en plus familiers : parler remplace être regardé. Les interactions qui définissent le site pourraient grâce à cette construction tierce être dès lors interprétées ou « reconstruites ».

Daniel Marcelli : mon œil : réponse à gérard bonnet

En se regardant les yeux dans les yeux, les êtres humains changent radicalement de mode de communication : par ce regard partagé, ils quêtent l’intention de l’autre et ouvrent par conséquent l’espace de l’imaginaire et du fantasme là où la vision dans le monde animal en reste à la recherche d’indice : tel est l’argument de l’ouvrage Les yeux dans les yeux et le fil rouge de la réponse à G. Bonnet.

 

Gérard Bonnet : l’œil ou le regard ? à propos de quelques écrits récents centrés sur la question du regard

L’auteur analyse plusieurs articles et ouvrages qui ont été consacrés au rôle capital joué par le regard dans les relations humaines depuis quelque temps. Il en dégage les principaux enseignements et regrette le manque de concertation et d’échange qui les caractérise alors qu’il s’agit d’un sujet particulièrement brûlant. Cela tient sans doute au fait que l’on ne tient pas suffisamment compte des apports de J. Lacan concernant la distinction entre l’œil et le regard.

Daniel Oppenheim: L’ adolescent cancéreux et la beauté

L’adolescent est soumis à la laideur qui vient du cancer et de sa mort possible. Retrouver la beauté du monde et la sienne propre lui est nécessaire pour sortir de l’aliénation à l’expérience du cancer et affirmer que la mort n’a pas imposé sa loi inhumaine, qu’il guérisse ou non. La quête de sa beauté se fait dans le désinvestissement des signes visibles du cancer, la redécouverte de son identité, dans les divers actes de création, dans l’affirmation de sa présence unique au monde. Il/elle ne peut l’accomplir seul(e). Nous devons, authentiquement, par le regard et l’écoute, découvrir sa beauté, et la nôtre.

Philippe Givre: Le visage ravagé par les yeux

A quelle esthétique nous renvoie le corps anorexique? Si la quête du beau ou la grandiosité du sublime ne semblent guère correspondre à l’esthétique anorexique, des accointances plus sérieuses peuvent être mises en évidence avec l’esthétique de la laideur. La séduction du laid renverrait, selon Murielle Gagnebin (cf. La fascination de la laideur) à la fois à une nostalgie de l’enfance et à la maladie de la temporalité sur l’homme. Des affinités étroites se trament donc entre la mort, le temps et la laideur. Le laid ne peut être simplement considéré comme l’envers du beau puisqu’en donnant à voir ce qui est généralement dissimulé ou sublimé, il nous fait côtoyer les rivages d’une sexualité régressive et perverse. L’esthétique de la laideur répondrait de la sorte au besoin impérieux de se familiariser avec les figures spectrales qui peuplent l’univers du narcissisme de mort. En ce sens, « l’en-deçà psychanalytique du laid » n’est pas sans apporter un éclairage nouveau sur le contenu et la tonalité des fantasmes anorexiques. Sur un mode similaire à l’esthétique de la laideur, l’esthétique onirique des anorexiques révèle les ombres étouffantes et asphyxiantes du narcissisme de mort derrière lesquelles s’agitent et grouillent des fantasmes où l’oralité cannibalique et les angoisses de dévoration se mêlent aux fantasmes de pénétration et de viol. Aussi, ces ogresses d’imagos et d’objets d’amour à jamais perdus ne semblent avoir à leur disposition que leur corps et la fascination à l’Autre qui en émane pour mieux en dénoncer l’emprise qu’exercent sur elles des spectres vampiriques incorporés en des temps immémoriaux.

Gérard Bonnet : Marilyn Monroe, dernières séances. L’exhibitionnisme féminin à son zénith

M. Schneider rapporte dans son livre Marilyn dernières séances la façon dont s’est déroulée durant trente mois la dernière tranche d’analyse de Marilyn Monroe avec Ralph Greenson et démontre l’aspect passionnel de cette relation. Une mise en évidence de la problématique exhibitionniste de l’actrice aurait certainement permis d’approfondir davantage les enjeux de cette analyse. L’auteur explicite les données de la clinique de l’exhibitionnisme, chez la femme en particulier, pour montrer qu’elles sont ici très présentes, et qu’elles éclairent pour une bonne part la façon dont les choses ont évolué.

Adolescence, 2008, T. 26, n°2, pp. 479-491.