Archives par mot-clé : Puberté

Olivier Ouvry : Lacan, théoricien du pubertaire ?

Nous explorons en quoi J. Lacan peut être un théoricien du pubertaire à son insu, à l’instar de ce que Freud a pu faire lorsqu’il s’est intéressé à la jeune fille dans la période infantile. À son insu donc, par le fait d’un changement de paradigme dans sa théorie, entre le Livre V du Séminaire et l’existence d’un Autre de l’Autre, et le Livre VI où il n’y a pas d’Autre de l’Autre. Notre exploration s’étaie sur une conférence de J.-A. Miller en 2013 : « L’Autre sans Autre ».

Adolescence, 2016, 34, 2, 239-250.

Chantal Lheureux-Davidse : sensorialité et conquête du moi corporel chez de jeunes autistes

L’accompagnement des nouveaux éprouvés corporels et de leurs fluctuations au moment du passage pubertaire chez les jeunes autistes permet d’ouvrir de nouvelles modalités d’apaisement face à l’effraction pulsionnelle. Le passage pubertaire qui donne l’occasion d’un éveil sensoriel dans le bas du corps peut ainsi participer à relancer la construction d’un moi corporel inachevé et rend par la suite le jeune autiste plus disponible à un intérêt spontané pour la relation aux autres.

Adolescence, 2014, 32, 4, 809-833.

Florence Guignard : y a-t-il une spécificité de la formation à l’exercice psychanalytique avec l’adolescent ?

Pour tenter de répondre à la question posée, l’auteur propose une réflexion sur l’évolution des caractéristiques des enfants et des adolescents au cours de ces quinze dernières années en Occident, et notamment en France. Elle conclut à un effacement progressif des caractéristiques respectives de la période de latence, de la puberté et de la deuxième période d’adolescence. Cette conclusion est lourde de conséquences, en ce qu’elle remet en cause toute la constitution du refoulement et du biphasisme des identifications post-œdipiennes décrites par Freud.
Du point de vue de la formation actuelle du psychanalyste en général, elle propose comme modéle technique princeps celui de la cure d’enfants, installant dans la foulée celui de la cure d’adolescent, sans les opposer davantage l’un à l’autre que ne le sont les structures psychiques des sujets auxquels s’adressent ces modèles.

Colette Chiland : transsexualisme et homosexualité à la puberté

L’auteur traite de la question des relations entre l’homosexualité et les troubles de l’identité sexuée au moment du tournant que marque la puberté. L’homosexualité ne comporte pas, dans la grande majorité des cas un refus du sexe d’assignation. Le refus du sexe d’assignation s’accompagne souvent d’un attrait pour les personnes du même sexe biologique, mais que le sujet ne considère pas comme homosexuel : cet attrait est la conséquence de son “ vrai sexe ” opposé à son sexe biologique. La pratique sexuelle des transsexuels féminin vers masculin est différente de celles des homosexuelles ; celle des transsexuels masculin vers féminin est différente de celle des homosexuels passifs.

À la puberté, le refus du sexe d’assignation s’accroît ou se révèle ; c’est aussi à la puberté que l’homosexualité prend une forme plus concrète ou apparaît, bien qu’il y ait dans les deux cas des “ vocations tardives ”.

L’étiologie du transsexualisme comme celle de l’homosexualité est incertaine. il ne faut pas se précipiter pour étiqueter homosexuel un adolescent qui a des expériences homosexuelles et pour opérer un adolescent qui en exprime le désir.

 

François Richard : un remords de proust. contribution à la théorie psychanalytique de la création

Dans cet article est faite l’hypothèse que l’on trouve dans l’ensemble de À la recherche du temps perdu de Marcel Proust les traces d’une censure portant sur l’émergence de la sexualité pubertaire. Explicitement évoqué dans Contre Sainte-Beuve, le moment de découverte de la nouveauté pubertaire ne réapparaît ensuite que de façon voilée dans La Recherche. De cette censure et de ce remords, l’œuvre cherche à en réparer les effets destructeurs par une esthétique spécifique dont l’économie libidinale est ici analysée (en particulier le fantasme d’“ homme-lesbien ”, un certain fétichisme, et la métaphorisation permanente de l’angoisse de castration). Un regard nouveau peut alors être porté sur les apories proustiennes bien connues concernant la temporalité.

Didier Drieu : automutilations, traumatophilie et enjeux transgénérationnels à l’adolescence

Si les automutilations rendent compte de stratégies paradoxales pour faire taire les excitations pubertaires à l’adolescence, elles viennent aussi témoigner de tendances traumatophiliques à l’œuvre dans un contexte de filiation narcissique. L’histoire du cas de Théo nous montre l’importance qu’il y a à reconnaître les liens d’interdépendance entre les parents et le jeune adolescent face à ces enjeux transgénérationnels. En effet, la problématique sous-jacente dans ces conduites ne semble pouvoir s’élaborer que dans la mise en perspective des tensions traumatiques qui fondent l’indifférenciation et la violence dans les liens intergénérationnels.

Irène Nigolian : lili, la fille qui ne parlait pas

Il s’agit d’une réflexion clinique autour de la formation d’une personnalité à risque psychosomatique au cours de l’adolescence. La réapparition du soma de l’enfant à la puberté est porteur des distorsions précoces de la relation mère-bébé et de l’échec de la première phase œdipienne, favorisant ainsi la somatisation et la relation d’objet allergique dans le transfert. Le corps génital devient alors corps malade.

La psychothérapie pratiquée dans la période post-pubertaire permet leur articulation avec l’histoire du sujet et le processus adolescent en cours.

Valérie Boucherat-Hue : de la crise pubertaire aux crises allergiques “ à géométrie variable ”

Tenir l’adolescence et ses remaniements pubertaires pour une étape développementale moins sensible que d’autres aux désorganisations somatiques est un point de vue souvent avancé par les psychosomaticiens qui, en psychanalyse, est loin de faire l’unanimité.

Il repose sur le postulat économique d’une corrélation négative entre crises psychiques et crises somatiques qui sera mis à l’épreuve de la clinique à partir d’une recherche sur le fonctionnement allergique de jeunes adultes et de grands adolescents asthmatiques.

Il résulte de cette étude que les crises d’asthme à l’adolescence doivent non seulement être rapportées à l’ensemble de l’économie psychosomatique individuelle qui en détermine la nature et la fonction, mais aussi être envisagées selon une approche psychodynamique car elles sont susceptibles d’organiser le processus pubertaire plutôt que de le court-circuiter dans bien des situations cliniques.

Ainsi, peuvent être différenciées les crises allergiques “ régressivantes ” survenant par évitement d’une conflictualisation pubertaire représentable, les crises allergiques “ élaboratrices ” émergeant par surcharge fantasmatique avec un effet symboligène stimulateur et les crises allergiques “ rupturelles ” intervenant par décharge pulsionnelle à valeur de déliaison psychosomatique.

Ce travail contribue à soutenir que les critères d’âge d’entrée dans la maladie, de même que la décompensation inaugurale ou l’aggravation d’un asthme allergique à l’adolescence, ne préjugent pas du pronostic somatique et psychopathologique de l’âge adulte.

 

Marika Moisseeff : le loup-garou ou la virtualité regressive du pubertaire masculin

 

En abordant la phase pubertaire sous l’angle de la réalisation d’une virtualité – la transformation en procréateur –, cet article établit un lien entre, d’une part, un ensemble de théories se rapportant à l’ontogenèse et à la phylogenèse et, d’autre part, certains éléments de l’imagerie populaire montrant l’adolescent masculin comme régressant à un stade animal antérieur.