Archives par mot-clé : Ordalie

Aux risques du confinement

Le confinement a été un révélateur chimique de la qualité de relation des adolescents avec leurs parents. Certains se sont épanouis en vivant une disponibilité inattendue de leurs parents ; d’autres ont souffert d’être cantonnés dans une proximité pénible avec eux. Certains ont continué de se voir en groupe sans souci des précautions sanitaires. Des lockdown parties se sont tenues de manière clandestine, comme bien des fêtes après le déconfinement dans la même suspension des gestes de prévention. L’article analyse ces transgressions comme une manière de fabriquer de l’intensité d’être, dans l’ambivalence d’un « Je sais bien mais quand même ».

Adolescence, 2021, 39, 1, 57-68.

Jocelyn Lachance : l’ordalie numérique

L’article propose d’interroger le concept d’ordalie numérique pour comprendre les diffusions en ligne de certaines vidéos et photos numériques. Jouant le tout pour le tout en publiant des images où ils sont reconnaissables, certains adolescents vont compromettre leur identité sous le regard de la communauté anonyme des internautes, réactivant ainsi une anthropologie de la prise de risque dans les conditions spécifiques du web 2.0.

Henri Sztulman: entre addiction et ordalie, les toxicomanes

Les travaux les plus récents et divers, cliniques, théoriques et thérapeutiques s’accordent sur une donnée centrale: dans la rencontre, chaque fois singulière, entre une personne, un produit (ou un objet ) et un environnement, ne peut être identifié un type particulier et caractéristique de structure ou d’organisation de la personnalité. Tout au plus les chercheurs et les cliniciens font-ils observer que les mécanismes de défense, la nature de l’angoisse et plus généralement l’économique de ces sujets dits toxicomanes ou drogables évoquent bien souvent ce qu’ils sont habitués à rencontrer dans les états-limites de personnalité, mais non exclusivement.

Un ensemble de traits psychopathologiques communs, tous marqués du sceau de la régression, est par ailleurs aisément repérable chez ces sujets, avec ses conséquences sur l’approche thérapeutique.

Adolescence, 1997, T. 15 n°2, pp. 306-323.

    • régression du désir à la demande, de la demande au besoin ;
    • régression du mental au comportemental, du comportemental au corporel ;
    • régression pulsionnelle, de l’agressivité à la violence et du libidinal à l’auto-érotisme.

Dans ce contexte conceptuel l’auteur s’efforcera de mettre en évidence les fonctions à 1’oeuvre dans ce type de posture (ou de vulnérabilité) psychopathologique : essentiellement deux, la fonction addictive et la fonction ordalique, qui seront définies, décrites, analysées et, si possible, rapprochées des différents types de structures.

Brigitte Blanquet : l’ordalie : un rite de passage

À l’adolescence le corps est central. Les problématiques ordaliques l’exposent, jusqu’à flirter avec la mort. Le corps est mis en scène. Il révèle l’histoire des traces d’anciens vécus traumatiques et des restes de vécu d’ambiguïté. L’analyse de ces traces-restes met en lumière l’étoffe d’une fantasmatique de vie-mort qui structure et organise l’organisation psychique de ces sujets. La nature de cette fantasmatique est d’essence originaire et se décline sous ces deux formes majeures : le fantasme de mono-engendrement, le fantasme du retour au matriciel.

Adolescence, 2010, T. 28, n°4, pp. 887-898.

Vincent Di Rocco : « je voudrais pas crever avant d’avoir goûté la saveur de la mort… »

À partir d’une clinique un peu particulière, faite de fragments et de rencontres improbables, avec un adolescent vivant une période marquée par des conduites à risque dans un contexte de violence avant de devenir un professionnel du ski « extrême », je propose d’aborder la question de la mort à l’adolescence, non à partir d’une réflexion sur la perte et le deuil, mais comme une figure essentielle de l’irreprésentable organisant des conduites et des pratiques à risque à l’adolescence. Dans cette approche, la mort réunit les figures de l’inéluctable et de l’aléatoire en confrontant à l’irreprésentable de sa propre mort. D’où une relecture de l’approche classique du risque à travers la notion de conduite ordalique, à valeur d’épreuve narcissique, au profit d’une approche où la prise de risque est considérée comme une tentative de mise en scène d’un rapport intime avec la mort, l’irreprésentable de sa propre mort. Cette dynamique prend corps dans une « clinique de l’instant » où ce qui se vit dans l’acte ne trouve pas son issue dans la réalisation de cet acte. Il s’agit alors d’une tentative confuse d’exprimer, en l’éprouvant, un vécu resté en errance.

Adolescence, 2010, T. 28, n°2, pp. 289-297.

Brigitte Blanquet : frôler la mort à l’adolescence : un danger nécessaire

À l’aide d’une vignette clinique, il s’agit d’éclairer le processus d’actualisation du travail traumatique à l’adolescence et ses enjeux psychiques. Pour cela, nous nous appuyons sur trois scènes vécues par le sujet : la scène d’une agression ; la scène du transfert ; la scène de figuration graphique. L’analyse de ces scènes permet de promouvoir une théorie du travail du traumatique pour penser l’efficience de soin psychothérapique.

Adolescence, 2010, T. 28, n°1, pp. 123-131.