Archives par mot-clé : Narcissisme.

Gérard Bonnet : Marilyn Monroe, dernières séances. L’exhibitionnisme féminin à son zénith

M. Schneider rapporte dans son livre Marilyn dernières séances la façon dont s’est déroulée durant trente mois la dernière tranche d’analyse de Marilyn Monroe avec Ralph Greenson et démontre l’aspect passionnel de cette relation. Une mise en évidence de la problématique exhibitionniste de l’actrice aurait certainement permis d’approfondir davantage les enjeux de cette analyse. L’auteur explicite les données de la clinique de l’exhibitionnisme, chez la femme en particulier, pour montrer qu’elles sont ici très présentes, et qu’elles éclairent pour une bonne part la façon dont les choses ont évolué.

Adolescence, 2008, T. 26, n°2, pp. 479-491.

Emmanuelle Sabouret : la disjonction du caravage

Il est des hommes qui rappellent que le cours de l’histoire n’est ni lent ni régulier. Le Caravage (1571-1610) en fut par ses innovations si radicales qu’elles bouleversèrent le développement de la peinture occidentale. Querelleur, fauteur de troubles et condamné pour assassinat, Caravage ne cessa pourtant jamais de peindre qu’il fût sous la protection de grands mécènes ou en fuite pour échapper à la justice pontificale. Le contraste entre le saisissement pictural d’instants suspendus et son errance vitale jalonnée de passages à l’acte laisse penser qu’en dépit d’une œuvre considérable, son pouvoir créateur n’ait pu prendre le pas sur l’inflexion mortifère qu’il met en scène dès ses premiers tableaux. Son errance s’est accentuée à la fin de sa vie tandis qu’il se livrait encore, à l’abri de la toile, à de grandes compositions religieuses aux thématiques désespérées, en quête d’une absolution divine.

Adolescence, 2008, T. 26, n°2, pp. 423-448.

Jean-Baptiste Lecuit : la mystique, entre régression et passion sublimatoire

Cet article montre comment la réduction freudienne de la mystique à une régression au narcissisme primaire peut être relativisée et prolongée par la prise en compte de la dynamique sublimatoire animant certaines grandes figures mystiques, et de la dimension amoureuse interpersonnelle de leur vie de foi. Il expose la compréhension de la mystique par Freud, dans sa différence avec la religion, et prend en compte l’apport d’auteurs contemporains comme C. Parat, S. de Mijolla-Mellor ou A. Vergote.

Adolescence, 2008, T. 26, n°1, pp. 143-157.

Fanny Dargent : rouge, narcisse. recours au corps et refus de l’altérité

La psychothérapie d’une adolescente pratiquant des attaques de corps met en lumière les processus archaïques à l’œuvre en termes de résistance par corps à l’investissement d’objet et refus de l’altérité. La situation duelle réactualise une altérité interne mise à mal par l’aliénation adhésive, antipulsionnelle à des objets tyranniques indifférenciés. La vigilance aux éléments perceptibles, sensori-moteurs, comme effet de l’autre ainsi qu’au contre-transfert travaille, à l’aide d’un style psychodramatique, à résintaurer une transionnalité mise en défaut chez cette adolescente narcissique.

Adolescence, 2009, T. 27, n°1, pp. 157-165.

Catherine Chabert : le complexe d’œdipe existe-t-il encore ?

L’auteur fait le constat que dans l’œuvre de Freud le complexe d’Œdipe est omniprésent mais rarement théorisé comme tel ; elle pose la question de savoir si le complexe d’Œdipe est caractéristique des névroses ou s’il existe aussi dans les fonctionnements narcissiques et limites. L’histoire de la cure d’une adolescente montre que la dépendance, et la prégnance de la relation narcissique à la mère, peut recouvrir une relation paradoxale mais néanmoins forte au père. Revenant aux textes freudiens (Les Trois Essais, Le Moi et le Ça), C. Chabert cherche alors les points de liaison entre Œdipe et angoisse de perte objectale, plus encore, une consubstantialité de la perte et du sexuel, idée centrale de Deuil et mélancolie.

Adolescence, 2009, T. 27, n°1, pp. 65-79.

Gérard Bonnet : l’entrée du sujet adolescent en politique. le rôle crucial des idéaux

Comment un adolescent parvient-il à entrer en politique au sens propre du terme ? L’amour des idéaux, qui se manifeste parfois bruyamment à cette période de l’existence, en est probablement le ressort le plus déterminant. Encore faut-il préciser les composantes de cet amour, et les différentes catégories d’idéaux concernées, ce que Freud n’a fait qu’esquisser dans la seconde partie de son œuvre. On s’aperçoit alors que l’accès au politique suppose à la fois l’adhésion aux idéaux les plus universels, et le respect des idéaux narcissiques, partiels ou sociaux qu’impose l’existence. C’est donc la source de conflits permanents, et l’adolescent ne peut les gérer au niveau collectif qu’en entrant dans le discours politique au sens le plus large, et donc en appelant les idéaux par leur nom sans se leurrer sur leurs limites. C’est par là qu’il les reprend à son compte et se comporte en sujet, un sujet nécessairement écartelé entre des impératifs souvent contradictoires, mais prenant le risque de se prononcer à partir de ses propres convictions.

Adolescence, 2010, T. 28, n°1, pp. 27-50.

Houari Maïdi : églantine

L’adolescent est extrêmement sensible à son image. Celle-ci est autant redoutée qu’investie avec force et fascination. Dans cet article, nous présentons une observation qui illustre, chez une jeune fille, les perceptions complexes et ambivalentes d’un corps empli de maux divers. Un corps qui semble être la boîte de Pandore de toutes les angoisses nées de l’enfance et de l’adolescence, et un corps-vitrine, façade narcissique par le regard de l’autre, craignant en même temps que ce regard ne voie à l’intérieur de l’adolescente, son intimité, ses pensées, ses angoisses, d’où cet aspect paranoïde fréquent à cet âge.

Adolescence, 2011, T. 29 n°4, pp. 779-785.

Nicolas Peraldi : mauvais fils. l’insertion sociale à l’épreuve de la subjectivation

Le récit clinique est un biais, une voie oblique qui n’a de fonction que celle de servir de repère. Aux travers ou, plus exactement, dans les travers d’une trajectoire d’un jeune homme pris en charge par l’Aide Sociale à l’Enfance, dans une mise en échec de toute dimension d’insertion sociale et professionnelle, j’essaierai de montrer comment un processus de subjectivation s’est élaboré afin de permettre à ce jeune de reconstruire son présent à l’aune de son passé, de symboliser et de s’approprier ce qui jusqu’alors n’avait été qu’éprouvé. Ce texte est écrit comme un triptyque. Les trois parties peuvent être lues indépendamment l’une de l’autre, et c’est pourtant dans la liaison entre elles que se développe la spécificité du propos que je souhaite soutenir à travers cet article. Chaque partie renvoie à une lecture, à un temps d’élaboration. Elle s’ouvre par une vignette clinique, comme un préambule à la réflexion qui suit. J’aurais pu lier les vignettes en une seule séquence et développer ensuite mon élaboration point par point. J’ai préféré cette (dés)articulation qui répond davantage, selon moi, à la théâtralisation du cas présenté.

Adolescence, 2011, T. 29 n°4, pp. 765-778.

Jacques Dayan : l’autonomie comme valeur

L’idée que le concept de responsabilité de Soi s’impose depuis plusieurs décennies comme représentation dominante de la relation de l’individu au socius est discutée. Une des principales hypothèses avancées par l’auteur est que la – relative – irresponsabilité de Soi était associée à l’étendue de la délégation de sa propre protection à l’État. Ces modifications feraient écho aux transformations socio-économiques et traverseraient, nous l’évoquons, le champ des sciences humaines. Elles se manifestent, concernant la psychanalyse, par une évolution de la plainte et un accent porté sur les troubles « narcissiques ». Il reste incertain que ces transformations affectent de façon consistante le comportement adolescent au-delà du rôle que celui-ci semble avoir régulièrement joué : celui d’un intégrateur social, d’un passeur entre les générations.

Adolescence, 2011, T. 29 n° 3, pp. 609-614.

Anne Winter, Loïck M. Villerbu : de l’adolescence dite « délinquante » : un autre paradigme du lien ?

Régulièrement, la littérature intéressée par la délinquance au temps de l’adolescence convoque la défaillance de l’instance paternelle comme explicative des transgressions du lien social. Ce sont là les héritages d’une tradition théorique qui a témoigné à maintes reprises des effets de la triangulation œdipienne, paradigmatique des relations affectives et sociales. Or, un pan de la clinique montre aujourd’hui tout le poids d’une dynamique de l’échange soumise à une injonction paritaire, que l’on ne saurait négliger. Sous-tendue par le narcissisme, elle prend le pas sur la généalogie et confère aux distances et proximités en jeu dans la génération, un rôle certain ; celui de garantir au sujet réciprocité et intégrité, en fondant autrement les valeurs qui sont les siennes.

Adolescence, 2011, T. 29 n°1, pp. 293-304.