Archives par mot-clé : Mélancolie

Catherine Chabert : un tourment

L’auteur propose une réflexion théorique et clinique sur l’homosexualité à l’entrée dans l’âge adulte. À partir de la psychothérapie d’une jeune femme de vingt ans, sont explorés les destins du transfert homosexuel et de sa latéralisation en termes de choix d’objet et d’identification. Entre le complexe d’Œdipe au féminin et l’élaboration d’un deuil de l’enfance, les enjeux narcissiques et sexuels du masochisme et de la mélancolie se déploient au sein d’un processus marqué par la violence pulsionnelle et son devenir.

Adolescence, 2020, 38, 2, 319-330.

Florian Houssier : destructivité et complicité incestuelle dans un cas de parricide

À partir du récit de la mère d’un adolescent parricide, nous proposons plusieurs hypothèses quant aux aspects les plus saillants des mobiles inconscients du meurtre. Le lien parent-enfant teinté d’incestualité se révèle source d’indifférenciation et de confusion avec les objets, provoquant un sentiment d’impersonnalisation mélancoligène, source de violence. Dans ce contexte, le meurtre apparait également comme une tentative de « faire origine » dans un contexte transgénérationnel trouble.

Adolescence, 2015, 33, 2, 355-365.

André Green : psychanalyse et temporalité. entretien avec françois richard

Dans cet entretien, répondant aux questions posées par François Richard, André Green revient sur ses travaux désormais classiques sur la temporalité (La diachronie en psychanalyse, Le temps éclaté). Il les replace dans le contexte intellectuel et psychanalytique de l’époque, précise ses positions sur les relations entre structure et développement et sa conception du Moi-Sujet. Ceci l’amène à approfondir ses conceptions concernant les relations entre cas-limite et psychose à partir des propositions de Freud sur la mélancolie, et du même coup à discuter la technique et l’éthique des prises en charge cliniques.

La question des relations entre psychanalyse et temporalité définit l’adolescence comme exemplaire d’une potentialité psychotique dont André Green cherche à théoriser la spécificité tout en prenant en compte la dimension sociale et culturelle.

François Richard : temporalité, psychose et mélancolie à l’adolescence

Dans cet article, l’auteur montre comment le concept de subjectivation est issu de la clinique des états psychotiques à l’adolescence. Ceux-ci sont reliés à un noyau mélancolique parfois difficile à repérer sous le conflit pulsionnel pubertaire. À partir d’un cas clinique d’entrée dans la psychose à l’adolescence, la relation fondamentale entre psychose, temporalité et mélancolie est reproblématisée d’une façon susceptible de rendre compte des symptomatologies d’allure “ cas-limite ” dans une théorisation post-freudienne tenant compte de certains apports de Green et Racamier.

Isée Bernateau : Sylvie, ou comment se séparer des morts ?

Sylvie, une adolescente suivie en Hôpital de Jour, est dans une préoccupation exclusive des morts. Ceci ne serait pas le signe d’un processus de deuil en cours d’élaboration, ni même d’un lien mélancolique avec un objet déjà perdu, mais témoignerait de l’inclusion cryptique d’un deuil traumatique non élaboré à la génération précédente. Cette inclusion génère un lien incestuel dans la famille que Sylvie tente, au travers de ses questionnements obsédants sur les morts, de métaboliser.

Blandine Foliot : D’un état amoureux à l’autre

L’état amoureux qui survient dans le cours de certains traitements analytiques à l’adolescence, notamment lorsque s’éprouvent des troubles graves du comportement alimentaire est un événement psychique qui témoigne d’un remaniement libidinal, narcissique et objectal. Il est l’indice d’un dégagement d’une position mélancolique sous -jacente dont il importe d’apprécier les enjeux psychiques et les implications transférentielles. Effet d’un certain travail de deuil de l’objet originaire, il est porteur de l’espoir qu’un nouvel objet puisse trouver sa place au sein du moi.

Anne Juranville: épilepsie et traumatisme chez l’enfant, réflexion sur une forme moderne de « possession »

Cet article se propose de reprendre, dans le fil de l’interprétation freudienne de Dostoïevski et le parricide, la question du statut psychique de certaines formes de crises épileptiques chez l’enfant et l’adolescent, associées à des situations traumatiques. C’est comme défense incorporative d’essence mélancolique qu’on essaie de dégager la dimension proprement psychosomatique de la crise. Cette crise fait advenir un « sujet », (en fait désubjectivé), possédé par le Surmoi « obscène et cruel » dont parle Lacan. Crise qui apparaît comme un deuil impossible, pour autant que, dans sa violence de nature pulsionnelle, elle « récupère » la charge libidinale du trauma en le répétant sur un mode « infernal » (Freud). Les perspectives thérapeutiques impliquées par une telle fonction paradoxale du traumatisme prolongent le dialogue théorique et clinique ouvert entre Freud et Ferenczi.

 

Adolescence, 1997, T. 15 n°2, pp. 309-326.

Catherine Chabert: féminin mélancolique

Le traitement psychanalytique d’adolescentes et de jeunes femmes présentant de graves troubles des conduites alimentaires et notamment des conduites boulimiques permet de dégager un certain nombre de problématiques dont la singularité appelle des élaborations métapsychologiques : l’articulation du masochisme et du narcissisme permet de souligner la prédominance du masochisme moral qui soutend une culpabilité violente associée à une construction particulière des fantasmes de séduction. Le sujet en effet y occupe une place active, ce qui entretient la conviction d’avoir séduit le père. Le « crime » détermine le recours à des conduites autopunitives par l’attaque du corps dans un mouvement d’allure mélancolique.

 

Adolescence, 1997, T. 15 n°2, pp. 306-322.

Catherine Chabert : le complexe d’œdipe existe-t-il encore ?

L’auteur fait le constat que dans l’œuvre de Freud le complexe d’Œdipe est omniprésent mais rarement théorisé comme tel ; elle pose la question de savoir si le complexe d’Œdipe est caractéristique des névroses ou s’il existe aussi dans les fonctionnements narcissiques et limites. L’histoire de la cure d’une adolescente montre que la dépendance, et la prégnance de la relation narcissique à la mère, peut recouvrir une relation paradoxale mais néanmoins forte au père. Revenant aux textes freudiens (Les Trois Essais, Le Moi et le Ça), C. Chabert cherche alors les points de liaison entre Œdipe et angoisse de perte objectale, plus encore, une consubstantialité de la perte et du sexuel, idée centrale de Deuil et mélancolie.

Adolescence, 2009, T. 27, n°1, pp. 65-79.

Anne Joly, Sébastien Dupont : Julie et « Monseigneur » : des carences affectives précoces à la formation d’un compagnon imaginaire à l’adolescence

Le phénomène du compagnon imaginaire a été essentiellement décrit chez l’enfant et la personne âgée, plus rarement chez l’adolescent. Son apparition à l’adolescence peut souvent être confondue avec l’émergence d’idées délirantes et interprétée comme un signe prodromique de schizophrénie. Nous présentons ici le cas de Julie, une adolescente de dix-sept ans, afin d’illustrer l’hypothèse selon laquelle le phénomène du compagnon imaginaire peut apparaître dans un contexte psychopathologique distinct du fonctionnement psychotique. Cette jeune fille a en effet compensé une dépression latente par la compagnie d’un compagnon imaginaire qu’elle nomme Monseigneur. Nous décrivons en détail cette situation clinique, le déroulement des prises en charge thérapeutiques ainsi que l’évolution psychologique de Julie.

Adolescence, 2010, T. 28, n°4, pp. 829-840.