Archives par mot-clé : Institution

Jacques Vargioni : une grève de la faim en blanc et noir

À la suite d’une anorexie post-traumatique sévère, Imane, dix-sept ans, entama une psychothérapie analytique en institution dont les débuts furent chaotiques. Un rêve, dans lequel figurait un fantasme d’ingestion de lait noir maternel, permit d’engager une mutation. Le transfert servit de support à la mise en mouvement et à l’élaboration d’une série complexe d’identifications à l’agresseur.

Adolescence, 2010, T. 28, n°1, pp. 159-169.

Gilles Raveneau : contribution des rites à la suppléance familiale

Partant d’une recherche ethnographique dans deux Maisons d’enfants à caractère social (MECS), cet article interroge la manière dont le rite et la ritualisation peuvent contribuer à la suppléance familiale. On examine les conditions favorables à l’apparition et à l’utilisation des rites et l’on observe comment ils peuvent être des outils possibles d’inclusion et de participation sociale, associés à la production d’une culture morale et éducative. On fait l’hypothèse que la psychologisation « sauvage » des problèmes par les professionnels et le recours quasi exclusif aux psychologues cliniciens comme régulateurs des difficultés dans ces institutions tendent à sous-évaluer l’intérêt et l’efficacité des rituels, au profit de la seule « clinique de la parole ».

Adolescence, T. 31 n°1, pp. 169-179.

Eric Chauvier : l’inconscient de l’enquête, une expérience de savoir

L’observation de la souffrance humaine se fait souvent au moyen d’une distance obtenue par le déni d’états émotionnels qui, pourtant, apparaissent souvent déterminants à l’observateur. Cette contribution cherchera à vérifier cette hypothèse en prenant pour exemple une mission de recherche-action effectuée dans une institution accueillant des adolescents en rupture familiale. Fortement troublé par la voix étrangement désaffectée d’une adolescente, l’observateur se trouve contraint de renoncer au caractère distancié d’un régime habituel d’expertise. Ce n’est pas l’histoire de cette adolescente qui le trouble, mais ce qu’elle lui renvoie de son propre vécu familial, lequel se confond avec une démarche scientifique d’observation. Le retour vers cet « inconscient de l’enquête » constitue la base de ce que nous pourrions nommer une initiation.

Adolescence, T. 31 n°1, pp. 145-152.

Pierre Poitou, Benoît Maillet, Lynda Brugallet-Collet, Bruno Burban, Patrick Cottin, Georges Picherot : « va à la mda ». ou confrontation sécure

L’orientation d’un adolescent vers un lieu spécifique de soin n’est jamais simple. Les Maisons des Adolescents possèdent des atouts qui sont développés à travers les modalités même du travail mené par les accompagnants sociaux. Nous proposons de souligner ici la manière dont ces derniers, dans leur accueil, appellent à un transfert tant sur l’institution que sur ses membres. L’accent est également mis sur un temps institutionnel fort, celui de la réunion clinique, qui permet la co-élaboration de l’expérience clinique originale de ces professionnels, ainsi que la mise au travail de chacun des membres de l’équipe auprès des adolescents accueillis.

Adolescence, 2012, T. 30, n°2, pp. 349-357.

Marie Jejcic : abord clinique donc social d’un crime

D’une part, les institutions d’adolescents accueillent tout type de demandes ; de l’autre, l’extension de la délinquance a pour effet de socialiser le crime. En conséquence, le thérapeute peut accueillir des situations au carrefour du pénal, de la clinique et du social, comme ce fut le cas pour un jeune criminel que nous avons reçu. Du bousculement de la pratique clinique, le praticien se devant de pouvoir répondre d’une éventuelle récidive, nous rendons compte de l’option clinique prise, qui privilégia le fantasme plutôt que les pulsions, façon qui nous sembla la plus honnête pour assumer notre responsabilité sociale.

 Adolescence, 2013, 30, 4, 945-956.

Herminie Bracq-Leca, Marie-Anouck Pitel-Buttez : Construire et proposer un espace-temps de soin dans un établissement pénitentiaire pour mineurs.

Depuis juin 2007, une équipe médico-psychologique (UCSA-SMPR) intervient au sein de l’établissement pénitentiaire pour mineurs de la région Rhône-Alpes. Psychiatre et psychologue proposent de revenir sur cette expérience en questionnant la temporalité du soin et les enjeux spécifiques à ce cadre institutionnel. Quels sont les objectifs du soin ? Comment penser la place des soignants dans une structure d’enfermement où le soin serait souhaité comme « auxiliaire » du système répressif-éducatif ? Comment permettre une élaboration des agirs du sujet et de l’institution ? Voici une réflexion en cheminement qui est au cœur d’une pratique où l’identité professionnelle est souvent malmenée.

Adolescence, 2013, 30, 4, 869-879.

Jacques Dayan : enfermement des mineurs délinquants

L’enfermement des mineurs est la plus sévère des figures de la peine, et pour les mineurs la plus péjorative en termes de santé mentale, de développement et de reitération. Les aménagements entrepris dans les Établissements pénitentiaires pour mineurs peuvent-ils réduire les effets d’affiliation et de stigmatisation d’une incarcération ? Les Centres éducatifs fermés tels qu’ils sont construits offrent-ils des perspectives favorables à une entreprise pédagogique ? Celle-ci est-elle concevable sans la prise en compte de la dimension psychique de l’acte antisocial ? Nous examinons ces questions dans ce texte dans les suites de l’examen des étiologies supposées de la délinquance.

Adolescence, 2013, 30, 4, 783-796

Pierre Delion : le packing, son aventure et ses avatars

La technique du packing est éclairée par la psychopathologie psychanalytique. Toutefois, les études récentes, neuro-physiologiques, développementales, psychopathologiques et institutionnelles viennent converger pour donner à ce soin une possibilité de construire un cadre psychothérapique avec les enfants et les adolescents autistes et psychotiques, à condition de l’intégrer dans une complexité institutionnelle qui prend en compte tous les aspects nécessaires à la prise en charge du sujet en question. Les menées violentes de ses détracteurs sont relativisées par rapport aux bons résultats cliniques obtenus, dont un programme de recherche clinique hospitalier doit rendre compte dans les prochains mois.

Adolescence 2012, T. 30 n°3, pp. 582-601