Archives par mot-clé : Inceste

François Richard : fonctionnements limites de l’enfance à l’adolescence

Chez un adolescent de seize ans, l’après-coup adolescent rend possible l’analyse d’une dysharmonie d’évolution recouverte par des défenses névrotiques. La cure permet une symbolisation satisfaisante puis interviennent un trouble subjectal et un moment délirant, ce qui amène à faire l’hypothèse d’une pathologie infantile de proximité – à la fois incestueuse et symbiotique avec l’objet maternel – qui n’était jusqu’alors perceptible qu’indirectement dans une sensation de vide et des dérobades face aux relations amoureuses.

Adolescence, 2015, 33, 4, 789-803.

Anne-Valérie Mazoyer, Marjorie Roques : fonctions idéalisante, sublimatoire et masochique des processus pervers

Nous avons choisi d’éclairer la problématique de la sexuation à l’adolescence à partir des processus pervers et plus particulièrement du masochisme. La mobilisation des processus pervers tentent de négocier des fantasmes de séduction, lesquels restent surchargés par des réalités traumatiques comme l’inceste et la mort. Nous nous proposons d’articuler perversion et sublimation versus idéalisation.

Adolescence, 2015, 33, 2, 439-448.

Jean-Yves Le Fourn : “ les lunettes ” de poe

Ce conte, “ Les lunettes ”, issu des Histoires extraordinaires d’Edgar Allan Poe est une histoire “ grotesque ” qui va nous montrer que si à l’adolescence on regarde sans voir ou que l’on voit sans regarder, la résolution des énigmes du sexuel, de l’identité, du devenir social sera difficile, car comme le héros au départ, il restera englué dans les rets des problématiques œdipiennes et incestuelles.

Le regard adolescent est avant tout “ un langage et il développe l’épreuve ” (Jean Cocteau).

Jean Laplanche : le crime sexuel

La désintégration progressive, dans nos sociétés modernes, des systèmes de parenté, et de la prohibition de l’inceste, nous permet une avancée théorique. Si ce double effacement a fait surgir, en dehors de tout système de parenté, le crime sexuel en tant que tel, c’est-à-dire l’abus sexuel “ entre les adultes et l’enfant ” (Ferenczi), cela pourrait être le signe de ce que l’interdit de l’inceste a de tout temps essayé de contenir, sans y parvenir complétement, la sexualité polymorphe et déliée, présente non seulement dans l’enfant mais dans l’inconscient infantile de l’adulte.

 

Houari Maïdi : le corps du problème

Corps du destin et destin du corps sont des problématiques importantes à l’adolescence qui met en lumière le « destin » de l’héritage absolu, fondamental et unique légué par les parents. En ce sens, il existe selon nous, un après-coup intergénérationnel du traumatique que l’on définit par l’excès du « trop » comme par celui du « pas assez ». De la sorte, le « mauvais » est implanté dans la vie psychique de l’enfant qui à l’adolescence se sent encombré par l’histoire « corporelle » de ses parents. Aussi, au-delà des assauts pulsionnels de l’adolescence, le corps à cet âge du développement révèle comme un « défaut d’origine ». C’est pourquoi le jeune sujet n’arrive pas à se défaire du « problème du corps » qui met en jeu la séduction et la sexualité, du « problème » finalement du corps.

Suard Michel : vivre après l’inceste

Cet article présente l’évolution de la situation familiale d’un homme incarcéré pour des crimes sexuels et des trois filles qui ont subi ces relations incestueuses. La thérapie familiale engagée pendant le temps de l’incarcération puis après la sortie en libération conditionnelle a permis, à partir du moment où le père a reconnu les faits, une reconstruction familiale et une véritable réparation des victimes qui ne veulent plus aujourd’hui être considérées comme “ victimes ”.

Corinne Gauthier-Hamon: pédophiles et maltraitances transgénérationnelles

C’est en rencontrant François, jeune homme élégant de trente-cinq ans, venu me demander une analyse car il savait que j’avais écrit un livre sur la pédophilie, qu’un éclairage nouveau m’est apparu sur ces pratiques pédophiliques dont nous avions effectivement longuement parlé dans un ouvrage précédent, mon collègue Roger Teboul et moi-même. (Entre père et fils. La prostitution homosexuelle des garçons, Paris, PUF, 1988.)

Si, à l’évidence, dans de nombreux cas de pédophilie, nous retrouvons des deux côtés, c’est-à-dire, aussi bien pour l’adulte que pour l’enfant, des situations carentielles et maltraitantes, il m’a semblé qu’un trait supplémentaire unissait pédophiles et enfants, à savoir, non seulement l’existence mais aussi la transmission transgénérationnelle d’une ou de plusieurs formes de maltraitances, certes physiques mais également psychiques, beaucoup plus pernicieuses.

C’est cet aspect des choses que j’aborderai dans un premier temps à partir de l’histoire de François, comparée aux histoires cliniques antérieures, avant de questionner l’impact de ces maltraitances dans la constitution du psychisme avec ses différents aspects psychopathologiques.

Mais aussi, la maltraitance ne peut manquer d’évoquer la problématique de l’inceste avec sa nécessaire transmission transgénérationnelle en l’absence d’intervention thérapeutique, ce qui ouvre un champ d’investigation complémentaire.

Enfin, pouvoir remettre en perspective un « choix » pédophilique avec une histoire émaillée de maltraitances, souvent non reconnues comme telles, donne un argument supplémentaire pour réfuter l’incurabilité des pédophiles et l’inévitable reproduction de la pédophilie pour les enfants victimes.

Adolescence, 1998, T. 16 n°1, pp. 295-307.

Jacques Clauvel : le frère tueur

L’inceste psychique à deux niveaux, mère-père, mère-fils, peut constituer un facteur favorisant les violences fraternelles, comme cela apparaît dans la cure d’un garçon en fin d’adolescence que présente l’auteur. Dans les cas de configuration parentale de type incestueux psychique et d’existence d’un frère traumatique, on repère un objet interne complexe, le frère tueur, qui détruit constamment au sein du psychisme. Pour limiter, voire pour supprimer l’action néfaste de cet objet interne, il est utile, pour l’analyste, de pouvoir représenter, en position contre-transférentielle, et le parent, et le frère, en passant sans cesse de l’un à l’autre. L’objet frère tueur est mis hors d’état de nuire en étant délogé de sa fausse place d’objet nucléaire fusionné avec la mère et remis à sa place d’objet orbital. L’interprétation, dans le mythe fondateur, de l’histoire d’Etéocle et de Polynice, les frères ennemis, permet d’approfondir la connaissance des divers aspects de cette réalité psychique.

Adolescence, 2009, T. 27, n°1, pp. 133-142.