Archives par mot-clé : Identification primaire

François Richard : discussion du cas Bernard

Cet article discute la présentation clinique de Vincenzo Bonaminio en trois temps : diagnostic et histoire clinique, multifocalité, et interprétation du trouble de l’identification primaire – afin d’introduire une discussion sur le diagnostic différentiel entre psychose, dysharmonie d’évolution et état-limite. À partir de là, sont proposées des hypothèses sur le maniement de l’interprétation.

Adolescence, 2015, 33, 4, 837-848.

Jean-François Rabain : liens fraternels, rivalité et narcissisme des petites différences

Freud nous a légué une théorie de la rivalité fraternelle à partir de son auto-analyse. Pour lui, le fraternel, c’est du paternel déplacé. Les conflits nés des rivalités fraternelles sont reliés à l’Œdipe. Lacan a montré combien la jalousie entre frères et les conflits de rivalité relèvent autant d’une identification mentale que d’une rivalité vitale. Le rival joue, en effet, le rôle d’une image identificatoire qui permet au sujet de se constituer. La question du narcissisme et, en particulier, du narcissisme des petites différences, apparaît comme centrale. Comment les petites différences remettent-elles en question le moi idéal du groupe et l’idéal transmis de génération en génération ? Comment l’origine peut-elle être partagée ? Telles sont les questions que cet article se propose d’examiner en discutant les travaux d’un certain nombre d’auteurs (ceux de Gilbert Diatkine et de Daniel Sibony, en particulier).

 

Richard François : la rencontre avec l’adolescent en cure d’adulte dans la clinique psychanalytique contemporaine

Dans cet article les nouvelles formes de contradiction-conflits résultant des changements relatifs à la perception des limites que rencontrent de nos jours les psychanalystes dans leur pratique, sont envisagées du point de vue des notions de travail du négatif et de subjectivation, à partir de cas cliniques présentant à la fois des fonctionnements névrotiques et cas-limites. L’accent est mis sur l’importance de la rencontre avec l’adolescent dans l’adulte, ainsi que sur la nécessité d’analyser après-coup dans les cures d’adultes, la mise en place lors de l’adolescence de systèmes défensifs spécifiques empêchant l’accès aux détresses infantiles primitives. L’hypothèse d’un trouble précoce de l’identification primaire aux fondements de ces fonctionnements amène à souligner l’importance de la reconnaissance par l’analyste de ses propres résistances à son implication subjective dans la rencontre analytique et, à partir de là, à envisager les modalités de l’interprétation et du dispositif. La présentation d’un cas de “ psychanalyse de face à face ” tend à montrer que les nécessaires aménagements de la technique, ainsi qu’un rapport bien problématisé à la théorie, rendent possible un vrai travail psychanalytique avec les patients souffrant de fonctionnements limites.

Marie-Christine Aubray, Dominique Agostini : interview de Raymond Cahn

Dans cet entretien avec R. Cahn, les interviewers ont essentiellement utilisé comme fil rouge, Adolescence et folie (PUF, 1991). Quatre points de vue ont successivement exploré les conceptualisations cahniennes de l’adolescence : le côté sujet, le côté objet, le côté famille interne-externe, le côté institution thérapeutique.

Adolescence, 2008, T. 26, n°2, pp. 517-535.

Sydney Levy : l’adolescent né de la terre : figure du politique

Le redressement (Aufrichtung) postural de nos ancêtres inaugure selon Freud le procès lié à la Kultur. Cette verticalisation renvoie à un rituel en lien avec le rapport à la terre (et par ailleurs universel) : le père élève au-dessus du sol son fils pour le reconnaître. Les céramistes athéniens figurent ce dernier sous les traits d’un adolescent et la philosophie dessine à travers ce geste une structure politique originaire. L’auteur propose de voir dans la double valence (reconnaissance et soumission) intrinsèque qui tisse le rapport entre ce père arbitraire et ce fils adolescent une sorte de métaphore de la naissance du politique. Il s’agit à la fois de repérer la violence inhérente au projet politique et sa nécessaire gestion collective, violence liée à cette ancienne connivence avec la Terre des origines dont il faut bien s’affranchir.

Adolescence, 2010, T. 28, n°1, pp. 179-187.

Gianluigi Monniello : comprendre la vie et la mort

L’auteur propose quelques pistes de réflexion sur le mystère et le phénomène de la mort. Il convient en effet de distinguer, comme l’auraient fait les Romains, le mortalis, le moribundus, le moriens et le mortuus. Cette distinction est essentielle pour permettre d’organiser la recherche sur le lien intime entre la conception, l’originaire et « la peur antique ». Se fondant également sur une expérience clinique, l’auteur signale que le concept d’identification primaire est essentiel pour lire analytiquement l’activité psychique spécifique que l’on appelle travail du trépas. Le mourant tend en effet à former avec la personne qui prend soin de lui, dernier dépositaire du transfert, une dernière dyade, dans le sillage de la relation précoce avec sa mère.

Adolescence, 2011, T. 29 n°1, pp. 147-159.

 

Gianluigi Monniello : amour et subjectalisation

Les parcours possibles des affects de la vie amoureuse, d’abord au temps de la naissance de l’objet, puis comme investissement de soi et de l’autre, pour se poursuivre enfin dans l’amour dit mûr, se télescopent dans les innombrables formes et dans l’intensité de l’amour de transfert. À partir de la dynamique transféro-contre-transférentielle à l’œuvre dans l’analyse d’Antonella, nous verrons comment la clinique illustre les nombreuses vicissitudes traversées par les adolescents, leurs solutions symptomatiques infinies, les innombrables souffrances de leur vie amoureuse, liées à la fidélité à l’identification primaire, à la force de ce lien aimé et haï, mais aussi, en même temps, à la réactivation des processus de subjectalisation et de subjectivation.

Adolescence 2012, T. 30 n°3, pp. 673-686