Archives par mot-clé : Fantasme d’immortalité

Myriam Boubli, Jean-Claude Elbez : tropisme adolescent dans la cure d’adulte

De notre point de vue, la résurgence des processus d’adolescence dans la cure d’adulte ne serait pas simplement une modalité de fonctionnement régressif, défensif, mais plutôt une modalité de fonctionnement toujours active pouvant être issue de fonctionnements hautement secondarisés. L’hypothèse étant qu’on ne répète jamais, au sens propre du terme, à l’identique, mais qu’on conjugue avec notre modalité d’être actuelle.  Ce qui se modifie vraiment c’est ce passage du grandir à vieillir. Le fonctionnement adulte doit passer par le filtre de l’adolescence mais pas seulement en ce qu’il implique le filtre de la sexualisation génitalisée, mais aussi une organisation temporelle incluant la mort.

Renaud Evrard : psychiser le maître absolu : solutions pubertaires par le paranormal

L’intérêt d’une majorité d’adolescents pour le paranormal, comme théorie et comme expérience, se lit dans les statistiques de divers sondages, au point de l’élever au rang d’une banalité. Le contact avec le paranormal peut être motivé par la curiosité et l’ennui (Mischo, 1991), mais aussi impliquer des enjeux plus profonds dans un questionnement sur la mort. Ainsi, le recours à une séance de spiritisme peut être une modalité d’exploration des limites du symbolique et des effets du signifiant (Le Maléfan, 2008). Cette mise en scène de la mort peut aussi apparaître, paradoxalement, comme une des formes du fantasme d’immortalité dégagé par Ph. Gutton (1993) au temps pubertaire. Ce fantasme peut se développer pour devenir une solution provisoire pour élaborer un deuil ou un traumatisme. Nous essayerons de montrer, au travers de cas cliniques, comment l’adolescence, pensée comme un temps logique proche des états limites, peut subjectiver la mort, ce maître absolu, en la « psychisant », c’est-à-dire en se rapportant à des pratiques cultivées depuis plus d’un siècle par les sciences psychiques et le spiritisme.

Adolescence, 2010, T. 28, n°4, pp. 841-852.