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Yves Morhain, Stéphane Proia : féminin et féminité à l’épreuve de la banlieue

À partir du postulat d’une révolution sexuelle post-soixante-huitarde ayant entraîné ce que M. Tort appelle la « fin du dogme paternel », nous proposons d’envisager les banlieues comme des îlots de résistance s’érigeant contre la fin de l’inégalité érotique à l’avantage du masculin. Au-delà de la féminité sous contrôle comme valeur partagée, c’est la sacralisation de la virginité féminine en tant que garante de l’honneur familial qui continue de se perpétuer au cœur des cités, tandis qu’en parallèle la postmodernité ambiante s’engage vers l’indifférence des sexes. Ce choc entre deux univers symboliques vient ainsi redoubler les conflits inhérents aux effets d’après-coup du processus d’adolescens. Nous considérons que le refus du féminin chez l’adolescente et la haine du féminin chez l’adolescent, résultent d’une même traduction de messages énigmatiques de l’autre adulte, intégrant la sexualité féminine comme potentiellement déshonorante et toujours non honorable, et d’autre part d’un environnement humain « insuffisamment bon » à transmettre des voies d’accès à la symbolisation.

Adolescence, 2009, T. 27, n°4, pp. 983-1005.

Yves Morhain : paradoxalité de « l’enfermement » d’adolescents et de jeunes adultes meurtriers : entre destructivité et créativité

L’actualité de la délinquance qui se signale par l’agression contre l’autre, le semblable, souvent brutale, voire par l’explosion destructrice immédiate, relève de l’archaïque qui renvoie à l’existence subjective du sujet. Les approches judiciaires proposent des formes de rééducation sociale et de prévention, centrées sur l’acte transgressif, désorganisateur et non sur son potentiel refondateur, avec pour conséquence l’« enfermement » de ces adolescents et jeunes adultes difficiles, reproduisant à l’intérieur des murs de la prison une stigmatisation des fauteurs de troubles.

Dans ce qui se révèle une impasse, l’« enfermement » peut opérer et induire la dynamique d’un passage, en instaurant des dispositifs de médiation thérapeutiques qui engagent l’adolescent violent à un travail de ré-élaboration psychique et de relance de sa dynamique subjective, ouvrant l’accès à des satisfactions pulsionnelles constructives, créatives et non pas lieu de décharge pour ces adolescents. Ces espaces de transformation pouvant donner lieu à symbolisation et replacer ces jeunes dans un réseau d’intersubjectivité, dans une communauté d’échanges qui leur permette de se tourner vers un espace de possibilités.

Adolescence, 2013, 30, 4, 797-813.