Archives par mot-clé : Enfermement

Daniel Oppenheim : les adolescents traités pour un cancer et le sentiment d’enfermement

Le sentiment d’être enfermé dans l’univers de la maladie, de l’hôpital, de la médecine fait partie de l’expérience traversée par un adolescent traité pour un cancer. Il est accentué quand le traitement se fait dans une unité « protégée » en raison d’une chimiothérapie avec support de greffes de cellules sanguines souches. La situation d’enfermement concentre et exacerbe tous les éléments de l’expérience du cancer, en particulier la perturbation de la relation au corps (devenu étrange ou étranger) et aux autres (le retrait, la fuite, la demande excessive, la colère), celle du sentiment d’identité, la difficulté à formuler ses pensées et à les exprimer, la peur de penser. Les parents sont eux aussi troublés. Pour aider les adolescents à traverser sans déstabilisation cette phase du traitement et l’enfermement qui la caractérise et, plus tard, à se déprendre de ses effets séquellaires, il importe que le psychanalyste en connaisse suffisamment la réalité pour travailler à partir des éléments divers qui la composent et non avec sa définition globale et les fantasmes qu’elle suscite. Nous décrirons d’abord les éléments constitutifs de ces traitements, puis les repères qui peuvent guider le psychanalyste dans ces situations particulièrement difficiles.

Joëlle Bordet : la cité, lieu de refuge, un risque de fixation

En référence à nos travaux de recherches psychosociologiques et à plusieurs années d’entretiens réflexifs avec des adolescents, j’analyse comment la cité, espace de vie quotidienne et d’appartenance, constitue à la fois un lieu de refuge et un risque de fixation. Face à la stigmatisation, le groupe de pairs entre adolescents accueille et protège ; il représente aussi un risque d’enfermement à la fois psychique et de survie concrète. Sortir de la cité nécessite des démarches importantes faites d’échecs et de réussites. Tous quittent cette situation d’adolescents, les cheminements sont multiples, la référence à l’Islam en est de plus en plus une des modalités.

Jacques Bourquin : une histoire qui se répète. les centres fermés pour mineurs délinquants

Cet article, à partir de l’ambivalence du regard porté sur le mineur délinquant, montre, combien suivant les périodes, on privilégie soit la prévention, l’éducation, soit, parce qu’on le perçoit plus dans sa dangerosité sociale, l’exclusion, l’enfermement.

 

Une histoire qui se joue en permanence autour de la question des institutions « ouvertes » ou « fermées ».

Jean-Marie Delarue : état des lieux de l’enfermement

L’enfermement des enfants, sous toutes ses formes, ne va pas de soi. En référence aux principaux textes de loi et à partir de sa pratique de contrôleur général des lieux de privation de liberté, l’auteur propose ici une réflexion sur les différents motifs, sur les principes en débats et sur les effets contrastés de l’enfermement des mineurs.

Adolescence, 2013, 30, 4, 823-841.

Yves Morhain : paradoxalité de « l’enfermement » d’adolescents et de jeunes adultes meurtriers : entre destructivité et créativité

L’actualité de la délinquance qui se signale par l’agression contre l’autre, le semblable, souvent brutale, voire par l’explosion destructrice immédiate, relève de l’archaïque qui renvoie à l’existence subjective du sujet. Les approches judiciaires proposent des formes de rééducation sociale et de prévention, centrées sur l’acte transgressif, désorganisateur et non sur son potentiel refondateur, avec pour conséquence l’« enfermement » de ces adolescents et jeunes adultes difficiles, reproduisant à l’intérieur des murs de la prison une stigmatisation des fauteurs de troubles.

Dans ce qui se révèle une impasse, l’« enfermement » peut opérer et induire la dynamique d’un passage, en instaurant des dispositifs de médiation thérapeutiques qui engagent l’adolescent violent à un travail de ré-élaboration psychique et de relance de sa dynamique subjective, ouvrant l’accès à des satisfactions pulsionnelles constructives, créatives et non pas lieu de décharge pour ces adolescents. Ces espaces de transformation pouvant donner lieu à symbolisation et replacer ces jeunes dans un réseau d’intersubjectivité, dans une communauté d’échanges qui leur permette de se tourner vers un espace de possibilités.

Adolescence, 2013, 30, 4, 797-813.