Archives par mot-clé : Emprise

Benoît Verdon, Estelle Louët, Manuella de Luca, Catherine Chabert : masochisme et mélancolie, l’enfermement de madame butterfly

Madame Butterfly, opéra de Puccini, est une illustration magistrale du masochisme et de la mélancolie mobilisés dans les conduites sacrificielles sous-tendant la claustration à l’adolescence. Les auteurs montrent combien derrière la figure de la femme passive et naïve se révèle une position active de Madame Butterfly pour lutter contre la séparation. Les identifications mélancoliques au père déchu et suicidé nourrissent l’impossibilité de renoncer à l’objet perdu et de gagner en liberté autrement qu’en s’attaquant soi-même.

Adolescence, 2023, 41, 1, 63-79.

Manuella De Luca : soins psychiques d’un adolescent parricide

La survenue d’un passage à l’acte parricidaire à l’adolescence engage la nécessité d’une évaluation psychiatrique et psychopathologique. Les enjeux d’après-coup du traitement œdipien sont particulièrement sollicités chez l’adolescent comme chez les cliniciens chez lesquels la fascination et l’emprise peuvent entraver le processus thérapeutique. La dimension perverse est présente comme organisation défensive au secours d’une porosité entre dedans et dehors, fantasme et réalité.

Adolescence, 2022, 40, 1, 83-95.

Paul Denis : les racines de la violence

La notion de violence en psychopathologie renvoie avant tout à la quantité de l’excitation en jeu. Envisager la violence à l’adolescence revient donc à considérer ce qui bouleverse l’économie de l’adolescent au point de déborder ses ressources psychiques. C’est à cette période de la vie la conjonction de sources d’excitations internes et de stimulations excessives, alors que l’investissement des relations aux parents n’a plus le même rôle économique, qui fait le « traumatisme de l’adolescence ».

Adolescence, 2019, 37, 2, 225-232.

Gérard Pirlot : passion d’amour

Les forces tectoniques propres à la passion amoureuse sont rappelées dans leurs effets après-coup du traumatique originel de l’humain : sa détresse, son entrée dans le langage, sa nostalgie de la fusion et la perte des idéaux parentaux, son rapport à la transgression de l’interdit œdipien…, autant de « traversées du miroir psychique » qui attendent l’adolescent. Seront ici déclinés les liens entre amour passionnel, emprise, désir et rôle du kairos, du hasard, des détails et des objets partiels, comme de l’affect de vide et de deuil dans le déclenchement du mouvement passionnel.

Adolescence, 2015, 33, 1, 9-31.

Philippe Gutton : Processus homosexuels de puberté

Après avoir étudié la découverte de l’homosexualité de Mishima dans La confession d’un masque, l’auteur rappelle le développement de la sexualité humaine en ses deux temps. Il distingue ensuite à la puberté les homosexualités engagées dans la clinique du breakdown et les homosexualités ordinaires (ou névrotiques) qui retiennent surtout son propos. Il y interroge la théorie de l’éprouvé de la complémentarité des sexes et travaille la notion de contingence de l’objet partiel et total. Le choix génital serait moins affaire d’érotique que d’emprise. La souplesse des transactions pubertaires intrique homo et hétérosexualité de telle sorte que l’auteur se demande si ce qui règle le choix ultérieur n’est pas sa capacité d’intégrer (ou mieux ou plus mal) les investissements sadoso-masochistes. La théorie s’explicite par des exemples cliniques. Elle tient compte de l’évolution actuelle des idées concernant les minorités sexuelles.

Philippe Jeammet : les liens , fondement du sujet. de la contrainte au plaisir

Il est travaillé ici le lien objectal infra-représentationnel distingué au niveau des représentations différenciées d’objet (relations d’objet) : comment être soi, si pour être soi il faut à la fois être comme l’autre et se différencier de l’autre ? Cette contradiction inhérente au développement qui fait violence à l’adolescent ne peut être pensée qu’après-coup. C’est parce qu’il a pu accepter de se nourrir des autres qu’il peut s’en détacher et se sentir davantage soi-même. Travaillant la qualité des assises narcissiques, l’auteur utilisera les modèles de l’attachement de l’auto-érotisme dans sa fonction de réinvestissement libidinal de l’emprise. La dialectique est celle des ressources internes et du recours au monde externe perceptivo-moteur dont la mission développementale, en particulier par le contre-investissement de la réalité interne.

Haouri Maïdi : passion et adolescence

 

Passion et adolescence évoquent toutes deux la problématique de la démesure, l’excès et l’extrême, le trop du trop. L’amour est ici insensé et insupportable, lié au besoin de l’autre plutôt qu’à l’expression du désir. Aussi, au-delà de l’exigence d’emprise sur l’autre cause du besoin, rencontre-t-on chez le sujet passionnel un sadomasochisme intrasubjectif agi et de fréquentes conduites autodestructrices (autosadisme). Ici, la victime et le bourreau sont particulièrement fondus et amalgamés.

Guy Lavallée: pas le temps! Notes sur les contenants du temps

L’article décrit un adolescent qui a été un enfant autiste, aux prises avec l’angoisse du temps, dans un travail de « médiation symbolisante » avec la vidéo, en hôpital de jour. L’auteur met en évidence l’ensemble des conditions cliniques qui permettent à cet adolescent de sortir d’un état de chaos et d’excitation psychotique atemporel. L’analyse de l’impact psychique du dispositif technique vidéo permet de comprendre que l’investissement en emprise fixe et contrôle le temps, tandis que l’hallucinatoire le réactualise et le suspend pour un bref moment d’éternité. En constituant une position thérapeutique spécifique contenante, l’auteur permet à cet adolescent d’orienter et de freiner la flèche pulsionnelle du temps, puis, de créer un minimum vital de continuum temporel. Une ultime séquence clinique décrit le passage d’un état d’angoisse de précipitation panique, dans le temps de la séparation, à la possibilité de penser sereinement le temps des retrouvailles.

Adolescence, 1997, T. 15 n°2, pp. 310-336.

De l’ensemble de ces observations, l’auteur dégage quelques jalons pour une théorie psychanalytique des contenants du temps de la pensée.

Nicole Jeammet : Edith Stein ou de l’emprise à l’abandon de soi

Cet article voudrait combattre les idées reçues sur “ l’expérience mystique ” et voudrait la resituer dans l’histoire de celui qui la vit pour en montrer la possible créativité ; après avoir évoqué “ le buisson ardent ”, c’est l’histoire d’Edith Stein qui est interrogée pour essayer de montrer comment sa rencontre avec le Christ, si elle récapitule les expériences faites, lui ouvre un avenir, en permettant d’accéder à une autre appréhension du monde : des conflits restés jusque-là insolubles trouvent dans l’aire des paradoxes une résolution possible, permettant de réduire les clivages et de passer de la contrainte d’une relation d’emprise à une autre, où se découvre la vérité humaine de l’abandon.

Adolescence, 2008, T. 26, n°1, pp. 117-129.

Béatrice Mabilon-Bonfils : l’adolescent face à la relation d’emprise scolaire : entre adaptations secondaires et arrangements ordinaires

L’article étudie l’hypothèse d’un désir d’emprise au cœur de toute relation pédagogique, et la relation d’emprise, quelle que soit la modalité qu’elle revêt, représente une véritable formation défensive, permettant d’occulter le manque dévoilé par la rencontre de l’autre. De ce scénario, se dégagent des règles communes à toutes les relations d’emprise : l’instrumentalisation de l’autre et l’impossibilité pour celui-ci de rompre le cycle d’échange dans lequel il donne plus qu’il ne prend, la rupture étant construite comme de l’ordre de l’injustifiable et supposant un passage en force, un acte de rébellion ou de violence. Comment les adolescents se maintiennent-ils comme sujets désirants dans l’école ? Comment échappent-ils à la relation d’emprise ? Dans sa relation ambivalente à l’autorité qu’ils construisent, quelles stratégies mettent-ils en œuvre ? Le questionnement articule l’interrogation philosophique et le regard sociologique.

Adolescence, 2009, T. 27, n°2, pp. 447-459.