Archives par mot-clé : Clivage

Maria Zafeiropoulou : deux personnages… en quête d’auteur

L’exploration d’un cas clinique va nous permettre d’aborder les enjeux mais aussi les achoppements dans le processus de subjectivation chez l’adolescent. Ce dernier, confronté à l’altérité interne et externe, tente d’assurer sa continuité identitaire tout en se transformant. Nous allons montrer comment la rencontre thérapeutique, en tant qu’espace transitionnel, peut favoriser le jeu identificatoire et l’union progressive des parties clivées de la personnalité en cours de subjectivation.

Adolescence, 2022, 40, 2, 309-320.

Claude Monneret : pornographie et après-coup œdipien

M’appuyant sur la clinique de deux adolescents manifestant une crise œdipienne exacerbée en lien avec des perturbations précoces de la relation à l’objet primaire, le recours à la pornographie dans ses représentations et/ou dans sa pratique correspond à un processus défensif vis-à-vis de la menace traumatique de l’attirance incestueuse à l’égard de la mère et vis-à-vis de la relation génitale qui implique les enjeux de la relation à l’autre. Cette sexualité régressive et défensive concerne beaucoup d’adolescents, à des degrés divers, au début de la crise d’adolescence.

Adolescence, 2019, 37, 1, 59-70.

Camille Enshaian, Maurice Corcos : le haïku, support privilégié de projection chez une adolescente borderline

L’intérêt de l’utilisation du haïku dans un atelier écriture avec des adolescents borderline hospitalisés en psychiatrie est étudié à travers les écrits d’une adolescente. Le rythme imposé par le haïku et sa brièveté amènent la jeune fille à inscrire en plein le cri du souvenir d’une absence, à écrire ce qui dans la langue parlée demeurait absent. L’omniprésence de coupures dans ce type de poème et le clivage à l’œuvre au moment de l’écriture permettent alors l’inscription de sa douleur psychique.

Adolescence, 2018, 36, 1, 213-222.

François Richard : Du terrorisme djihadiste

Cet article prolonge l’ouvrage L’actuel malaise dans la culture : le clivage entre courant civilisé et agressivité contre la culture nourrit un désaveu de la destructivité à l’œuvre dans la psychologie collective et même dans la pensée critique – de sorte que le jugement reste en suspens. Le surmoi est affaibli, puis perverti. L’islamisme radical constitue une forme typique d’un surmoi sadique et paranoïaque bien plus qu’il ne résulte de fragilités identitaires narcissiques.

Adolescence, 2017, 35, 1, 119-134.

Stéphanie Barouh-Cohen : le corps de l’indicible

Le processus d’adolescence engage des remaniements identitaires et identificatoires qui nécessitent un travail de psychisation indispensable pour assurer un sentiment de continuité. Son achoppement fait courir au sujet le risque de la domination par la « fonction désobjectalisante » de son économie psychique, obturant par là même toute forme de créativité et d’expression du vivant. Le travail de l’analyse pourrait alors emprunter la voie de la sensorialité à partir du déplacement dans le transfert des impressions sensorielles non assimilées, au plus près du « corps de l’indicible », entre impasse et créativité.

Adolescence, 2014, 32, 4, 787-796.

Gérard Bonnet : touche pas à ma sexualité

L’exhibitionnisme pornographique collectif a pris aujourd’hui la place de l’exhibitionnisme individuel des temps passés, et il nous lance un nouveau type de défi. On assiste en effet à une invasion d’images inspirées des films X qui touche de plus en plus les enfants et les adolescents : alors que leur passage à la sexualité adulte suppose une élaboration imaginaire où la pudeur tient une place capitale, ces exhibitions risquent de court-circuiter les trajets du désir. L’auteur montre que cette confrontation est devenue en quelques années une nouvelle épreuve initiatique pour les jeunes, la principale en matière de sexualité. Il souligne les difficultés que cela entraîne et dégage de sa connaissance de l’exhibitionnisme quelques pistes pour accompagner les plus démunis. Plutôt que de se réfugier dans la voie du tout répressif, qui ne ferait qu’intensifier le phénomène, il invite à mesurer notre responsabilité collective et à reconsidérer notre conception de la sexualité à l’aune de la créativité humaine.

Jean-Claude Elbez : psychosomatique et processus d’adolescence

L’adolescence, avec ses processus pubertaires et de subjectivation, constitue un moment particulièrement sensible de reprise, après coup, de traumatismes primaires. Dans l’occurrence où ces conflits seraient restés en marge de la représentation et auraient généré des défenses psychiques sur la modalité du clivage, les processus pubertaires ouvriraient sur un retour du clivé, et s’il s’était agi de répression, d’un retour du réprimé : dans les deux cas, ce qui risque de faire retour, dedans, serait une destructivité déliée, ouvrant la voix à une désintrication pulsionnelle, voire à une dépulsionnalisation de la pulsion en instinct, avec risques de désorganisation somatique.

 

Donald L. Campbell : l’état pré-suicidaire chez une adolescente

 

Cet article cherche à approfondir notre compréhension psychanalytique d’une tentative de suicide chez une adolescente. L’acte suicidaire est à appréhender comme la mise en acte d’un fantasme suicidaire. Après avoir étudié la nature et la fonction des différents types de fantasme suicidaire, l’auteur se focalise sur celui de sa patiente. Pendant la phase pré-suicidaire, le père de la patiente – en particulier son incapacité à revendiquer sa fille ou à se présenter soit comme rival amical de la mère soit comme objet de rechange – joue un rôle crucial dans l’état psychique de l’adolescente, comme en témoignent le transfert de la patiente et le contre-transfert de l’analyste. Un aspect fondamental de la dynamique qui s’enclenche pendant la thérapie d’un patient pré-suicidaire est la tentative de celui-ci pour forcer son analyste à participer, en collusion avec lui, dans le scénario suicidaire de façon à ce que l’analyste « autorise » ou « cause » le passage à l’acte suicidaire. Ces hypothèses sont illustrées par des extraits du matériel clinique d’une adolescente qui fit une tentative de suicide au cours de son analyse.

Monique Schneider : entre l’objet et le témoin, l’ami

L’amitié est d’abord envisagée comme située aux origines de la psychanalyse. Le lien s’établissant entre Freud et W. Fliess représente une structure d’étayage, permettant une superposition entre deux dimensions de l’humain – vie et esprit – ou entre deux disciplines s’appliquant à la connaissance d’un niveau du réel : biologie et psychologie. Le partage en deux domaines se rencontre également dans l’“ auto-clivage narcissique ” analysé par S. Ferenczi, ce qui peut faire comprendre le rôle joué par le trauma, soit dans la naissance d’une amitié,  soit dans la rupture.

L’analyse du couple formé par Freud et E. Silberstein mettra en évidence une autre structure : l’ami y devient le confident auquel est confié l’aveu des rapprochements se situant à l’extérieur du champ de l’amitié. Confident à qui ces rapprochements – Freud parle alors de sa rencontre avec Gisela Fluss – sont offerts comme autant de sacrifices.

Stefano Bolognini : le bar dans le désert, symétrie et asymétrie dans le traitement d’adolescents difficiles

L’auteur considère que les moments alternés spécifiques de la relation symétrique-asymétrique facilitent le travail analytique et permettent des interprétations avec un analysant qui d’habitude a peur de la dépendance, qui est hostile envers les représentants du surmoi, et qui a besoin d’une contenance non-déclarée et d’une contribution à la cohérence du soi, comme le patient adolescent.

Le récit clinique illustre cette manière spécifique de travailler, très différente de celle adoptée dans l’analyse des patients adultes.

Par exemple, l’analyste doit pouvoir renoncer provisoirement, parfois pendant longtemps, à des interprétations trop brillantes et trop fréquentes qui pourraient souligner la supériorité de l’adulte, difficilement tolérée par l’adolescent.