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Christian Mille, Daniel Sibertin-Blanc : De « l’adolescent inconsommable » à « l’adolescence inconsommable »

Un tel titre, pour le moins énigmatique, impose le recours au dictionnaire pour en dégager quelques significations potentielles. En s’appuyant sur les différentes définitions proposées, quelques axes de réflexion se dégagent pour les praticiens qui essaient parfois vainement d’attirer et de fidéliser les adolescents dans leurs « fonds de commerce ». Il existe bien une expression clinique de « l’adolescent inconsommable », tout du moins jugé comme tel par ses proches et qui se soustrait pareillement à toute forme d’appétence psychothérapique à son égard. La fantasmatique du sujet/objet consommable qui sous-tend cette stratégie d’évitement mérite d’être explorée. Dans les situations les plus préoccupantes, elle vient trahir une adolescence inconsommable par refus du corps sexué ou du devenir adulte. La question ultime étant celle du dispositif psychothérapique tolérable pour un adolescent sur ce registre.

Adolescence, 2008, T. 26, n°4, pp. 861-876.

Daniel Sibertin-Blanc, Christian Mille : l’adolescent inconsommable face au désir parental de le consommer…

L’adolescent inconsommable concerne une population nombreuse d’adolescents en prise avec des parents qui abusent de leur pouvoir en les exploitant au point de nier leur statut de sujet. Parmi ces adolescents beaucoup sombrent dans des conduites autodestructrices pour épargner leurs parents auxquels s’adresse fondamentalement leur violence. D’autres échappent à cette contrainte et parviennent à préserver le processus de subjectivation. Ils indiquent que des solutions sont possibles pour aider les premiers à devenir inconsommables.

Adolescence, 2008, T. 26, n°4, pp. 851-859.

Christian Mille, Daniel Sibertin-Blanc, Thomas Henniaux : impact et impasses du « politique » dans les institutions soignantes pour adolescents en souffrance

L’incidence croissante parmi les adolescents des troubles du comportement, des conduites à risque, de l’appétence addictive, de la dépression, des gestes suicidaires signe une entrée en force dans la pathologie des liens et de la dépendance. Les politiques ne sont pas aveugles et sourds à cette problématique et à ses enjeux vitaux pour l’avenir de tous. Ils en ont pris conscience depuis plus d’une vingtaine d’années, en faisant de l’adolescence une priorité de santé publique. De nouvelles idées ont ainsi émergé, libérant des espoirs et des initiatives novatrices, mais confrontant aussi à des difficultés et à des échecs. L’expérience d’une Unité de psychiatrie d’adolescent nous montre de façon exemplaire les limites d’une politique « réglementée » en matière de soins psychiques pour adolescents sur un registre « limite ». Les contraintes administratives liées à des réglementations désuètes ou à de nouvelles recommandations censées promouvoir les bonnes pratiques nuisent paradoxalement à leur mise en œuvre. On ne saurait pourtant sous-estimer, la valeur défensive des tâches et du discours administratif, comme le poids de certains courants de pensée dénigrant les fondements psychodynamiques du « soin relationnel ». Le risque pourrait être lié à l’irrésistible montée en puissance du « modèle technocratique » qui se présente comme une nouvelle utopie, ignorante de son inscription dans le courant de pensée « positiviste », et du subtil usage que peuvent en faire les pouvoirs en place. Cependant, à n’en pas douter les « psychistes », par leurs interventions directes et leur « pratique interstitielle » (Roussillon, 1991) devraient garder une place déterminante dans l’institution soignante qui ne saurait se passer de leur vigilance aux « impensés » de la structure, aux passions éphémères qui la traversent comme aux stratagèmes défensifs auxquels elle ne manque pas d’avoir recours.

Adolescence, 2009, T. 27, n°2, pp. 469-485.