Archives par mot-clé : Abus sexuel

Claude Savinaud : l’acte transgressif et son interprétation

Dans le contexte sociétal, la clinique actuelle et sa violence interrogent le rôle du processus interprétatif de la cure analytique. Le rêve de pureté d’un acte intemporel qui rejoint l’abstraction esthétique du psychanalyste, devrait se confronter à la nécessité d’une figuration qui procède de cette manière de « faire avec » le nouage du symptôme. Il s’agit d’en suivre pas à pas les trajectoires, d’en repérer les traces imaginaires, réelles et symboliques et ce qui les fait tenir ensemble.

Adolescence, 2020, 38, 2, 507-519.

Jean Laplanche : le crime sexuel

La désintégration progressive, dans nos sociétés modernes, des systèmes de parenté, et de la prohibition de l’inceste, nous permet une avancée théorique. Si ce double effacement a fait surgir, en dehors de tout système de parenté, le crime sexuel en tant que tel, c’est-à-dire l’abus sexuel “ entre les adultes et l’enfant ” (Ferenczi), cela pourrait être le signe de ce que l’interdit de l’inceste a de tout temps essayé de contenir, sans y parvenir complétement, la sexualité polymorphe et déliée, présente non seulement dans l’enfant mais dans l’inconscient infantile de l’adulte.

 

Claude Savinaud : l’abus et l’affect

Dans notre rencontre avec un certain nombre d’adolescents auteurs d’abus sexuels, nous constatons l’absence de sentiments associés à ces actes, alors qu’ils ne signent pas la présence de troubles dissociatifs ou carentiels. Par contre, ce défaut de remords peut être considéré comme une faille dans la subjectivation adolescente, consécutive à l’omniprésence d’une figure surmoïque archaïque. L’imago maternelle primordiale qui constitue cette figure n’est ni intégrée, ni intérieurement conflictualisée mais projetée sur l’objet rendu “ indifférent ” pour servir d’exutoire à l’excitation pulsionnelle. Le clivage du Moi ne suffit pas à assurer une distinction minimale entre “ bon et mauvais objet ” et introduit une confusion dont l’acte délictueux est la résultante. L’émergence d’une culpabilité transférentielle pourra être la conséquence de la remise en route du processus associatif dans la cure.

Sophie Turcat : la mauvaise éducation du père

Selon le prolongement de l’analyse effectuée précédemment sur Parle avec elle, P. Almodovar a poussé plus loin l’expression de ses fantasmes fraternels et offre pour la première fois avec La mauvaise éducation des éléments concrets et autobiographiques de leur naissance. Il donne une place enfin toute-puissante aux personnages phalliques masculins et parvient à éliminer les féminins presque totalement.

Claude Savinaud : le “ roc du féminin ”, point de butée de la sexualité adolescente

L’abus sexuel dans un cadre intrafamilial de certains auteurs adolescents semble démontrer une difficulté à discerner ce qu’il en est du féminin dans l’objet maternel. Notre propos s’attachera à étudier ici spécifiquement ce facteur :

– L’acte correspond à un “ lâchage ” de la protection assurée à l’enfant par l’image maternelle et/ou la surenchère de l’appropriation du corps ou de la psyché de l’adolescent à des fins de jouissance ou d’objet d’angoisse.

– L’acte répond à un trou dans le système des représentations symboliques délimitées par la loi, ce trou concerne le “ roc biologique ” de la castration, dont la différence des sexes est un signal d’appel.