Archives de catégorie : Violence – 1998 T. 16 n°1

Michelle Cadoret: contexte et culture. Violence de la scène adolescente

Chaque adolescent est, à chaque génération, violemment pris dans un contexte social et impliqué dans une problématique de transmission et de filiation, de dette et d’héritage. Seuls ou en groupe, les adolescents sont des acteurs/témoins qui introduisent leurs objets, discours et conduites dans leurs lieux de passage. L’adolescence est une catégorie instable, sans véritable place, qui peut s’approprier le lien social ou le mélancoliser. La scène adolescente, vulnérable, interpelle les institutions et demande que soit aménagé un espace potentiel qui permette la transformation des registres du psychique et du social impliqués dans ce passage. Elle est un point nodal où se condensent des enjeux individuels et collectifs, où se précipitent et se cristallisent des violences. La scène adolescente se présente comme une violente dramaturgie à la croisée du psychique et du social.

Adolescence, 1998, T. 16 n°1, pp. 291-303.

Raymond Cahn: sous les valeurs, la violence: à propos de Télémaque

Télémaque est l’exemple même de la réussite d’une adolescence achevée et de l’entrée dans l’âge adulte. Modèle déconstruit, chacun à sa manière, par Fénelon et Aragon, laissant apparaître une violence pulsionnelle dont le fonctionnement mental s’alimente en même temps qu’il s’efforce, avec un bonheur variable, de la dompter et révélant ainsi la richesse et la profondeur de cette figure mythique.

Adolescence, 1998, T. 16 n°1, pp. 305-321.

Serge Lesourd: de la violence narcissique à la construction de l’image de la mère. A propos d’une adolescente « incasable »

À propos de la prise en charge d’une adolescente « incasable » dans un centre d’accueil d’urgence, l’auteur développe une lecture des troubles narcissiques primaires qui reposent sur un trouble de la construction de l’image psychique de la mère pour le sujet. C’est alors le corps, le sien et celui de l’autre, qui fait fonction de « contenant » dans la relation, entraînant face aux interdits, une réponse en acte et non pas dans le langage. La prise en charge de ce type d’adolescent implique la reconstruction, sous transfert, d’une image de mère intériorisée et par là même de faire du corps archaïque, un corps pris dans le langage et dans les signifiants.

Adolescence, 1998, T. 16 n°1, pp. 291-303.

Josette Frappier: la violence de l’héroïsme en héritage

La lecture des tragédies de Sophocle concernant la famille des Labdacides,  » Œdipe Roi « ,  » Œdipe à Colone « ,  » Antigone « , offre un exemple de la compulsion de répétition à l’œuvre dans la succession de passages à l’acte violents, comme conséquence de la violence psychique traumatique transgénérationnelle. Avec le mouvement de subjectivation propre à l’adolescence, l’héritage du trauma psychique peut engager le sujet, telle Antigone, dans une identification héroïque qui, pour la bonne cause, ne fera néanmoins qu’alimenter la répétition de la violence.

Adolescence, 1998, T. 16 n°1, pp. 291-303.