Archives de catégorie : Thérapie@ – 2015 T. 33 n°3

Annie Élisabeth Aubert : entre maghreb et europe

L’article étudie trois romans portés par le travail d’adolescence de leurs auteurs : Assia Djebar, Faïza Guène et Jonas Hassen Khemiri. Inscrits dans des conflits entre les langues qu’ils organisent, ces romans valent comme « laboratoire culturel » pour traiter le trauma de la culture inscrit dans les relations entre Europe et Maghreb : ils travaillent l’historicisation dans la langue et complexifient le processus de re-transmission intergénérationnelle.

Jocelyn Lachance : l’ordalie numérique

L’article propose d’interroger le concept d’ordalie numérique pour comprendre les diffusions en ligne de certaines vidéos et photos numériques. Jouant le tout pour le tout en publiant des images où ils sont reconnaissables, certains adolescents vont compromettre leur identité sous le regard de la communauté anonyme des internautes, réactivant ainsi une anthropologie de la prise de risque dans les conditions spécifiques du web 2.0.

Jacques Dayan : crimes de haine. première partie : la haine, l’état et le religieux

L’assassinat collectif de journalistes sert de départ à l’analyse du fanatisme, ses ressorts et sa contextualisation sociale dans l’Europe moderne descendante des Lumières. Nous tentons de montrer que le détachement de l’inféodation de l’État au religieux s’est fondé sur des principes d’humanisme. Nous discutons la notion du développement du sens moral chez l’enfant à partir de remarques issues de la psychanalyse et évoquons les liens entre style et position psychique en regard de la paranoïa.

Maïa Fansten, Cristina Figueiredo : parcours de hikikomori et typologie du retrait

Le phénomène de retrait à domicile des jeunes ou hikikomori nous montre une façon nouvelle et particulière, pour des adolescents aux profils différents, d’exprimer un malaise. Leurs discours sur leur parcours et leur réclusion font l’objet d’une analyse qui met au jour trois types de retrait : le retrait alternatif, le retrait réactionnel et le retrait chrysalide. Chacun constitue une modalité de réponse face aux attentes sociales et aux dynamiques familiales dans le passage vers l’âge adulte.

Natacha Vellut : le retrait des jeunes (ou hikikomori), une préférence négative

Le retrait social des jeunes, nommé hikikomori et étudié depuis les années 1990 au Japon, intrigue depuis peu les chercheurs et cliniciens d’autres pays. À partir de la lecture que font G. Deleuze et G. Agamben du roman Bartleby de H. Melville, nous proposons de définir le retrait comme une « préférence négative » susceptible de se résoudre dans un dépassement de soi lors du passage de l’adolescence à l’âge adulte.

Ritta Baddoura, Gentiane Venture, Guillaume Gibert : perspectives thérapeutiques : le robot humanoïde

La plateforme de téléopération intuitive SWoOZ pose un robot humanoïde comme médiateur entre deux humains. Les premières études mettent en avant les dimensions subjectives et affectives de l’expérience des personnes interagissant avec le robot, notamment en terme de présence, et attirent l’attention sur le potentiel inédit de l’usage clinique du robot. Il apparaît à la fois comme outil technologique, jouet ou partenaire de jeu dans le processus thérapeutique.

Bernard Astruc, Monia Latrouite-Ma, Chrystel Chaudot : thérapies d’adolescents par vidéo-consultation

Les adolescents, familiers du web et des outils connectés, sont tout naturellement enclins à utiliser les ressources disponibles en ligne. Cet article présente le fonctionnement d’un réseau de psychothérapeutes utilisant une plateforme de vidéo-consultations pour prendre en charge des patients expatriés. L’accent est mis sur la nécessité de former les intervenants à ces nouvelles pratiques de la psychothérapie. Trois cas cliniques de prise en charge à distance sont exposés et discutés.

Tadaaki Furuhashi, Natacha Vellut : expériences de consultations en ligne avec de jeunes hikikomori

À partir de l’expérience du suivi de jeunes hikikomori de l’université de Nagoya au Japon, les auteurs étudient le contexte et les effets de consultations en ligne (par téléphone ou e-mail). Ce mode de thérapie ne fonctionne que s’il prolonge une relation transférentielle déjà instaurée. Sa mise en œuvre nécessite certaines conditions dont le respect d’un cadre minimal. Les consultations en ligne sont bénéfiques quand elles favorisent un objet médiateur et ré-introduisent une dimension sociale dans l’univers privé du jeune hikikomori.

Natacha Vellut : retrait social et usages du numérique

Les usages du numérique de jeunes français et japonais en retrait social (hikikomori) est exploré grâce à l’étude d’entretiens biographiques de recherche. Leurs usages sont divers : ludique, occupationnel, éducatif, socialisant, voire militant si le numérique se constitue en une contre-culture prônant l’anonymat et la liberté d’expression. Le numérique apparaît ambivalent quant à ce retrait social des jeunes, favorisant aussi bien leur sortie que leur installation dans le retrait.