Archives de catégorie : Solitude – Désolation – 2005 T. 23 n°1

Dominique Agostini : Mélanie Klein analyste d’adolescents : III. le cas “ willy ”

Après l’étude du cas “ Félix ” ouvrant aux concepts d’objets internes et de fantasmes inconscients ; puis du cas “ Ilse ”, centré sur les conceptions kleiniennes de l’identité sexuelle féminine, l’auteur explore le matériel émanant de l’analyse de “ Willy ” (quatorze ans). Analyse dans laquelle Klein illustre et conceptualise, comme elle l’a fait pour Félix et Ilse, que revisiter l’Œdipe précoce constitue, à l’adolescence, le préalable indispensable au développement intégratif conjoint de la bisexualité psychique et de la “ puberté psychique ”. Klein articule ce travail aux concepts de phase féminine commune aux deux sexes, de parents combinés, d’homosexualité masculine.

Sophie Turcat : la mauvaise éducation du père

Selon le prolongement de l’analyse effectuée précédemment sur Parle avec elle, P. Almodovar a poussé plus loin l’expression de ses fantasmes fraternels et offre pour la première fois avec La mauvaise éducation des éléments concrets et autobiographiques de leur naissance. Il donne une place enfin toute-puissante aux personnages phalliques masculins et parvient à éliminer les féminins presque totalement.

Guy Scharmann : “ les balafrés du divan. Essai sur les symbolisations plurielles ”

Cet article donne un aperçu du livre de Jean-José Baranes [(2003). Les balafrés du divan. Essai sur les symbolisations plurielles. Paris : Dunod] dont le thème central est une réflexion clinique et théorique sur le travail de symbolisations primaires et secondaires, à l’œuvre dans les indications actuelles de la psychanalyse.

Françoise Fericelli-Broun : adolescence et suicide : questions déontologiques, questions éthiques

Dans cet article, l’auteur se propose de définir et de distinguer les notions de morale, de déontologie et d’éthique appliquées au domaine médical. Déontologie et éthique sont ensuite interrogées dans le cadre d’une pratique de soins psychiatriques auprès d’adolescents suicidants. Ce type de situation thérapeutique confronte répétitivement et violemment les soignants aux questions déontologiques et éthiques.

Une vignette clinique permet la mise en évidence des modalités du questionnement éthique, questionnement indispensable à l’élaboration d’une action soignante.

Michel Delage : échec à l’autonomisation et solitude. Place d’une approche thérapeutique familiale

Sur le chemin de son autonomisation, l’adolescent rencontre parfois la solitude. Certaines conduites pathologiques comme les fugues ou les “ faux-départs ” paraissent en témoigner, à la fois expression de malaise ressenti et appel à l’autre. La théorie de l’attachement offre comme théorie de la relation un modèle de compréhension de ces situations dont la cohérence tient dans le fait qu’elle se centre sur l’interpersonnel et sur la possibilité d’interventions thérapeutiques familiales. Dans cette direction les deux concepts de “ résonance ” de “ d’objet flottant ” présentent un grand intérêt.

Antoine Masson : du saisissement aveugle à la vision subjective, de et par soi-même

À travers une séquence clinique auprès d’un adolescent se présentant comme aveugle, l’article montre la transmutation d’une impossibilité à constituer un horizon de monde subjectif en une capacité, retrouvée dans le transfert, à (se) subjectiver à partir d’un point traumatique et à dresser le théâtre d’un monde intime. Le cheminement thérapeutique part des traces de saisissement du corps et se soutient de l’équivoque diagnostique attestant l’impasse et la tentative d’exister. Il s’agit ensuite successivement, de repérer les impasses de la subjectivation du passage adolescent, de poser des métaphores vivantes pouvant servir d’amorce à une symbolisation, de restaurer de manière progressive la capacité d’organiser une vue du monde et de soi-même, de faire face à ce qui est arrivé, et enfin d’ouvrir à une nouvelle réalité subjective.

André Brousselle : masochisme masculin, masochisme féminin à l’adolescence

Le masochisme est étudié ici dans sa visée identitaire, donc sexuée. Envisagés comme autres façons d’être un homme ou d’être une femme, le masochisme masculin(isant) de la femme et le masochisme féminin(isant) de l’homme sortent du paradoxe et se repèrent dans la dynamique des périodes critiques : ainsi à l’adolescence, le masochisme est souvent le passage obligé  de la sexuation, parfois sur le mode initiatique, sauvage ou culturel.

Eric Bidaud : l’adolescent et la “ scène pornographique ”

Nous nous proposons d’analyser la catégorie de l’“ obscène ” en le définissant comme une fonction, jouant dans l’espace de la relation à l’Autre et de la rencontre des regards un rôle de régulation et de parade en son double sens : exhibition et évitement d’une attaque.

L’adolescent, dans son rapport à la scène pornographique, questionne en même temps qu’il voile le corps de l’Autre, ressenti comme pôle d’attraction mais aussi de menace.

Gérad Pirlot : “ solus ipse ”

Évoquant les souvenirs solitaires d’un patient orphelin utilisant l’analyse pour conforter sa solitude, l’auteur examine les liens entre résistance transférentielle, traumatisme narcissique précoce lié à la perte du père, difficulté d’introjection des pulsions sexuelles et narcissisme moral. Certains textes du jeune A. Rimbaud illustrent également ce narcissisme moral qui utilise volontiers la solitude comme pratique masochique pour colmater les failles narcissiques d’un Moi n’ayant pu harmonieusement introjecter pulsions sexuelles et imago paternelle.