Archives de catégorie : Rite – 2010 T. 28 n°3

Patrice Huerre : abaisser l’âge de la majorité : pour en finir avec l’adolescence

La manière de faire passer de l’état d’enfant à celui d’adulte au décours de la puberté a beaucoup évolué au long de l’histoire. Les changements physiologiques du corps ont été le plus souvent corrélés au changement statutaire et juridique du sujet. Force est de constater qu’il n’en est plus rien et que, depuis sa création au milieu du XIXe siècle, l’adolescence n’a fait que s’étendre au détriment de la phase de latence en amont et de l’accès à la maturité en aval. Les difficultés que cette situation occasionne pour les adolescents doivent nous inviter à la remettre en question et à proposer un abaissement de l’âge de la majorité.

Adolescence, 2010, T. 28, n°3, pp. 699-708.

Ludovic Gadeau : le rapport à la loi et l’exercice de l’autorité : acte éducatif et temps transitionnel

L’auteur met en discussion une forme de dérive dans le rapport à la loi et l’exercice de l’autorité en opposant acte éducatif et réaction éducative. Cette opposition est utile pour élaborer les situations éducatives se situant au voisinage de la perversion. La réaction éducative opérerait dans le registre de la réalité contingente, répondant à une temporalité du registre de l’immédiateté. L’acte éducatif tirerait son pouvoir structurant de ce qu’il se situe essentiellement dans le registre symbolique, gouverné par une temporalité transitionnelle. L’auteur montre que certaines expériences intersubjectives lorsqu’elles sont soumises à une temporalité transitionnelle donnent à l’acte éducatif sa portée structurante.

Adolescence, 2010, T. 28, n°3, pp. 689-697.

Nicole Jeammet : rite et vie monastique

À partir d’une recherche effectuée dans un monastère, cet article interroge le sens que peuvent prendre la liturgie et les rites : à travers l’importance donnée au corps et au faire dans un lieu commun à l’Autre et à soi, ne peut-on les voir comme une porte d’accès à un espace transitionnel ?

Adolescence, 2010, T. 28, n°3, pp. 685-688.

Véronique Donard : thérèse de lisieux ou la sublimation des pulsions meurtrières

Cet article aborde certains aspects de la fantasmatique de Thérèse de Lisieux lors de sa préadolescence et de sa puberté. Il met à jour des conflits psychiques marqués par la mort et la violence, de même que par la force des affects œdipiens et par une impossible sexualité. Il cherche à montrer que, si la réalité psychique de la « petite Thérèse » est loin de correspondre à l’image édulcorée que l’on s’en fait habituellement, elle ne révèle pas moins la qualité du travail des pulsions de vie et la force d’un remarquable processus de maturation qui sut transformer progressivement une organisation psychique pathologique et mortifère en une dynamique tournée vers la vie.

Adolescence, 2010, T. 28, n°3, pp. 667-684.

Maurice Netter : le religieux comme expression des imagos, de leur fixité et de leur évolution

Le religieux exprime le monde interne de chacun à la recherche de figurations de son origine collective. Les imagos sont des représentations des liaisons entre le plus intime des perceptions inconscientes et les affects originaires : elles résultent de la mémorisation de ce que le tout jeune enfant perçoit des « personnages » de son environnement et de leurs relations. Le pubertaire amorcera la reviviscence de ces personnages dont l’adolescence modifiera les relations fantasmatiques ; le religieux, pourra donner une forme et un contenant  à ces recompositions imagoïques ; comme passage, il peut ainsi conduire à une plus grande liberté intérieure.

Adolescence, 2010, T. 28, n°3, pp. 655-666.

Philippe Jeammet : les rites à l’adolescence

Les rites d’initiation sont caractéristiques de l’adolescence et parmi les plus fortement organisés qui soient, mettant en jeu le corps et tout ce qui tourne autour de la sexualité. Les rites correspondent à un aménagement des menaces qui pèsent sur le sujet et sur le groupe. Ils sont faits pour soutenir le sujet et  l’intégrer dans le monde des adultes. Ils doivent par leur ambiguïté même répondre à cette situation paradoxale, d’être soi-même demandeur de ce que les autres en fait imposent. Ils permettent une co-création par le groupe et l’individu d’un espace commun de médiation. Ils évitent ainsi la violence potentielle de la confrontation narcissique des territoires. Ils s’expriment par l’agir mais ouvrent la voie à une confiance partagée, fondement de la symbolisation.

Adolescence, 2010, T. 28, n°3, pp. 645-653.

Philippe Gutton : la première communion

Dans une première partie je propose de réfléchir à l’expérience religieuse telle qu’elle est racontée par certains adolescents lors de la célébration du « mystère ». Je rappellerai ensuite succinctement l’ordre sociétal établi par la religion. De cette confrontation entre « rite subjectif et objectif » il apparaîtra dans une deuxième partie la nécessité de situer leur rencontre au niveau plus profond qui est celui de l’altérité c’est-à-dire du lien intersubjectal. Le raisonnement suivra les témoignages de deux écrivains sur le mystère en question : celui de F.-R. de Chateaubriand et celui d’A. Gide.

Adolescence, 2010, T. 28, n°3, pp. 625-643.

Abdessalem Yahyaoui : rites en islam à l’adolescence

Après avoir fait état de différents rites de passage dans l’islam et la culture arabo-musulmane, nous tentons une interprétation de l’usage des rites religieux par les adolescents issus de l’immigration. La situation migratoire détourne souvent les rites de leurs fonctions de base pour les adapter aux besoins du contexte migratoire.

Adolescence, 2010, T. 28, n°3, pp. 617-623.

Muriel Gilbert : l’adolescent juif face à la loi transcendante : enjeux anthropologiques et psychanalytiques du rite de la bar-mitsvah

La bar-mitsvah est la cérémonie rituelle qui entoure la majorité religieuse de l’adolescent juif. En quoi consiste-elle concrètement ? Quel sens a-t-elle ? Quelle place a-t-elle dans la vie d’un homme juif ? Et enfin, quels sont ses enjeux à la fois anthropologiques et psychanalytiques qui sont associés à cette cérémonie ? Telles sont les principales questions que nous tenterons d’éclairer en rappelant par ailleurs en quoi consiste – dans ses grandes lignes – le judaïsme. Ce sera l’occasion d’évoquer la place singulière du texte et partant de la Loi transcendante à laquelle les hommes juifs sont soumis dès leur puberté dans ce cadre religieux, ce qui ne saurait être sans répercussions psychiques sur l’identité du jeune adolescent juif.

Adolescence, 2010, T. 28, n°3, pp. 597-616.

Jacques Arènes : la création de rites de subjectivation à l’adolescence

Les rites de subjectivation à l’adolescence prennent aujourd’hui une configuration inédite, dans une culture où l’initiation, notamment religieuse, s’oriente moins vers la transmission de contenu, et vise la création de soi et la quête de sens. L’article se propose d’analyser les rites contemporains religieux, ou spirituels, de subjectivation à l’adolescence qui sont plus ou moins liés à l’espace collectif. Ces rites de subjectivation constituent la figure générale de rites de création  de soi, et « d’autoportance » à cet âge de la vie. Ce type de rite se déploie dans une transitionnalité qui est aussi appel à l’autre.

L’exemple de la trajectoire spirituelle d’Etty Hillesum, jeune femme juive morte en 1943 à Auschwitz, dont le journal a eu une immense diffusion, illustre ce thème des rites de création de soi, notamment à travers l’écriture, dans un contexte de « faiblesse » de l’objet de référence du rite, contexte où l’appel à l’altérité demeure néanmoins opérant.

Adolescence, 2010, T. 28, n°3, pp. 581-596.