Archives de catégorie : Psychothérapie IV – 2009 T. 27 n°1

Bernard Brusset : de la maturation de l’instinct selon pierre mâle au pubertaire selon philippe gutton

De P. Mâle à Ph. Gutton, la spécificité du travail d’adolescence s’est affirmée produisant de grands développements en rapport avec les perspectives contemporaines de la psychanalyse et non sans effet sur celle-ci. Les renouvellements métapsychologies ont été ordonnés à la nécessité de rendre compte de la diversité de la clinique de l’adolescence. Il s’agit toujours d’abord de la confrontation du jeune adolescent au génital pubertaire. La portée traumatique de cette émergence, en rupture initiale avec la période de latence et avec l’organisation génitale infantile narcissique phallique, détermine des modes de défense qui peuvent être de type archaïque en rapport avec des failles primaires de l’organisation psychique. L’impact de la puberté les révèle en les actualisant, et l’adolescence comme travail psychique en détermine le destin. La psychothérapie des adolescents garde de la psychanalyse l’essentiel de la méthode, l’association des idées, mais celle-ci est alimentée par le thérapeute au service de la mise en représentations et de la mise en mots. La disponibilité psychique et la plasticité identificatoire de l’analyste lui permettent de trouver, dans le style qui lui est propre, le ton juste et la bonne distance.

Adolescence, 2009, T. 27, n°1, pp. 217-234.

François Ladame : une psychanalyse d’adolescent

Je rapporte les fragments de la psychanalyse d’un adolescent de dix-sept ans, gravement malade, avec une cassure dans son développement. J’insiste particulièrement sur la nécessité de (re)construire les scénarios fantasmatiques “ blanchis ” par les mises en acte traumatiques et sur le caractère inévitable d’un transfert psychotique.

Adolescence, 2009, T. 27, n°1, pp. 199-216.

Philippe Givre : rêves et activité transformationnelle de l’adolescent. parcours conceptuel de françois ladame

L’approche conceptuelle proposée par F. Ladame met en exergue la notion originale de “ pare-excitations pour le dedans ” dont l’internalisation, lors de la seconde phase de séparation-individuation, constitue l’un des enjeux majeurs de la phase adolescente. Il convient donc de montrer comment s’entremêlent les rôles et fonctionnalités du Préconscient, du travail du rêve, du “ pare-excitations pour le dedans ” afin d’assumer l’activité transformationnelle de l’adolescence et afin de permettre l’achèvement du développement du corps sexué. Toutes ces interrelations et intrications réhabilitent du même coup le rôle du Moi auquel il revient de trouver des compromis capables d’intégrer à la fois le nouveau principe de réalité lié à l’émergence de la génitalité et de tolérer la présence maintenue vivante de fantasmes incestueux et parricides, étant entendu que l’inceste est au cœur de l’adolescence. Il en découle pour F. Ladame, l’idée centrale que la véritable innovation, voire la révolution de l’adolescence, réside en effet dans la possibilité de tolérer l’exclusion de la scène primitive tout en maintenant vivante la représentation de la relation du couple parental.

Adolescence, 2009, T. 27, n°1, pp. 177-198.

Séverine Rézette : l’humour de l’autiste

Entre “ création ” et “ invention ”, toutes deux liées à la nouveauté, à l’inédit, une différence subsiste, celle notamment de la motivation et du (des) motif(s) qui leur fait voir le jour. Le psychotique et l’autiste ont certes accès à l’une et à l’autre, mais pas comme le résultat d’une sublimation réussie. La sublimation, – en tant que “ visée tendancielle ”, recherche d’une “ possibilité heureuse de satisfaction de la tendance ” ou “ satisfaction de la tendance dans le changement de son objet, ceci sans refoulement ” ainsi que le formule J. Lacan dans L’éthique de la psychanalyse –, s’adresse à des pathologies où l’Autre existe comme objet. Dans l’expression “ satisfaction de la tendance ”, c’est toute la théorie des pulsions qui est en jeu. C’est elle qui nous permettra de discuter en quoi certains autistes peuvent se situer dans le domaine de l’invention sans pour cela avoir accès à la sublimation. On ouvrira le débat sur ce qu’il peut en être de la capacité de “ représentation ” chez la personne autiste.

Adolescence, 2009, T. 27, n°1, pp. 167-175.

Fanny Dargent : rouge, narcisse. recours au corps et refus de l’altérité

La psychothérapie d’une adolescente pratiquant des attaques de corps met en lumière les processus archaïques à l’œuvre en termes de résistance par corps à l’investissement d’objet et refus de l’altérité. La situation duelle réactualise une altérité interne mise à mal par l’aliénation adhésive, antipulsionnelle à des objets tyranniques indifférenciés. La vigilance aux éléments perceptibles, sensori-moteurs, comme effet de l’autre ainsi qu’au contre-transfert travaille, à l’aide d’un style psychodramatique, à résintaurer une transionnalité mise en défaut chez cette adolescente narcissique.

Adolescence, 2009, T. 27, n°1, pp. 157-165.

Tatiana Pellion : “ tête en l’air ” ou quelques questions à partir du traitement d’un adolescent migraineux

La question de la migraine comme événement de corps chez un adolescent est abordée à partir de son  articulation avec la pulsion. Les points communs entre la douleur et la pulsion dans leur intrication au corps propre sont ainsi interrogés. Une intervention de l’analyste au cours d’une séance et ses conséquences cliniques pour le sujet dans son rapport à la pulsion “ invocante ” et à son objet voix est mise au travail. La fonction de la voix et de son articulation pulsionnelle comme médiante entre l’autorité parentale primitive et la constitution du surmoi du sujet est développée. On insiste particulièrement sur la fonction d’extraction de l’objet voix du corps propre, faisant appel à la notion de chose chez Freud et au concept d’objet petit a lacanien dans sa dimension d’abord pulsionnelle. Le rapport entre pulsion et objet petit a à l’adolescence est  souligné.

Adolescence, 2009, T. 27, n°1, pp. 143-155.

Jacques Clauvel : le frère tueur

L’inceste psychique à deux niveaux, mère-père, mère-fils, peut constituer un facteur favorisant les violences fraternelles, comme cela apparaît dans la cure d’un garçon en fin d’adolescence que présente l’auteur. Dans les cas de configuration parentale de type incestueux psychique et d’existence d’un frère traumatique, on repère un objet interne complexe, le frère tueur, qui détruit constamment au sein du psychisme. Pour limiter, voire pour supprimer l’action néfaste de cet objet interne, il est utile, pour l’analyste, de pouvoir représenter, en position contre-transférentielle, et le parent, et le frère, en passant sans cesse de l’un à l’autre. L’objet frère tueur est mis hors d’état de nuire en étant délogé de sa fausse place d’objet nucléaire fusionné avec la mère et remis à sa place d’objet orbital. L’interprétation, dans le mythe fondateur, de l’histoire d’Etéocle et de Polynice, les frères ennemis, permet d’approfondir la connaissance des divers aspects de cette réalité psychique.

Adolescence, 2009, T. 27, n°1, pp. 133-142.

Gianluigi Monniello : le jeune adulte et son analyse

La condition de jeune adulte paraît structurellement nécessaire au devenir de l’être humain. Cette période de la vie est distincte et de l’adolescence et de la maturité dite adulte. L’auteur explore les facteurs qui différencient les spécificités de l’intrapsychique, de l’interpersonnel et de l’économie psychique du jeune adulte.

Au cours du traitement, la capacité de gérer la place de l’infantile sans être submergé ni menacé par lui apparaît comme une modalité de fonctionnement psychique suffisamment bonne. L’évaluation de cette capacité constitue une première problématique.

La deuxième problématique consiste à rechercher si est présente ou non une fonction à contenir suffisante pour rendre possible la perlaboration des souffrances primitives non encore élaborées et ouvrir la voie à des introjections décisives.

La troisième concerne l’assimilation des identifications aux modèles identifiants, désormais suffisamment désexualisés (identification d’apprentissage), assimilation qui peut se dérouler “ sans y trop penser ”, et qui permet au fonctionnement du préconscient de se renforcer.

Enfin, quatrième problématique, le rapport avec le corps des parents peut être clairement reconnu, vu la réduction des angoisses incestueuses, et les identifications intracorporelles peuvent ainsi être révélées et élaborées.

Le matériel clinique illustre que ces patients sont plus disposés à l’analyse allongée sur le divan mais moins sensibles à la fonction du holding subjectalisant par rapport aux adolescents.

Adolescence, 2009, T. 27, n°1, pp. 117-132.

Rita Sferrazza : le psychodrame individuel, levier de thérapie et ressource pour l’analyste

Le psychodrame individuel, dans ses différentes configurations, offre un éventail de possibilités thérapeutiques. Cet article rend compte de certaines d’entre elles. L’attention est surtout centrée sur l’intérêt d’un recours ponctuel au psychodrame au décours d’une thérapie d’adolescent. Le bénéfice n’est pas seulement souligné pour le jeune ; il l’est aussi pour le thérapeute, surtout s’il est paralysé dans ses capacités élaboratives. Sont également mis en évidence les facteurs déterminants qui poussent un thérapeute à recourir au psychodrame dit de “ dégagement ”. Enfin, une vignette clinique permet de mesurer l’impact d’un tel dispositif sur la poursuite d’un processus analytique.

Adolescence, 2009, T. 27, n°1, pp. 107-116.

Régine Gossart : quel cadre pour l’acte ?

De plus en plus souvent, nous rencontrons des patients dont le mode de fonctionnement psychique présente des difficultés dans les processus de symbolisation et des zones clivées où se trouvent enkystées des expériences précoces dont les traces sont restées inscrites sous leur forme première, c’est-à-dire essentiellement corporelle. Ces traces font alors retour sous la forme d’agis ou de somatisations. Il existe des cadres thérapeutiques permettant la rencontre, dans un accordage entre patient et thérapeute, et la contenance de ces manifestations agies qui ne sont dès lors plus considérées comme “ passages à l’acte ” mais comme des “ passages par l’acte ” afin d’être reprises dans les processus de transformation psychiques.

Adolescence, 2009, T. 27, n°1, pp. 99-106.