Archives de catégorie : Parano – 2008 T. 26 n°3

Serge Lesourd : les enfants de Schreber : l’acte adolescent au temps de la vacuité de l’autre

En repartant des études sur Schreber, l’auteur dégage cette part particulière du rapport paranoïaque à l’Autre et aux autres, l’autre me veut quelque chose, comme structure des rapports interhumains dans le monde actuel organisé par le libéralisme. Ce rapport paranoïaque au semblable construit une modalité de rapport à l’acte qui propose une réalisation totale de la jouissance qui n’est limitée que par l’impuissance. Du coup, le sujet se trouve inscrit dans un rapport au semblable qui est fait de violence face aux empêchements à jouir qu’impose toute vie en société, et les rapports interhumains virent à la violence contre l’autre persécuteur. Les adolescents témoignent, on ne peut mieux, de ce nouveau mode de lien social.

Adolescence, 2008, T. 26, n°3, pp. 613-626.

Bernard Duez, Richard Durastante : de la paranoïa à l’adolescence. projection ou diffraction : entre forclusion et lien d’incompatibilité

Cet article tente de faire une distinction entre les éléments paranoïdes à l’adolescence et une authentique paranoïa. Il oppose diffraction et projection afin de différencier les éléments paranoïdes de la psychose paranoïaque. Il montre comment les indices corporels de la maturité sexuelle induisent un retour de l’originaire et une interprétation nouvelle des liens originaires. En fonction de cette interprétation par l’environnement, l’adolescent pourra construire de nouvelles délimitations entre intrapsychique, intersubjectivité, intimité et altérité.

Adolescence, 2008, T. 26, n°3, pp. 597-611.

Philippe Gutton : « j’accuse »

La pensée ou le fonctionnement paranoïaque a une certaine spécificité au sein des processus d’adolescence. Elle serait une limite ordinaire ou pathologique imposée à leur créativité, limite inscrite dès le pictogramme pubertaire dont le déroulement ne se fait pas avec l’Autre mais contre l’Autre. La base sur laquelle s’effectue la création adolescente est l’état d’illusion pubertaire au sens winnicottien au sein duquel le « moi infantile » et le « non encore-moi pubertaire » sont en paradoxalité. La paranoia serait l’effet d’une injonction paradoxale venue du sujet et de son environnement attaquant l’état d’illusion fondamental. À partir de cette thèse sont compris les traits de la paranoia adolescente : pensée causaliste, couple déni-projection, accusation du corps génital.

Le dernier chapitre cherche les corollaires possibles de cette thèse pour la cure adolescente afin de contourner l’obstacle paranoïaque : travail dans la mesure du possible de l’ordre de la pensée associative, refus de l’opposition dedans-dehors au bénéfice d’une mutualité à l’intérieur de la séance prise comme observatoire des événements extérieurs régulièrement relatés par l’adolescent, importance du contre-transfert provocateur du transfert positif.

Adolescence, 2008, T. 26, n°3, pp. 571-596.