Archives de catégorie : Masculin-Féminin – 2007 T. 25 n°2

Philippe Gutton : le pubertaire savant

La construction identitaire est mobile et présente ; le qualitatif important d’être sexuelle. Infantile phallique d’abord ; à la puberté des remaniements majeurs s’opèrent du fait des expériences pubertaires. L’auteur décrit cette “ métamorphose ” dans de nombreux travaux ici rappelés et résumés. Il met l’accent aujourd’hui sur l’organisation que constitue l’autre ; quel autre ? L’inconscient de l’autre dans la séduction amoureuse.

Christian Bonnet, Stéphanie Pechikoff : guenièvre en ses blasons

Si l’enfant construit son identité à partir des bouts de discours le concernant qu’il attrape dans l’environnement winnicottien, l’adolescent accèderait à une identité sexuée à travers un processus que nous proposons de nommer “ blason ” : des fragments du corps, érotisés par le jeu des pulsions partielles, se verraient par ce processus affectés à un ensemble constitutif de l’identité sexuée. Le cas d’Akira, qui capture grâce à l’appareil photo de son téléphone portable des bouts du corps de son amie, permet d’interroger cet aspect blasonné de la construction de l’identité sexuée du sujet, voire de l’objet, à l’adolescence.

Daniel Marcelli : garçons/filles. la différence des sexes, une question de physiologie ou de culture ?

La différence entre les sexes est une question politiquement dangereuse ! L’auteur explore, concernant cette différence, ce qu’il appelle les évidentes réalités épidémiologiques qu’il serait vain de nier, l’interprétation de ces données particulièrement délicate car impliquant l’analyse de la demande de soin selon le sexe : homme ou femme, fille ou garçon n’ont pas les mêmes attitudes pour formuler une demande d’aide. Enfin, dans les différences filles/garçons on ne peut passer à côté des enjeux idéologiques. Dans toutes les sociétés le “ masculin ” et le “ féminin ” sont des marqueurs culturels et sociaux dont aucun individu ne peut s’abstraire. Parler de cette différence conduit toujours l’auteur à naviguer dans le roc du biologique au “ réel ” dont l’ininterprétable peut conduire à toutes les fantaisies interprétatives et, de l’autre côté, le poids du culturel où s’amalgament aisément toutes les idéologies possibles ! Navigation périlleuse donc quand on aborde à la fois la question de l’adolescence, période où se conjuguent le biologique de la puberté ainsi que la dimension sociale et celle de la sexualité qui touche au vif de l’intimité individuelle. Ces lignes de tension trouvent une excellente illustration dans les modalités de soins proposées aux adolescents. Celles-ci prennent-elles en compte la question de la différence des sexes ? Rien n’est moins sûr ! Cet article essaie de montrer que si femme ou fille, homme ou garçon peuvent parvenir au même résultat, le plus souvent ils cheminent par des voies différentes. Mais ces différences sont rarement prises en compte aussi bien dans l’indication de tel ou tel type de soin que dans le déroulement particulier de ce soin. Ces remarques rendent compte des difficultés rencontrées par toutes les structures de soin pour la prise en charge thérapeutique des jeunes adolescents, ceux qu’on appelle les collégiens.

 

Ignacio Melo : masculin et féminin dans le processus de sexualisation

La génitalisation est la dernière étape du développement sexuel décrite par Freud. Son avènement à la puberté donne sa forme définitive à la différence des sexes, Simultanément, elle rétroagit sur les phases précédentes pour les transformer. Les limites entre les différentes étapes apparaissent moins dans leur succession chronologique que comme un travail de reformulation après-coup, qui suggère une réévaluation de la théorie, en particulier de l’articulation phallique-génital. Des hypothèses sont formulées à propos de l’originaire et le primitif, du complexe de castration et du négatif dans le pubertaire.

Gérard Bonnet : pour l’amour du sexe

On ne peut pas aimer les autres si l’on ne commence pas par s’aimer soi-même, ce que la psychanalyse traduit d’une autre manière en rappelant que le narcissisme est un préalable indispensable à toute relation. On peut dire la même chose à propos du sexe proprement dit. Le sujet humain ne peut pas aimer le sexe de l’autre, et donc affronter la différence qu’il représente à tous les niveaux de l’existence, s’il ne commence pas par aimer et investir son propre sexe à la fois comme objet génital, pulsionnel et idéal. Cela suppose qu’il soit provoqué et reconnu par l’adulte, et qu’il garde aussi la possibilité de se dégager régulièrement de cette emprise de façon à s’affirmer à partir de son propre désir.

Jacqueline Schaeffer : peur et conquête du féminin à l’adolescence dans les deux sexes

Le surgissement du féminin érotique lors de la puberté est ce qui fait effraction à l’adolescence, pour la fille comme pour le garçon.

L’adolescent, fille ou garçon, doit s’arracher à la séduction et à l’emprise maternelle qui tend à l’indifférenciation, pour s’orienter vers la séduction et l’identification paternelle, dans un nouveau travail d’accès à la différenciation des sexes masculin-féminin, qui peut être nommé “ travail de féminin ”, et qui mène à la rencontre érotique et amoureuse.

La séduction paternelle agit dans un après-coup, qui réorganise la séduction précoce maternelle. Elle possède les deux caractères d’être effractrice, au sens de la rupture, parfois traumatique, mais également nourricière, au sens de la restructuration. Elle est donc initiatique et amorce le changement d’objet. Entre les deux peut se produire une opération difficile d’appropriation du corps et de la sexualité par un passage d’autoséduction pulsionnelle. La fonction de double du thérapeute en permet l’élaboration.