Archives de catégorie : Masculin-Féminin – 2007 T. 25 n°2

Rémy Potier : le “ cas gombrowicz ”. l’idéal de la “ jeunesse ” dans l’indifférence des sexes

Suivre le “ motif ” de la jeunesse dans l’œuvre de W. Gombrowicz, témoigne de la nostalgie spécifique du regard que porte l’adulte sur un temps pour lui révolu. L’idéalisation de l’adolescence prise chez l’auteur permet d’envisager le regard de l’adulte, en mettant à jour le décalage avec lequel il saisit cet événement. Loin de restituer les enjeux de l’archaïque génital dans l’épreuve qu’il constitue pour la sexuation, c’est dans l’indifférence des sexes que l’adolescence est saisie. Masculin et féminin y sont indifférents en tant que c’est une forme pure, la beauté comme éphémère, qui est revendiquée dans la nostalgie de l’adulte observateur de la jeunesse. Il sera alors question de suivre trois dimensions de ce regard comme caractérisant la dimension inconsciente à l’œuvre dans ce “ motif ”, l’idéal adolescent de pureté, la relation adolescente à l’excès et enfin, la question de l’évanescence dans sa relation au temps.

Daniel Marcelli : mon œil : réponse à gérard bonnet

En se regardant les yeux dans les yeux, les êtres humains changent radicalement de mode de communication : par ce regard partagé, ils quêtent l’intention de l’autre et ouvrent par conséquent l’espace de l’imaginaire et du fantasme là où la vision dans le monde animal en reste à la recherche d’indice : tel est l’argument de l’ouvrage Les yeux dans les yeux et le fil rouge de la réponse à G. Bonnet.

 

Gérard Bonnet : l’œil ou le regard ? à propos de quelques écrits récents centrés sur la question du regard

L’auteur analyse plusieurs articles et ouvrages qui ont été consacrés au rôle capital joué par le regard dans les relations humaines depuis quelque temps. Il en dégage les principaux enseignements et regrette le manque de concertation et d’échange qui les caractérise alors qu’il s’agit d’un sujet particulièrement brûlant. Cela tient sans doute au fait que l’on ne tient pas suffisamment compte des apports de J. Lacan concernant la distinction entre l’œil et le regard.

Sophie De Mijolla-Mellor : le séducteur comme passeur

Dans le jeu entre les sexes et les générations, le séducteur est avant tout un “ passeur ” qui va permettre à l’adolescente qui s’embarque avec lui de retrouver à la fois les multiples harmoniques de sa sexualité infantile polymorphe et un rêve incestueux. Ce passage est une retraversée du temps et d’une évolution socialement réglée vers un statut de femme et de mère ; il va en faire à nouveau une petite fille. Passage aussi au sens d’une transgression fantasmatique qui n’est possible que si celle-ci n’a pas eu lieu antérieurement dans la réalité. Car l’inceste n’est pas l’Œdipe mais son écrasement dans un télescopage entre le rêve et le réel.

Houari Maïdi : le beau, le laid, le genre

Narcissique, homoérotique, voire “ féminin ”, l’adolescent est passionnellement attiré par le beau, par la beauté de l’image du corps et tout ce qui entraîne la perception d’une représentation corporelle idéale, c’est-à-dire une image fantasmée, convoité et désirée de soi-même. Toutefois, si l’homoérotisme est inhérent au narcissisme pulsionnel pubertaire, nous faisons l’hypothèse qu’une des formes étiologiques de l’homosexualité, comme genre et comme inclination “ structurée ” de la vie sexuelle, serait liée à l’infantile archaïque et trouverait notamment son essence dans la rencontre esthétique fondamentale de la prime enfance.

Olivier Ouvry : l’énigme du féminin côté femme

À travers des exemples cliniques, est abordée la question du Féminin du côté des femmes. La question de “ qu’est-ce que “ la ” femme ? ”, classique du côté des hommes, s’avère partagée aux membres des deux sexes, notamment par les femmes qui se retrouvent en position sexuelle subjective masculine.

Un parallèle entre les quatre positions définies par le croisement des deux positions sexuelles subjectives et des deux sexes anatomiques, et les quatre discours définis par J. Lacan est tenté en fin d’article pour montrer en quoi rien ne peut se dire de la position de la femme.

Claude Savinaud : le “ roc du féminin ”, point de butée de la sexualité adolescente

L’abus sexuel dans un cadre intrafamilial de certains auteurs adolescents semble démontrer une difficulté à discerner ce qu’il en est du féminin dans l’objet maternel. Notre propos s’attachera à étudier ici spécifiquement ce facteur :

– L’acte correspond à un “ lâchage ” de la protection assurée à l’enfant par l’image maternelle et/ou la surenchère de l’appropriation du corps ou de la psyché de l’adolescent à des fins de jouissance ou d’objet d’angoisse.

– L’acte répond à un trou dans le système des représentations symboliques délimitées par la loi, ce trou concerne le “ roc biologique ” de la castration, dont la différence des sexes est un signal d’appel.

 

Brigitte Haie : la création chez l’adolescente : l’assignation de la sublimation au registre du fantasme

Cet article tente de mettre en évidence la fonction de la sublimation comme création pour parer à l’impossible du rapport sexuel chez l’adolescente. Il s’agit d’une part, de revisiter ce concept à partir de la théorie freudienne puis de l’apport lacanien en ce domaine et, d’autre part, de saisir son articulation au fantasme et ses points de divergence.

Gisèle Chaboudez : le temps logique de l’adolescence

Maintenant qu’il existe en psychanalyse une logique susceptible d’identifier les temps de la formation d’un sujet comme d’une névrose, on vérifie que l’adolescence est un temps logique déterminant. Moment de la prise rétroactive du fantasme, il est aussi celui de la découverte de l’orgasme qui constitue ce que J. Lacan appelle une maturation de l’objet a. Le rapport sexuel découvre sa non-conjonction chez l’homme et chez la femme, dont l’effet est de castration pour les deux partenaires, répétant la castration symbolique issue de l’Œdipe.

Serge Lesourd : le féminin à l’adolescence : constitution d’un lieu

En s’appuyant sur une cure d’adolescente, l’auteur interroge une découverte fondamentale du temps de l’adolescence : celle de la féminité en soi, jusque-là ignorée du sujet, tant pour le garçon que pour la fille. Cette “ féminité en soi ” s’inscrit pour le sujet, hors de ce qui l’a constitué enfant en tant qu’être sexué. La sexualité infantile s’appuie sur le primat du phallus qui borne le rapport aux autres. L’adolescent, sous la poussée pubertaire, en vient à refuser ce primat phallique comme régulateur du rapport au monde, comme limite de la sexualité, comme point d’arrêt de la jouissance. Cet “ au-delà ” de la dimension phallique correspondant à la féminité en soi, qui est un mode de jouissance non entièrement marqué de la limite phallique, un passage obligé par la logique inconsciente pour constituer une relation amoureuse hétérosexuée. La rencontre de LA différence, celle qui résume toutes les différences, n’est pas sans difficulté pour les adolescents. Ce détour par le féminin, errance nécessaire, peut aussi être la cause d’errances sociales et psychiques importantes pour les jeunes.