Archives de catégorie : Homosexualité 2 – 2001 T. 19 n°1

Franklin Rausky : le sujet adolescent divisé : un trouble de personnalité multiple au début du XIXe siècle

Le cas de Julie, jeune fille allemande du début du XIXe siècle : premier récit de style clinique d’un syndrome de personnalité multiple d’un adolescent, avec une personnalité habituelle, trois personnalités alternantes et des phénomènes psychiques comme l’amnésie post-hypnotique, l’État de Hors-Corps (EHC), des prédications mystiques en état de transe et des hallucinations endoscopiques.

Philippe Pierre Tedo : expérience abusive orientée

L’auteur nous expose le parcours d’un adolescent puissamment investi dans une relation homosexuelle passionnée. Au moment où il est persuadé avoir été trompé, il tente de se suicider et se trouve rapidement hospitalisé.

Élaborer autour de ce moment de crise, le conduit, sous le sceau du transfert à questionner notamment le vécu infantile traumatique remanié dans le pubertaire. Le travail l’engage du côté de la quête identificatoire en regard des figures parentales projectives et mortifères. L’expérience sexuelle abusive en prépuberté, dans sa dimension de réalité criminelle, est venue redoubler une expérience abusive précoce, qu’il tente de reconstruire. Face à l’ampleur du travail à accomplir, il choisit de quitter le divan pour se précipiter dans la répétition, dans des conduites aménagées sur un mode pervers qui questionnent l’avenir de ce garçon sur le plan psychopathologique.

Jean Bergeret : “ homosexualité ” ou “ homoérotisme ” à l’adolescence

l’adolescenceLa notion d’“ homoérotisme ” à l’adolescence correspond depuis Ferenczi au passage par une étape intermédiaire, narcissique encore, et visant un objet représenté idéalement de façon spéculaire et attractive. Cette étape assure l’intégration des satisfactions libidinales autoérotiques du passé lointain et de l’ensemble des fixations narcissiques plus tardives (seconde enfance et latence) au sein du courant libidinal, vraiment sexuel maintenant, et vraiment objectal, qui devrait organiser alors, et de façon idéalement complète et définitive, le primat organisationnel de la personnalité adulte.

On peut donc considérer que n’auraient droit à un statut de vraiment “ homosexuels ” que les sujets ayant bénéficié (à un moment plus avancé de leur évolution affective, donc après l’adolescence) de la possibilité d’atteindre un niveau d’élaboration et d’organisation globale de la personnalité toutes deux établies sous le primat du génital mais qui, par suite de crises affectives ultérieures sévères, auraient subi de sérieuses régressions fonctionnelles, les ramenant sur un mode autrefois dépassé de relation narcissique qui visait alors des représentations de semblables en miroir.

L’auteur s’arrête ensuite à trois variétés distinctes d’homoérotisme : de nature fonctionnelle transitoire, engagée dans la pathologie narcissique, enfin s’affirmant sur le versant psychotique.

Marie-Christine Aubray : Sabine

Les mouvements passionnels de transfert sont illustrés par la présentation d’une cure d’une adolescente atteinte d’un spina-bifida.

Haine du corps devenu pubère, crainte de ne pas se sentir aimée, identifications secondaires mises à mal viennent se télescoper dans un transfert passionnel à l’image d’une féminité aspirée par l’homosexualité, entre rejet et idéalisation.

 

Philippe Gutton : Processus homosexuels de puberté

Après avoir étudié la découverte de l’homosexualité de Mishima dans La confession d’un masque, l’auteur rappelle le développement de la sexualité humaine en ses deux temps. Il distingue ensuite à la puberté les homosexualités engagées dans la clinique du breakdown et les homosexualités ordinaires (ou névrotiques) qui retiennent surtout son propos. Il y interroge la théorie de l’éprouvé de la complémentarité des sexes et travaille la notion de contingence de l’objet partiel et total. Le choix génital serait moins affaire d’érotique que d’emprise. La souplesse des transactions pubertaires intrique homo et hétérosexualité de telle sorte que l’auteur se demande si ce qui règle le choix ultérieur n’est pas sa capacité d’intégrer (ou mieux ou plus mal) les investissements sadoso-masochistes. La théorie s’explicite par des exemples cliniques. Elle tient compte de l’évolution actuelle des idées concernant les minorités sexuelles.

André Brousselle : mouvements passionnels et psychoses passionnelles de transfert

L’étude du cas de M.-C. Aubray depuis le vertex de psychoses passionnelles de transfert nous a permis de mettre en relief la négation de l’hétérosexualité par la focalisation incandescente  de l’affect, celle de la partie monstrueuse du corps, l’intrication de l’Œdipe et de l’archaïque. La question “ l’analyse allume-t-elle ou éteint-elle les passions ? ” est reprise chez l’adolescente.

Michel Fize : l’homosexualité chez les “ 11–15 ” ans

Partiellement libérée dans le discours adulte, l’homosexualité continue d’être stigmatisée dans l’univers des jeunes mâles, dans la mesure même où elle renvoie à cette part de féminité insupportable à l’âge de la virilité. C’est dire combien la découverte d’une telle orientation sexuelle chez un adolescent de 11–15 ans demeure une épreuve à surmonter.

Anna Victoi : l’extrême féminité – orphée et le théâtre magique

L’article expose un des objets d’étude de l’auteur : le processus homosexuel du développement psychique.

Un tel processus englobe le double de soi, les homosexualités primaire et préœdipienne ainsi que la construction du fantasme “ la relation féminine avec le père ” à l’adolescence (l’homosexualité œdipienne). Un exemple clinique (l’extrême féminité d’un adolescent de quinze ans) illustre la réflexion sur la construction et la continuité du processus homosexuel.

Florence Goldberg : homosexualité adolescente et violence pubertaire à travers les récits autobiographiques d’Hervé Guibert et Yukio Mishima. visions ruisselantes de la scène pubertaire

Il s’agit dans cet article de mettre en avant ce qu’il en est pour des écrivains comme Yukio Mishima et Hervé Guibert de l’émergence de leur homosexualité durant leur adolescence et le récit qu’ils en font. Il apparaît d’emblée comme une mise en acte fantasmatique de la scène pubertaire, mêlant inceste, abjection et fascination pour l’horreur.

Ce texte interroge la question du devenir de la scène pubertaire et de l’importance des forces pulsionnelles activées par une intensité sensorielle et perceptive que mettent au premier plan à travers leur écriture autobiographique les deux écrivains. Par ailleurs, l’article propose de distinguer ce qu’il en est de la perversion et plus précisément de la question d’une construction perverse.

Ludovic Gadeau : figures de l’affectation du père à l’adolescence : bannir, sacrifier, honnir, hériter

L’auteur interroge le processus par lequel la question du père est remaniée au moment de l’adolescence. Ce processus, appelé affection du père, doit être compris comme concernant le père autant que l’adolescent et entendu dans son articulation au complexe d’Œdipe. La question du père dans sa dimension symbolique est soutenue par deux plans complémentaires : le plan institutionnel et le plan subjectif. L’accent est mis ici sur la question de l’appropriation subjective de l’être-père à l’adolescence. Deux figures paradigmatiques – le sacrifice d’Isaac et Noé et ses fils – s’offrent comme formes exemplaires de l’affectation du père et permettent l’étude des composants de base de cette opération d’appropriation subjective de l’être-père.