Archives de catégorie : Corps et âme – 2005 T. 23 n°2

Dominique Agostini : Mélanie Klein analyste d’adolescents : IV. le cas « Fabien Especel »

 

Après l’étude des cas « Félix », « Ilse » et « Willy » qui illustraient les concepts d’objets internes, de fantasmes inconscients et de phase féminine commune aux deux sexes, l’auteur aborde le cas de « Fabien Especel » (dix-huit ans). Cet adolescent est le héros de Si j’étais vous…, un roman fantastique de Julien Green (1947) dont Klein a, dans « De l’identification » (1955), exploré le monde interne presque « comme s’il s’agissait d’un patient ». Les aspects normaux et pathologiques du concept d’identification projective sont, au travers de « l’analyse » de Fabien Especel, développés et approfondis dans « De l’identification ».

Philippe Gutton : le phare

 

La séance et son continuum dans la vie quotidienne est à réfléchir bien sûr comme une relation tierce ; « deux personnes se regardant » s’y trouvent réunies et compromises sous un même regard autre ; un groupe se constitue, confiance (ou illusion) partagée. Le phare d’abord inconnu (étranger) inspire des échanges de plus en plus familiers : parler remplace être regardé. Les interactions qui définissent le site pourraient grâce à cette construction tierce être dès lors interprétées ou « reconstruites ».

David Le Breton : la part du feu : anthropologie des entames corporelles

 

À l’adolescence le corps devient une surface de projection dont il faut contrôler l’apparence en le parant, le dissimulant, le maltraitant, etc. L’existence est une histoire de peau, une question de frontière entre le dehors et le dedans. L’entame corporelle porte la souffrance à la surface de soi, là où elle devient visible et contrôlable ; elle est un acte de passage bien davantage qu’un passage à l’acte.

Maya Perret-Catipovic : blessures auto-infligées à l’adolescence : un survol de la littérature

 

Par leur fréquence et leur contagiosité, les blessures auto-infligées à l’adolescence s’imposent sur le devant de la scène, aussi bien dans une réflexion psychopathologique que sociale. Pour certains, sa fréquence même rendrait le phénomène banal et sa fonction serait essentiellement adaptative. Pour d’autres, les blessures auto-infligées sont une forme de suicidalité qui ne dit pas son nom. Entre ces deux extrêmes une multitude de significations possibles et de réponses thérapeutiques. En parcourant la littérature scientifique concernant la compréhension psychopathologique des blessures auto-infligées à l’adolescence, cet article soulève des questions et brise quelques certitudes.

Isabelle Charpine Piscaglia, Lionel Domon, Michal Fischer : [titre manquant]

 

Cet article présente le cas de Marie, une adolescente hospitalisée à l’Unité de Crise pour Adolescents à Genève, pour laquelle il fut décidé d’introduire un traitement par des packs. Cette technique s’inscrit dans une approche thérapeutique à médiation corporelle. Initialement prévue pour des patients présentant des troubles psychotiques, elle fut progressivement élargie à des situations d’altération de l’image corporelle associées à différents types de pathologies.

Pour Marie, l’indication au traitement fut posée sur l’hypothèse d’une fragilité narcissique de base, liée à un défaut primaire de maternage et de pare-excitations.

Chantal Giddey, Sandra Lopez : se prendre au jeu, se prendre au corps

Nous mettons en travail quelques réflexions autour du corps des co-thérapeutes dans un psychodrame psychanalytique individuel pour adolescents. Nous tentons de montrer comment l’éprouvé corporel du co-thérapeute donne naissance à des représentations psychiques qui peuvent être au service du jeu psychodramatique. Nous nous interrogeons également sur les difficultés d’un processus de soins qui implique l’engagement du corps tout entier. Nous discutons enfin des indications thérapeutiques à une telle prise en charge et les pièges de la séduction face à des adolescents souvent exposés au risque de débordement de leur pulsionnalité.

Isabelle Charpine Piscaglia, Loraine Biéler : du corps à la psyché : thérapie groupale corporelle avec des adolescents hospitalisés

Le corps participe intimement à la vie psychique, particulièrement à l’adolescence. Les repères corporels sont bouleversés et le psychisme travaille à la reformulation de ses représentations d’un corps devenu pubère.

Dans notre pratique clinique hospitalière, nous proposons un travail groupal à médiation corporelle (ou de psychomotricité) qui s’inscrit autour du ressenti corporel incluant les dimensions des sensations, des émotions et du fantasme. Le dispositif que nous proposons permet une approche thérapeutique visant à identifier et mettre en mots des sensations puis à élaborer les perceptions qui y sont associées, tout en maintenant un cadre dont nous supposons que la structure prévient les risques d’effondrement narcissique liés à la levée de certains clivages.

Irène Nigolian : adolescence et psychosomatique

Le thème de l’adolescence est abordé à la lumière de la théorie psychosomatique classique, avec des points de rapprochement théorico-cliniques. Les névroses de comportement à cet âge servent à protéger le soma, mais paradoxalement mettent la vie du sujet en danger, en symétrie avec les maladies progressives chez l’adulte. Par ailleurs, le déficit du travail d’adolescence est potentiellement générateur de maladies psychosomatiques graves, immédiates ou différées.

La dépression de l’adolescent est le dénominateur commun de la plupart de ces situations cliniques, comportant un potentiel de désinvestissement objectal et d’apparition de tableaux correspondant à la dépression essentielle de P. Marty. Cet article questionne le rôle de l’adolescence dans l’avenir psychosomatique du sujet.

Elsa Schmid-Kitsikis : corps et psyché : théorisation

À la lumière de la clinique dite des états limites, l’auteur interroge un certain nombre de notions qui s’inscrivent dans la relation du corps et de la psyché, telles que perception, sensorialité, sensualité, représentation, émotion, affect et autoérotisme.

Une importance particulière est donnée à la place qu’occupe la sensualité infantile en lien avec l’instauration de l’autoérotisme, dans la mesure où la sensualité est le plus souvent confondue avec la sensorialité. Ces notions représentent encore aujourd’hui une grande part des difficultés que rencontre la recherche psychanalytique. Elles entretiennent un rapport étroit avec la mouvance pulsionnelle, mais l’opposition souvent affirmée entre le sensorio-perceptif et l’intellectuel ne se justifie plus de nos jours.

M. Eglé Laufer : le corps comme objet interne

En sous-estimant l’importance de la relation affective de la mère au corps de l’infans pour la suite du développement, les théories psychanalytiques oublient le rôle majeur du corps comme « dimension vitale de la réalité humaine ». L’auteur établit une distinction entre l’image du corps comme structure fondée sur des expériences sensorielles et le corps comme objet interne, qui inclut le corps érotique et qui a pour fonction d’assurer une base solide au développement du moi et son rapport à la réalité. Les parties du corps liées à des expériences de douleur, à la déprivation ou à l’absence de contact ne peuvent être introjectées et demeurent clivées du corps objet interne, occasionnant des troubles du développement qui peuvent aller jusqu’à des perturbations graves du lien à la réalité.